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nombre infini d'aimants infiniment petits, a, comme chacun de ces derniers, un pôle positif et un pôle négatif. La polarité est une conséquence forcée de la rotation; du moment qu'un corps tourne autour d'un axe de révolution, il a forcément deux pôles; quelque chose distingue ces deux pôles; quoique symétriquement placés, ils ne sont pas identiques; on conçoit aussi que le sens du mouvement ne soit pas chose absolument indifférente. Ce n'est point apparemment par l'effet du hasard que la terre tourne d'occident en orient, et non pas d'orient en occident. Mais le mouvement de la moindre molécule est assujetti aux mêmes lois générales que le mouvement des corps célestes.

Imaginons un moment que, dans chaque aimant, toutes les molécules soient orientées dans le même sens et toutes animées d'un certain mouvement de rotation autour de l'axe d'orientation. Ne voit-on pas tout de suite que les deux bouts de l'aimant ne seront pas dans des conditions absolument identiques; cela suffit, je ne dirai pas pour expliquer, mais pour justifier le phénomène merveilleux de la polarité. Pourquoi la terre est-elle un aimant? parce qu'elle tourne.

Les phénomènes électriques, comme les phénomènes magnétiques, supposent dans les molécules une mobilité particulière; seulement, dans les conducteurs électriques, le passage du courant produit des effets transitoires, une sorte d'équilibre mobile qui ne survit pas à l'action de la force électro-motrice; dans les aimants, cet équilibre, provoqué par l'action inductive ou de la terre, ou d'autres aimants, ou de courants électriques, devient per

manent; la structure est changée profondément les molécules s'orientent et leurs rotations se règlent d'une manière définitive. On appelle communément force coercitive, la force qui retient dans un exact parallélisme les axes d'orientation moléculaires de l'acier aimanté ; cette force fait défaut au fer doux; tant que celui-ci se trouve sous l'influence inductive d'un aimant ou d'un courant, ses molécules mobiles s'orientent; mais que cette influence cesse, elles retombent dans le désordre. Chacune des deux extrémités d'un barreau de fer doux peut à volonté être convertie en un pôle nord ou en un pôle sud, ce qui prouve que les révolutions des atomes peuvent s'y faire avec une égale facilité dans des sens opposés; mais si l'on tient le barreau de fer doux dans le méridien magnétique, et si, dans cette position, on ébranle fréquemment son équilibre moléculaire, les particules se grouperont de telle sorte que leurs révolutions ne pourront plus se faire indifféremment en tous sens. Les liaisons nouvelles qui s'établiront, les gênes qui en résulteront, sont précisément ce que l'on nomme la force coercitive. Ces modifications profondes dans l'équilibre atomique que l'aimant terrestre produit avec une grande lenteur, on peut les obtenir bien plus rapidement quand on soumet le barreau de fer doux à l'action inductive d'un courant énergique ou à celle des aimants ordinaires.

Pour bien comprendre les mystères du magnétisme et de l'induction, il faudrait connaître mieux qu'on ne fait encore les propriétés du mouvement rotatoire. L'analyse mathématique ne les a guère étudiés que d'une manière trop abstraite; on sait que dans un corps

qui tourne sur lui-même, l'axe de rotation tend à rester immobile ou parallèle à lui-même si le corps est animé d'un mouvement de translation : le gyroscope de M. Foucault, les expériences faites sur les balles coniques, ont rendu ce phénomène assez familier. Mais on rencontre de grandes difficultés quand on veut analyser des mouvements un peu plus complexes, quand on suppose, par exemple, que l'axe de rotation soit soumis luimême à des mouvements plus ou moins complexes, et rencontre des résistances particulières. Chaque molécule dans un aimant est comparable à un corps céleste dont l'attraction universelle complique le mouvement de perturbations périodiques; mais outre les perturbations qui résultent de l'effet d'une force directrice qui s'exerce à distance, elle subit encore celles qui proviennent des résistances opposées par les molécules immédiatement voisines. On imagine à peine la complication du mouvement invisible qui résulte de tant d'actions, ou lointaines ou rapprochées.

Le magnétisme, étant essentiellement une force inductive, agit à travers le vide le plus parfait, comme force directrice. M. Gassiot a fait à cet égard des expériences concluantes; le fluide éthéré joue donc un rôle évident daus la transmission du mouvement magnétique; le soleil et toutes les planètes sont de grands aimants qui, à travers les espaces, agissent avec plus ou moins d'énergie les uns sur les autres, seulement ils n'opèrent qu'inductivement, c'est-à-dire que les variations seules de la force magnétique dont chacun de ces corps est le foyer peuvent être ressenties dans les autres.

Affinité.

L'affinité nous mène enfin dans le domaine de la matière purement pondérable : le premier instrument de la chimie est la balance. Si l'éther peut exercer sur les molécules ordinaires quelque autre action qu'une action impulsive, nous l'ignorons absolument; tous les mouvements que le fluide invisible transmet aux corps s'y traduisent en propriétés physiques, chaleur, lumière, électricité; on peut à peine dire que ces qualités appartiennent aux corps en propre, elles les possèdent en quelque sorte d'emprunt, et n'en sont que le véhicule et les conducteurs; l'atome, suivant sa forme, son poids, sa liberté d'action, se prête plus ou moins docilement aux ondulations éthérées qui viennent incessamment troubler son équilibre, comme la bouée qui, sur la mer, monte, descend et flotte sans jamais se lasser. Il y a des corps plus ou moins lumineux, plus ou moins électriques, mais tous les corps peuvent devenir lumineux et électriques. Le magnétisme se révèle principalement dans l'acier, mais Faraday l'a retrouvé dans le nickel, le cobalt, le platine, le bismuth, le charbon et jusque dans les gaz. Les flammes s'écrasent et s'orientent entre les deux pôles d'un aimant. On ne pourrait entreprendre une classification des corps en les divisant en chauds ou froids, en lumineux ou obscurs; et cependant le mouvement de la chaleur et de la lumière se lie de la manière la plus intime à ce qu'il y a de plus profond, de plus important, de plus fondamental dans leur

constitution. Dans les investigations de la physique, on est sans cesse ramené aux atomes, mais, il faut bien le remarquer, on ne s'occupe que de leur mode de groupement, sans se demander si dans tous les corps ces atomes sont les mêmes, s'il n'y en a qu'une espèce ou s'il y en a plusieurs espèces; si la forme, le poids, la grandeur, peuvent servir à les caractériser : la physique cherche l'atome, la chimie les atomes.

La physique, pour être tout à fait vrai, ne s'occupe même pas de l'atome; elle considère seulement les particules dont elle imagine que se composent les corps matériels, sans d'ailleurs se préoccuper de leur composition, sans se demander si ce sont des édifices compactes et incompressibles, ou des édifices complexes tenus en équilibre par quelque force inconnue. Qu'il y ait dans les corps de semblables particules, cela n'est point douteux; un corps n'est point chose absolument homogène et impénétrable, c'est un composé, un agrégat, un quinconce moléculaire. La chimie fait un pas de plus dans l'étude de la matérialité; elle subdivise la particule. corporelle en parties élémentaires, qu'elle nomme molécules ou atomes. Ces atomes, nul œil ne peut les voir, nul instrument les saisir, la raison seule les devine. Une fois démontré que l'eau se forme toujours par la combinaison d'une certaine proportion d'oxygène et d'une certaine proportion d'hydrogène, cette proportion doit se retrouver dans un poids d'eau quelconque, si petit d'ailleurs qu'on le suppose. En introduisant dans la science la notion des atomes, la chimie a l'avantage de se débarrasser des quantités concrètes; elle ne s'occupe

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