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EXERCICES

290. Exercices complémentaires. Dans les phrases suivantes, réta blissez ï'ordre grammatical dérangé par les inversions qui y sont contenues.

Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe. Un roitelet pour vous est un pesant fardeau. Un renard gascon vit au haut d'une treille des raisins mûrs. Cheminaient côte à côte deux mulets fortement chargés. En ne lisant jamais on n'apprend rien. Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé. Un avorton de mouche en cent lieux le harcèle. Son indiscrétion de sa perte fut cause. Le collier dont je suis attaché de ce que vous voyez est peut-être la cause. Maître corbeau tenait en son bec un fromage. Ce qui ne plaît qu'aux yeux en un instant s'oublie. Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne. (BOSSUET.) - A la fierté, au courage, à la force, le lion joint la noblesse, la clémence, la magnanimité. (BUFFON.).

291. Dans les phrases suivantes, rétablissez les inversions en changeant l'ordre grammatical.

On

Le petit poisson dit au pêcheur: « Je serai repêché par vous ». Le pêcheur répondit : « On vous fera frire dès ce soir ». - On se couche comme on fait son lit. - L'abbaye ne chôme pas faute d'un moine. perd sa lessive à laver la tête d'un nègre. Nul n'est tenu à l'impossible. Prends les moyens qui conduisent au but si tu veux la fin.

292. Dans les phrases suivantes, rétablissez les mots supprimés par ellipse. Qui parle sème, qui écoute moissonne. On a toujours raison, le destin toujours tort. Que vouliez-vous qu'il fit contre trois? Qu'il mourût. Turenne mourut comme un héros. La vertu vaut mieux que la beauté. Ainsi dit le renard et flatteurs d'applaudir. Il trottait comme un jeune Pat. Aimons nos amis comme nous-mêmes. L'homme audacieux peut tout, l'homme timide, rien.

293. Écrivez les phrases suivantes en supprimant elliptiquement certaines parties de la proposition, afin de donner à la phrase plus de rapidité et de conci

sion.

Je n'ai point de talents, j'ai encore moins de figure. On voit les défauts d'autrui d'un autre œil qu'on ne voit les siens. Il est bon de parler, il est meilleur de se taire. A bon vin il n'est point besoin d'enseigne. La rose n'est pas plus fraîche que vous n'êtes fraîche. Celui qui ne dit mot consent. Tout ce qui est nouveau paraît beau. - On peut tondre les brebis, mais il ne faut pas les écorcher.

294. Montrez que les maximes suivantes sont exprimées en phrases elliptiques et rétablissez les mots qui ont été supprimés par ellipse.

L'oisiveté, comme la rouille, détruit plus que le travail. Clef qui sert est toujours claire. A renard qui dort, point de poulets; à chat ganté, point de souris. - Qui se lève tard trotte tout le jour et attrape à peine

sabesogne à la nuit.

mourra de faim.

Travail n'a pas besoin de souhaits; qui vit d'espoir
Point de profit sans peine ou sans travail. Pas

d'application, pas de réussite dans le travail.

rable.

Travail utile, travail honoLa paresse, comme la débauche, conduit l'homme à sa ruine.

BENJAMIN FRANKLIN.

295. Écrivez les phrases suivantes et dites pourquoi les mots qui sont mis en italique sont employés par pléonasme.

J'ai vu de mes yeux, un spectacle admirable. Que me font à moi les railleries des sots? Je le tiens ce nid de fauvettes! - J'ai entendu de mes oreilles ce que je viens de vous raconter. Allons! du courage, montez en haut! - Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette. Je lui ai parlé à lui-même. - Je l'ai donc vue, cette superbe ville.

On recherche les rieurs et moi je les évite.

296. Relevez les pléonasmes contenus dans les phrases suivantes :

Et moi, qui l'amenai triomphante, adorée,

Je m'en retournerais seule et désespérée.

:

RACINE.

Trois sceptres, à son trône attachés par mon bras,
Parleront au lieu d'elle, et ne se tairont pas.

CORNEILLE.

MOLIÈRE.

RACINE.

Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,
Ce qu'on appelle vu.

Eh! que m'a fait, à moi, cette Troie où je cours?
Mais enfin, je l'ai vu, vu de mes yeux, vous dis-je. LA FONTAINE.
Hélas! trop jeune encor, mon bras, mon faible bras,

Ne peut ni prévenir ni venger son trépas.

297. Lisez les phrases suivantes en indiquant pourquoi les mots en italique constituent des syllepses. Rectifiez la phrase comme l'exige la grammaire.

Quel bonheur d'avoir sa famille auprès de soi, et d'être en état de les combler de biens! (SÉVIGNÉ.) - Si la poste savait de quoi nos paquets sont remplis, ils les laisseraient à moitié chemin. (SÉVIGNÉ.) - Lycurgue était un sage législateur qui, ayant donné à sa nation des lois propres à les rendre bons et heureux, leur fit jurer qu'ils ne violeraient jamais aucune de ces lois pendant son absence. (FÉNELON.) Les Romains établirent peu à peu, comme une maxime, chez les villes grecques, qu'ils ne pourraient avoir aucune alliance, accorder des secours ou faire la guerre à qui que ce fût, sans leur consentement. (MONTESQUIEU.) Partout on a d'abord choisi les juges des affaires particulières et les conseillers du public parmi les hommes les plus âgés. De là vinrent à Rome les noms de Sénat et de Pères, et ce grand respect pour la vieillesse qu'ils avaient pris des Lacédémoniens. (FLEURY.)

298. RÉDACTION. Newton et son chien Diamant. - Un jour, Newton, appelé subitement hors de son cabinet par une affaire pressante, sortit, laissant ses cahiers étalés sur une table où se trouvait une chandelle allumée. Pendant son absence, son petit chien, Diamant, sauta sur la table, renversa la chandelle, mit le feu aux cahiers et détruisit ainsi, en un instant, le travail de dix ans. Newton, quand il rentra, vit le désastre et se contenta de dire: « Ah! Diamant, Diamant, tu ne sais pas le mal que tu me fais. >>>

Racontez cette histoire et tirez-en une leçon de morale.

INDICATIONS. Plusieurs enseignements moraux ressortent de cette histoire: 1° Il faut acquérir beaucoup d'empire sur soi-même pour atteindre à la véritable sagesse. 2o Dans quelque circonstance que ce soit, l'esprit de justice doit présider à nos réflexions et à nos actes. 3o Dans le malheur même, tâchons de rester bons ou effor cons-nous de le devenir.

[A lire et à consulter par les Élèves de 2o Année]

I On appelle gallicismes les idiotismes de la langue française; c'est-à-dire les façons de s'exprimer propres à notre langue, et qui présentent quelque particularité.

Cette particularité d'expression peut se trouver soit dans le sens figuré, soit dans la construction syntaxique de la phrase. Ainsi cette proposition: Il a le cœur sur la main, n'a rien qui répugne à notre syntaxe; mais l'image hardie qu'elle évoque est propre au français et serait intraduisible dans toute autre langue. C'est un gallicisme de figure. Au contraire, dans: J'ai entendu dire cela à votre père, chaque mot a son sens propre, la phrase n'a rien de figuré; mais à est explétif et presque impossible à expliquer grammaticalement. C'est un gallicisme de syntaxe.

218. Gallicismes de syntaxe. Ces gallicismes sont presque tous des phrases explétives, ou des formes elliptiques, qu'il faut redresser et compléter si l'on veut les analyser. Ainsi: Coiffé à la Titus, aux enfants d'Édouard, à la malcontent, etc., signifie coiffé à la façon de Titus, des enfants d'Édouard, d'un malcontent, etc.

Fait à la diable, fait à la manière du diable. Mon âme est un gallicisme euphonique: mon est mis pour ma. Cela ne laisse pas de nous inquiéter: ici laisse a le sens de cesser, de s'abstenir, de discontinuer, et est par conséquent verbe intransitif.

Manguer

Si j'étais que de vous est mis pour si j'étais vous, et que de est explétif.

Ce que c'est que de nous: phrase explėtive; de est surabondant. Il n'y voit pas: ici y est explétif.

Il y va de notre salut, c'est-à-dire notre salut est en jeu.

Se fâcher tout de bon, c'est-à-dire sérieusement, tout à fait. Il a tenu bon, c'est-à-dire il a résisté.

Avoir beau faire, avoir beau dire, c'est-à-dire agir ou parler en vain.

Occasin fande

La bailler bonne ou belle à quelqu'un, c'est-à-dire essayer de lui en faire accroire.

A la queue leu leu, c'est-à-dire à la queue loup loup (leu signifiant loup en picard), à la suite les uns des autres.

219. Gallicismes de figure. Ces gallicismes proviennent le plus souvent d'une ellipse, d'un pleonasme ou d'une

1. Les malcontents, nom donné à ceux qui, après la Saint-Barthélemy, se groupèrent autour du duc d'Alençon, et qui portaient les cheveux presque ras.

inversion. Il faut alors, pour les analyser, suppléer à l'ellipse, retrancher le pléonásme, faire disparaître l'inversion et surtout bien dégager le sens figuré. Ainsi battre la campagne, qui se dit d'un malade en délire, est une métaphore qui rappelle les chasseurs ou les soldats ennemis qui courent les champs.

Voici quelques exemples de gallicismes de figure :

1o Entre chien et loup, au petit jour, le soir ou le matin, quand le temps est si sombre qu'on ne saurait distinguer un chien d'avec un loup. 2o Ne plus savoir où donner de la tète. Donner de la tête signifie au propre frapper, heurter de la têté; au figuré, ne plus savoir donner de la tête signifie donc ne plus savoir où frapper, ne plus savoir que faire.

3o Battre quelqu'un à plate couture, c'est-à-dire le battre complètement, au point d'aplatir les coutures de son habit.

4o Monter sur ses grands chevaux, se mettre en colère, montrer de la sévérité dans ses paroles. Cette expression remonte au temps de la chevalerie. On distinguait alors deux espèces de chevaux: le palefroi et le destrier. Le palefroi était le cheval de parade; le destrier, le cheval de bataille, plus grand et plus fort que le palefroi. Quand un chevalier montait sur son destrier, c'était pour la bataille ou le tournoi. De là le sens de se mettre en colère.

5o Chacun a sa marotte. La marotte était une espèce de sceptre surmonté d'une tête et garni de grelots; c'est l'attribut de la Folie et c'était celui des fous des rois. Cette locution signifie donc chacun a sa folie.

6o Avoir maille à partir avec quelqu'un, c'est-à-dire avoir un différend avec quelqu'un, s'explique facilement grâce à l'histoire de la langue. La maille, monnaie de billon carrée qui avait cours sous les rois capétiens, était la plus petite de toutes les monnaies; quand on voulait la partir (la partager), on ne pouvait que se quereller, puisqu'il n'y avait aucune uníté monétaire au-dessous d'elle. Du reste ce mot maille, qui entre aujourd'hui dans plusieurs gallicismes, était autrefois d'un usage courant et signifiait un demi-denier. On dit encore un pince-maille, n'avoir ni sou (autrefois ni denier) ni maille, etc.

7° Un homme de sac et de corde. On enfermait les condamnés dans un sac lié par le haut avec une corde de là le sens de scélérat, de bandit.

8o Ménager la chèvre et le chou, rappelle le conte où un batelier doit passer dans son bac un loup, une chèvre et un chou, et il ne doit les passer que séparément. Quel moyen de préserver la chèvre du loup ou le chou de la chèvre?

9o Être sur les dents, c'est-à-dire être accablé de fatigue. Le cheval est sur les dents quand, fatigué, il appuie ses dents sur le mors.

10° Parler français comme une vache espagnole. En ce sens, vache est, dit-on, une corruption de Basque, dont un ancien nom est vace. Comme il y a des Basques en France et en Espagne, on a dit d'abord parler français comme un Basque espagnol.

11° Prendre sans vert rappelle un jeu autrefois en usage au mois de mai. Ceux qui le jouaient devaient porter, tout le mois, une feuille verte, cueillie le jour même; chaque joueur pris sans être muni de cette feuille était puni de quelque amende. De là l'expression prendre sans vert, c'est-à-dire prendre au dépourvu.

12° On en mettrait la main au feu. Allusion aux anciennes épreuves par le feu. On mettrait la main au feu pour une personne ou une chose, sûr d'avance que la main ne brûlerait pas, de même que ne brûlait pas, croyait-on, la main de l'innocent.

13o A bon chat bon rat, c'est-à-dire bien attaqué, bien défendu. 14° Une bonne moitié, une bonne lieue, c'est-à-dire largement la moitié, largement une lieue.

15° Rompre en visière, rompre sa lance dans la visière du casque de son adversaire (comme Montgommery à Henri II, en 1559); au figuré, attaquer, contredire brusquement quelqu'un en face.

On voit par ces exemples que la plupart de nos gallicismes de figure sont des expressions venues de notre vieille langue et détournées peu à peu de leur sens primitif. On les emploie et on les cite à tout propos aujourd'hui, en comprenant d'instinct le sens général et figuré qu'elles représentent; mais on serait souvent bien en peine de les analyser et de rendre raison de chacun des termes pris à part.

EXERCICES

299. Exercices complémentaires. Changez les phrases suivantes pour y faire entrer le gallicisme c'est... que de.... Ex.: Celui qui veut tromper les autres s'expose à être trompé lui-même. Ecrivez: C'est s'exposer à être trompé soimême que de vouloir tromper les autres.

Celui qui veut tromper les autres s'expose à être trompé lui-même. Celui qui ne vit que pour boire et manger se met au niveau de la brute.

Celui qui mange des fruits verts se délabre l'estomac. Celui qui laisse punir un autre à sa place commet une lâcheté. Celui qui trahit sa patrie n'a pas de cœur. -Celui qui n'écoute pas les conseils de ses parents se prépare souvent de grands regrets.

300.- Changez les phrases suivantes pour faire disparaître le gallicisme c'est... que de... en conservant le sens général de la phrase. Ex.: C'est ne pas être pauvre que de savoir se contenter de peu. Ecrivez : Celui qui sait se contenter de peu n'est pas pauvre.

C'est ne pas être pauvre que de savoir se contenter de peu. - C'est souvent se nuire à soi-même que de nuire aux autres avec intention. C'est bien mériter de l'humanité que de faire la guerre à l'ignorance. C'est renoncer au repos que de rechercher les honneurs et les dignités. C'est souvent s'exposer à être dupé que d'être trop confiant. C'est se mettre au niveau de la brute que de vivre uniquement pour boire et pour manger.

301. Remplacez les gallicismes de syntaxe suivants par des tournures équivalentes (en suppléant aux ellipses, en retranchant les pleonasmes, en supprimant l'inversion). Ex.: C'est Eugène qui veut vous parler, dites: Eugène veut vous parler.

C'est Eugène qui veut vous parler. C'est Paul qui a raison. - C'est là

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