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Forces de la démocratie.

générale indiquée pour le lendemain matin chez Dufour, au faubourg Poissonnière.

Tandis que l'agitation, toujours croissante, faisait présager généralement un choc prochain, le directoire secret mesurait dans le silence les forces qu'il avait ralliées, combinait les mouvemens à leur imprimer, et mûrissait les plans par lesquels il se proposait d'atteindre le grand but de la révolution, c'est-à-dire, l'égale répartition des biens et des peines.

En portant les regards autour de lui, il se voyait à la tête d'une armée composée d'un grand nombre d'amis ardens de la révolution, ralliés par ses soins à un but commun, et impatiens de se mesurer avec la tyrannie; des membres des autorités en exercice avant le 9 thermidor; des canonniers de Paris, célèbres par leur esprit démocratique; des officiers destitués; des patriotes des départemens, qu'il avait appelés à Paris ou qui y étaient venus pour se soustraire à la persécution; des militaires détenus pour cause de civisme ou d'insubordination; des grenadiers du corps législatif; de presque toute la légion de police, et du corps entier des Invalides 1.

Mécontente- Il apercevait en outre une grande inquiétude mente dupa parmi les soldats campés autour de Paris, et en

ple.

peu

I On peut, sans exagérer, porter à dix-sept mille les hommes prêts à prendre l'initiative de l'insurrection, qui se trouvaient alors Légion de Police

tendait les murmures des hommes laborieux dont l'indignation éclatait sans ménagement dans les réunions secrètes et dans les immenses rassemblemens qui se formaient journellement sous la voûte des cieux.

On était d'ailleurs convaincu que le zèle des prolétaires, seuls vrais appuis de l'égalité, redoublerait, lorsqu'ils verraient exécuter, dès le commencement de l'insurrection, les dispositions tant de fois ajournées, par lesquelles leur sort allait être adouci ; et le directoire secret était d'autant plus assuré des forces de son parti, que ses agens, en lui peignant la véhémence du peuple,

lui demandaient hardiment le signal du combat.

A côté du tableau de ses forces, il avait devant Force de la ty

les yeux celui des forces que la tyrannie pouvait

lui opposer : il savait que des corps armés pour

à Paris, sans compter la classe très-nombreuse des ouvriers dont le mécontentement et l'impatience éclataient de toute part. Voici l'état qui servit de base aux déterminations du directoire secret :

rannie.

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6,000

Invalides.

1,000

17,000

pcuple.

raient, quoique faibles, entraver la marche du peuple; que les royalistes prendraient probablement la défense du gouvernement qu'ils haïssaient, pour ne pas subir la loi de l'égalité qui leur était encore plus odieuse; que la pluralité des riches qui commandaient exclusivement la garde nationale, verraient avec peine le triomphe de la démocratie; que les principaux avaient des armes, et que le gouvernement pourrait en fournir aux autres.

Ressources du De leur côté, les conjurés avaient à leur disposition les armes et les munitions dont les grenadiers du corps législatif et les légionnaires étaient pourvus, et comptaient s'emparer de celles qui étaient déposées chez les armuriers, aux chefslieux des sections, aux Tuileries, aux Feuillans et aux Invalides, à l'aide des citoyens les plus audacieux et de la connivence de ceux qui étaient préposés à la garde des magasins. Ils comptaient en outre sur l'artillerie du camp de Vincennes, qui leur était dévouée, et espéraient que les troupes se joindraient au peuple, que l'éclat subit d'une immense population frapperait d'effroi les partisans de la tyrannie, et que le peuple trouverait un puissant auxiliaire dans la lâcheté si naturelle aux favoris de la fortune, sur lesquels le gouvernement fondait ses principales espérances. Le directeur Est-ce pour se soustraire à la juste haine du

services aux con

peuple, est-ce pour seconder les conjurés ou Barras offre ses pour les connaitre et les perdre, que le direc-jurés. teur Barras eut, le 30 germinal, avec Germain à ce autorisé par le directoire secret, une longue conférence, dans laquelle il le sonda sur les causes de l'effervescence qui se manifestait dans le peuple; et que, le 20 floréal au soir, il fit offrir aux principaux conjurés par l'organe de Rossignol et de Louel, ou de se mettre avec son état-major à la tête de l'insurrection, ou de se constituer en ôtage au faubourg Antoine? Ceux qui voudraient donner à ces faits une interprétation honorable pour le directeur Barras, auraient aussi à expliquer pourquoi il ne fit pas prévenir de la dénonciation qui avait été faite contre eux au directoire exécutif, le 15 floréal, ceux à qui il paraissait témoigner le 20, tant d'intérêt et de confiance 1.

Un fait postérieur à notre conspiration paraît éclaircir ce mystère. Après la dissolution violente du directoire secret et l'emprisonnement de plusieurs de ses membres, d'autres démocrates entreprirent de briser leurs fers et de continuer leur ouvrage. Deux amis du directeur Barras s'introduisirent auprès d'eux et leur persuadèrent que celui-ci partageait leurs vœux et désirait seconder efficacement leurs efforts. Ce fut par leurs conseils qu'on forma le projet de faire fraterniser les démocrates et les militaires du camp de Grenelle, avec lesquels ils se seraient portés ensuite sur le directoire exécutif pour opérer les changemens désirés. Les promesses faites, au nom de Barras, par ses amis, une somme d'environ 24,000 francs par eux distribuée, et les protestations de quelques officiers du camp, déterminèrent en effet les démocrates à s'y pré

L

Ordre du mou.

Après s'être rendu compte des forces de la démocratie à Paris, après avoir recueilli les vues des patriotes les plus éclairés, et après avoir entendu le comité militaire, le directoire secret crut devoir tracer un mode d'insurrection, afin que tous les efforts tendissent uniformément vers le même but, et afin que l'entreprise n'échouất pas faute de prudence. L'exactitude de l'histoire exige que l'on consigne ici les points auxquels le directoire secret avait donné son assentiment, sauf les changemens que les circonstances eussent pu rendre nécessaires.

On avait reconnu depuis long-temps l'avantage Vioment insurre qu'il y aurait à ouvrir l'insurrection par l'annonce publique d'un directoire insurrectionnel auquel tout devait se rallier, et dont chacun devait suivre l'impulsion.

Cette annonce devait se faire par la promulgation de l'acte insurrecteur, arrêté de concert avec le comité montagnard 1.

Dans cet acte, ainsi que dans ceux qui auraient paru pendant et après l'insurrection, le directoire secret prenait le titre de comité insurrecteur de salut public, pour se rapprocher des formes sous

senter en foule sans armes, aux cris de Vive la République! et en chantant des hymnes patriotiques; au lieu de la fraternité qu'on leur avait promise, ils y trouvèrent la mort. Qui tendit ces piéges? qui voulut détruire d'un seul coup le parti démocratique? Voyez Pièces justificatives, no 22.

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