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Germanique à son frèrè Charles le Chauve, et l'armée de Charles le Chauve à Louis le Germanique (842).

727. POÉSIE. Du xi au xin siècle se développe une littérature originale, une poésie lyrique, gracieuse et brillante, une poésie épique grandiose dont la Chanson de Roland reste l'expression la plus parfaite. C'est une chanson de geste, c'est-àdire un poème épique dont le sujet est emprunté à notre histoire nationale. Elle raconte en 4000 vers la défaite et la mort de Roland, neveu de Charlemagne, à Roncevaux, dans une gorge des Pyrénées; puis la vengeance que l'empereur tira du traître Ganelon et des Sarrasins victorieux. L'auteur en est inconnu.

728. Mais l'esprit chevaleresque s'affaiblit et l'esprit bourgeois, prompt à la satire, donne naissance au Roman de Renart, véritable épopée burlesque composée par différents poètes du XII et du xu siècle. Le héros, le mystificateur universel, c'est le goupil surnommé Renart, personnification de l'esprit de ruse et de fourberie; sa victime ordinaire est le loup (Ysengrin). Le Roman de la Rose se divise en deux parties: la première, par Guillaume de Lorris (1236), est le code de l'amour courtois; la seconde, par Jean de Meung (1275), est une violente satire du temps.

729. HISTOIRE. L'histoire ne fut d'abord qu'un rameau détaché des chansons de geste. Villehardouin (1150-1213) est le premier qui ait adopté la prose et dégagé, définitivement l'histoire du roman de chevalerie. Il a raconté simplement la Conquête de Constantinople, récit de la quatrième croisade à laquelle il a pris part comme diplomate et comme soldat. Joinville (12241319), après avoir été le fidèle compagnon de saint Louis, en Égypte, raconte, à 85 ans, l'histoire de ce grand roi avec un abandon plein de grâce et dans un style pittoresque.

730. Au siècle suivant, les historiens ne sont plus, comme Villehardouin et Joinville, seulement des conteurs de belles prouesses, mais des écrivains bien informés qui se montrent déjà soucieux d'une certaine critique. On peut citer Jean Froissart (13371410), chroniqueur de profession. Il a voyagé en Angleterre, en Italie, en Flandre, etc., pour rassembler les matériaux de ses chroniques qui embrassent trois quarts de siècle, de 1325 à 1400. Après lui vient Commines (1445-1611), un diplomate qui raisonne en philosophe sur les événements racontés dans ses Mémoires. Chambellan de Charles le Téméraire, puis attaché à Louis XI, dont il fut l'ami, il estime surtout les gens habiles.

731. THEATRE.

Le théâtre au moyen âge a produit des œuvres nombreuses, drames et comédies. Le drame liturgique est né dans l'église au xi° siècle et fut d'abord représenté dans le sanctuaire même, aux fêtes solennelles. Au xv° siècle, apparaissent les Mystères, pièces dont le sujet était emprunté à l'Écriture Sainte ou à la Vie des Saints et qui étaient jouées par une association, dite des Confrères de la Passion; ces représentations furent interdites en 1545. Au xiv° siècle, la puissante corporation de la Basoche, formée des clercs des procureurs au Parlement, s'adonne aux représentations dramatiques, surtout à celles des moralités et des farces. La Farce de maître Pathelin est le chef-d'œuvre de ce genre. Les sotties étaient des comédies satiriques représentées par la libre et joyeuse compagnie des Enfants sans souci. Les sotties furent interdites par François Ir dès 1540..

732. POÉSIE LYRIQUE. - La poésie lyrique à la fin du moyen âge a pour représentant François Villon (1431-1463), cité avec éloge par Boileau. Le sentiment qui domine dans ses vers c'est une pitié touchante pour les pauvres gens et une crainte douloureuse de la vieillesse et de la mort. Son œuvre capitale, le Grand Testament (1461), contient de belles ballades, dont la plus célèbre est la Ballade des dames du temps jadis.

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733. Le xvi siècle est une des périodes les plus importantes de notre histoire littéraire. Nos auteurs, affinés par le contact de l'Italie, vont enfin comprendre et imiter les chefs-d'œuvre de l'antiquité grecque et latine. C'est le siècle de la Renaissance, c'est-à-dire du renouvellement des lettres rançaises. C'est aussi le siècle de la Réforme qui ouvre aux esprits des horizons nouveaux et leur fait contracter des habitudes de libre examen et de discussion.

734. POÉSIE. Clément Marot (1495-1544) est le seul poète original de la première moitié du xvi siècle. Sans être un novateur, il s'élève bien au-dessus de ses contemporains par la facilité, le naturel, la grâce et la délicatesse de ses meilleures poésies. Il excelle dans l'épigramme, le rondeau, le madrigal, et surtout les épîtres badines. Deux fois emprisonné comme protestant, il dut enfin chercher un asile à Genève, puis à Turin où il mourut. C'est Clément Marot qui marque la transition entre le moyen âge et la Renaissance. Après lui, Ronsard (1524-1585), par la force du talent, par l'éclat du succès, est le maître incontesté de la poésie du xvi° siècle. Il était le chef d'un groupe de poètes, Baïf, Du Bellay, Belleau, Jodelle, etc., qui s'appelaient euxmêmes la Pléiade et qui rêvaient de donner à la France une littérature égale aux chefs-d'œuvre grecs qu'ils admiraient. Il

publié des Odes, des sonnets, des Élégies et un poème épique la

Franciade.

Les deux Richesses.

Riche ne suis, certes, je le confesse,
Bien né pourtant, et nourrit noblement:
Mais je suis lu du peuple et gentillesse
Par tout le monde, et dit-on: « C'est Clément. >>>
Maints viviont peu, moi éternellement.

Et toi tu as prés, fontaines et puits,
Bois, champs, châteaux, rentes et gros appuis.
C'est de nous deux la différence et l'être.

Mais tu ne peux être ce que je suis:

Ce que tu es, un chacun le peut être. CLÉMENT MAROT.

La Rose.

Mignonne, allons voir si la rose
Qui, ce matin, avoit desclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu, ceste vesprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vostre pareil.
Las! voyez comme, en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las! las! ses beautez laissé cheoir

O vrayment marastre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir!
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre age fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à ceste fleur, la vieillesse
Fera ternir vostre beauté. RONSARD.

Sonnet.

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu devisant et filant.

Direz, chantant mes vers et vous émerveillant :
<< Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle..
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et, fantome sans os,
Par les ombres myrteux, je prendrai mon repos;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain;
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

RONSARD.

1. Élevé. 2. Noblesse, comparez gentilhomme. - 3. Desclose, entr'ouvert. 4. Vesprée, soirée. 5. Las! Hélas! 6. Oyant, entendant. 7. Myrteux, à l'ombre des myrtes des Champs-Elysées, dans les Enfers des anciens.

735. PROSE. La renaissance de la prose au xvi siècle est aussi rapide que celle de la poésie. Le français ne se contente plus des longs romans d'aventures; il va devenir la langue des philosophes, des savants, des historiens, et son vocabulaire y gagnera en souplesse et en étendue. Rabelais (1495-1553), né à Chinon, a mérité d'être mis au nombre de nos grands écrivains par l'abondance extraordinaire de son vocabulaire, par ses idées neuves et hardies, par son style à la fois élégant et familier. Il est l'auteur d'une sorte de roman allégorique, la Vie de Gargantua et de Pantagruel, tissu d'aventures bouffonnes, qui recouvre une satire profonde des vices, des ridicules et des abus de son temps. Aussi érudit que Rabelais, mais moins exubérant, Montaigne (15331592), né près de Bergerac, a composé sous le titre d'Essais, un ouvrage en trois livres, également remarquable par l'originalité de la pensée et de la forme, écrit dans le ton d'une causerie vive et familière et traitant sans ordre déterminé les plus hautes questions de la philosophie morale. Sa devise favorite est : « Que sais-je?>>>

III. DIX-SEPTIÈME SIÈCLE

736. On divise lexvu siècle en deux périodes: la première, qui va de 1600 à 1660, comprenant le règne de Henri IV et les ministères de Richelieu et de Mazarin; la seconde, qui s'étend de 1660 à la mort de Louis XIV (1715). C'est cette dernière qui a particulièrement mérité le titre de Siècle de Louis XIV.

Première période (1600-1660).

737. POÉSIE LYRIQUE. Malherbe (1550-1628), né à Caen, occupe une grande place dans l'histoire de notre littérature. Aussi grammairien que poète, il a voulu corriger les hardiesses de Ronsard et de la Pléiade et faire prévaloir quelques règles dictées par le juste sentiment de la simplicité, de l'harmonie; il a proscrit

Consolation à Du Perrier.

Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle!
Et les tristes discours

Que te met en l'esprit l'amitié paternelle,
L'augmenteront toujours!

Le malheur de ta fille au tombeau descendue,

Par un commun trépas,

Est-ce quelque dédale où ta raison perdue

Ne se retrouve pas?

l'hiatus et l'enjambement, exigé que l'hémistiche fût nettement marqué; il a imposé la richesse des rimes, la noblesse des expressions, enfin banni nombre de mots empruntés au grec, au latin, à l'italien, à l'espagnol. Comme poète, il ne s'est exercé que dans le genre lyrique; plusieurs de ses Stances et de ses Odes sont remarquables.

738. Les réformes de Malherbe ne pouvaient atteindre qu'au matériel de la langue; l'influence des salons allait faire l'éducation du goût et donner par suite au français un tour plus fin, plus délicat. L'Hôtel de Rambouillet où trônaient la marquise de Rambouillet, et sa fille, la belle Julie d'Angennes, était alors le rendez-vous de tous les gens d'esprit distingué: Balzac, Vaugelas, Benserade, Mlle de Scudéry, La Rochefoucauld, Voiture, etc.

739. A côté de ce cénacle indépendant naissait un salon officiel, l'Académie française, instituée par Richelieu en 1635. C'était d'abord une société de lettrés qui, à l'exemple des habitués de l'hôtel de Rambouillet, mais dans un but exclusivement littéraire, se réunissaient chez Conrart pour s'entretenir de nouvelles, de belles-lettres, et lire leurs ouvrages avant de les publier. Sous le nom d'Académie française, le cardinal voulut établir cette Compagnie comme la règle vivante, l'arbitre souverain du bon usage et du bon goût. Il lui donna une organisation, des statuts et lui

Je sais de quels appas son enfance était pleine :

Et n'ai pas entrepris,

Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses

Ont le pire destin:

Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses,

L'espace d'un matin.

La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles;`

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Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre

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