Editeur, elle a rendu des services indéniables; critique, si ses vues manquèrent de clairvoyance, elles ne furent pourtant ni si arriérées ni si insoutenables qu'on l'a prétendu bien souvent. Lorsque un coup d'état a réussi, où que ce soit, on ne manque pas de trouver des raisons pour prouver qu'il était nécessaire et montrer qu'il devait aboutir. Est-il donc si oiseux de se demander ce qu'il fut advenu si Melle de Gournay avait triomphé à l'encontre de Malherbe? Ses prétentions étaientelles exhorbitantes? Toute sa doctrine peut se résumer en ces deux formules, très heureusement dégagées par M. Ch.-L. Livet faire avancer la langue sans qu'elle doive ou puisse reculer; conserver l'usage de la langue entière; c'est-àdire, d'une part, ne laisser perdre aucun mot, et << louer et avouer aux occasions les mots qu'ils appellent vieux»; de l'autre, donner accueil à tous les termes nécessaires : « c'est l'impropre innovation certes qu'il faut blamer et non l'innovation aux choses qui, n'étant pas achevées, aspirent toujours au comble de leur perfection avec impatience; et on doit porter l'audace du parler inventif, industrieux, vigoureux et délicieux, aussi loin que se peut étendre le besoin et la faculté d'amendement en la langue. > Sont-ce donc là des visées absurdes et ridicules? Il est vrai que Melle de Gournay écrivain fut un fort mauvais argument pour sa thèse. D'accord. Mais ce n'est pas un motif suffisant pour qu'on ne puisse dégager de cette thèse ce qu'elle contient de juste et de sensé et pour qu'on ne sache nul gré à celle qui sentait si nettement des besoins qu'elle exprima parfois si mal, lorsqu'elle prit la plume pour son propre compte 1. 1. Sur l'œuvre si touffue et sur la vie si complexe de Melle de Gournay on peut consulter encore l'étude de Léon Feugère (1853, in-8, et aussi dans Les femmes poètes au XVIe siècle, 1860, in-8) et celle de M. Ch.-L. Livet, dans Précieux et Précieuses (1870, 2e édition, in-12). TABLE DES MATIÈRES - LIVRE IV MONTAIGNE (1581-1585). CHAPITRE Ier MONTAIGNE EN VOYAGE - Montaigne vient à la cour après la publication de son CHAPITRE II. MONTAIGNE MAIRE DE BORDEAUX. Situation des partis à Bordeaux et en Guyenne au 1 la désignation de ses concitoyens. Caractère de la mairie de Bordeaux. Les temps sont calmes : le nouveau maire n'a qu'à faire des offices de courtoisie et à s'occuper d'administration locale. Il assiste à l'installation des Commissaires de Guyenne et noue des relations avec de Thou et avec Loisel. Il va en cour. Différend avec le gouverneur du Château- Trompette. A l'expiration de son mandat, Montaigne est élu maire une seconde fois et maintenu en fonctions malgré les protestations. Remontrances de la mu- nicipalité bordelaise au roi au sujet des impôts. Montaigne approuve le plan d'études du collège de Guyenne. Remontrances à Henri de Navarre. Correspondance de Montaigne avec Du Plessis- Mornay. Réédification de la tour de Cordouan. Henri de Navarre visite Montaigne chez lui. — La situation s'aggrave: ses dangers. - Correspondance de Montaigne avec le maréchal de Matignon. lés d'Henri de Navarre et de la reine Marguerite. Celle-ci se retire à Agen. - La Ligue essaie de conquérir Bordeaux. Matignon se saisit de Vaillac, gouverneur du Château-Trompette et principal soutien de la Ligue. Bordeaux est maintenu, par ce coup de force, dans l'obéissance du roi. Matignon et Mon- taigne agissent de concert pour sauvegarder la ville. Leur correspondance à ce propos. - Montaigne négo- cie un rapprochement entre le maréchal et le roi de Navarre. La peste éclate à Bordeaux. Les derniers La peste continue ses ravages et chasse Montaigne de chez lui. - réfléchir et compose le troisième livre des Essais. Caractères de ce troisième livre. Liaison de Mon- taigne et de Charron. Montaigne vient à Paris faire imprimer son œuvre. Paris et la Ligue Montaigne à la Bastille. Melle de Gournay, fille d'alliance de Montaigne. Montaigne aux Etats de Blois : ses con- versations avec De Thou et avec Pasquier. de Montaigne en Guyenne. Les lettres qu'il écrit à Henri IV qui conquiert son royaume. Les dernières CHAPITRE II. LA PUBLICATION POSTHUME DES << ESSAIS ». Après la mort de son mari, Mme de Montaigne se consacre à la renommée du philosophe. Caractère de Fran- - PIERRE CHARRON (1541-1603). CHAPITRE Ier CHARRON PRÉDICATEUR ET POLÉMISTE. Sa Incertitudes de la vie et du caractère de Charron. Charron avocat. Il - abandonne le barreau pour l'état ecclésiastique. - Charron à Bordeaux. Ses Ses démarches |