des branches; elle se tient sur la tige, et de-là les regarde passer; la trace que la Marte laisse sur la neige paroît être celle d'une grande bête, parce qu'elle ne va qu'en sautant et qu'elle marque toujours des deux pieds à la fois; elle est un peu plus grosse que la fouine, et cependant elle a la tête plus courte; elle a les jambes plus longues, et court par conséquent plus aisément : elle a la gorge jaune, au lieu que la fouine l'a blanche; son poil est aussi bien plus fin, bien plus fourni et moins sujet à tomber; elle ne prépare pas, comme la fouine, un lit à ses petits; néanmoins elle les loge encore plus commodément. Les écureuils font, comme l'on sait, des nids au-dessus des arbres , avec autant d'art que les oiseaux : lorsque la Marte est prête à mettre bas, elle grimpe au nid de l'écureuil, l'en chasse, en élargit l'ouverture, s'en empare et y fait ses petits; elle se sert aussi des anciens nids de ducs et de buses, et des trous des vieux arbres, dont elle déniche les pics - de - bois et les autres oiseaux; elle met bas au printemps; la portée n'est que de deux ou trois: les petits naissent les yeux fermés, et cependant grandissent en peu de temps; elle leur apporte bientôt des oiseaux, des œufs, et les mène ensuite à la chasse avec elle. Les oiseaux connoissent si bien leurs ennemis, qu'ils font pour la Marte comme pour le renard, le même petit cri d'avertissement; et une preuve que c'est la haine qui les anime, plutôt que la crainte, c'est qu'ils les suivent assez loin, et qu'ils font ce cri contre tous les animaux voraces et carnassiers, tels que le loup, le renard, la Marte, le chat sauvage, la belette, et jamais contre le cerf, le chevreuil, le lièvre. Les martes sont aussi communes dans le nord de l'Amérique que dans le nord de l'Europe et de l'Asie; on en apporte beaucoup du Canada; il y en a dans toute l'étendue des terres septentrionales de l'Amérique, jusqu'à la baie de Hudson, et en Asie jusqu'au nord du royaume de Tunquin, et de l'empire de la Chine. Il ne faut pas la confondre avec la marte zibeline, qui est un autre animal, dont la fourrure est bien plus précieuse. La zibeline est noire; la Marte n'est que brune et jaune; la partie de la peau, qui est la plus estimée dans la Marte est celle qui est la plus brune, et qui s'étend tout le long du dos jusqu'au bout de la queue. LE Putois ressemble beaucoup à la fouine par le tem pérament, par le naturel, par les habitudes ou les mœurs, et aussi par la forme du corps. Comme elle il s'approche des habitations, monte sur les toits, s'établit dans les greniers à foin, dans les granges et dans les lieux peu fréquentés, d'où il ne sort que la nuit pour chercher sa proie. Il se glisse dans les basse-cours, monte aux volières, aux colombiers, où sans faire autant de bruit que la fouine, il fait plus de dégât; il coupe ou écrase la tête à toutes les volailles, et ensuite il les transporte une à une et en fait magasin; si, comme il arrive souvent, il ne peut les emporter entières, parce que le trou par où il est entré se trouve trop étroit, il leur mange la cervelle et emporte les têtes. Il est aussi fort avide de miel; il attaque les ruches en hiver, et force les abeilles à les abandonner. Il ne s'éloigne guère des lieux habités; il entre en amour au printemps; les mâles se battent sur les toits et se disputent la femelle; ensuite ils l'abandonnent et vont passer l'été à la campagne ou dans les bois; la femelle au contraire reste dans son grenier jusqu'à ce qu'elle ait mis bas, et n'emmène ses petits que vers le milieu ou la fin de l'été; elle en fait trois ou quatre et quelquefois cinq, ne les allaite pas longtemps, et les accoutume de bonne heure à sucer du sang et des œufs. A la ville ils vivent de proie, et de chasse à la campagne; ils s'établissent pour passer l'été dans des ter (1) Lat. Putorius; it. Puzolo; all. Iltis. , 2 riers de lapins, dans des fentes de rochers, dans des troncs d'arbres creux, d'où ils ne sortent guère que la nuit pour se répandre dans les champs, dans les bois; ils cherchent les nids des perdrix, des alouettes et des cailles; ils grimpent sur les arbres pour prendre ceux des autres oiseaux: ils épient les rats, les taupes, les mulots, et font une guerre continuelle aux lapins, qui ne peuvent leur échapper, parce qu'ils entrent aisément dans leurs trous; une seule famille de putois suffit pour détruire une garenne. Ce seroit le moyen le plus simple pour diminuer le nombre des lapins dans les endroits où ils deviennent trop abondans. Le Putois est un peu plus petit que la fouine; il a la queue plus courte, le museau plus pointu, le poil plus épais et plus noir; il a du blanc sur le front aussi bien qu'aux côtés du nez et autour de la gueule. Il en diffère encore par la voix; la fouine a le cri aigu et assez éclatant; le Putois a le cri plus obscur; ils ont tous deux, aussi bien que la marte et l'écureuil, un grognement d'un ton grave et colère, qu'ils répètent souvent lorsqu'on les irrite; enfin le Putois ne ressemble point à la fouine par l'odeur, qui loin d'être agréable est au contraire si fétide, qu'on l'a d'abord distingué et dénommé par - là. C'est sur-tout lorsqu'il est échauffé, irrité, qu'il exhale et répand au loin une odeur insupportable. Les chiens ne veulent point manger de sa chair, et sa peau même, quoique bonne, est à vil prix, parce qu'elle ne perd jamais entièrement son odeur naturelle. Cette odeur vient de deux follécules ou vésicules que ces animaux ont auprès de l'anus, et qui filtrent et contiennent une matière onctueuse dont l'odeur est très-désagréable dans le Putois, le furet, la belette, le blaireau, et qui n'est au contraire qu'une espèce de parfum dans la civette, la fouine et la marte. Les mouflettes ou puans d'Amérique et le putois d'Europe, paroissent être du même genre. En général, lorsqu'un genre est commun aux deux continens, les espèces qui le composent sont plus nombreuses dans l'ancien que dans le nouveau. Ici c'est tout le contraire; on y trouve quatre ou cinq espèces de putois, tandis que nous n'en avons qu'un, dont la nature paroit même inférieure ou moins exaltée que celle de tons les autres; en sorte qu'à son tour le nouveau monde paroît avoir des représentans dans l'ancien; et si l'on ne jugeoit que par le fait, on croiroit que ces animaux ont fait la route contraire, et ont autrefois passé d'Amérique en Europe. Le Putois paroît être un animal des pays tempérés; on n'en trouve que peu ou point dans les pays da nord. Il est sûr que ces animaux craignent le froid, puisqu'ils se retirent dans les maisons pour y passer l'hiver, et qu'on ne voit jamais de leurs traces sur la neige, dans les bois et dans les champs éloignés des maisons; et peut-être aussi craignent-ils la trop grande chaleur, puisqu'on n'en trouve point dans les pays méridionaux. i DU |