grand soin, toute institution tendant à éclairer suffisamment la nation entière, à former une jeunesse républicaine, à diminuer les ravages de l'avarice et de l'ambition, à rectifier l'opinion, à améliorer les moeurs et à soustraire la masse du peuple à la farouche domination des riches oisifs et ambitieux 1. Ces scandaleuses violations des droits communs et ce mépris des principaux devoirs d'un législateur populaire furent dénoncés au peuple français par Antonelle, dans un écrit qui a pour titre : Considérations sur les droits de cité, et par Félix Lepelletier dans son Vote motivé sur la constitution de l'an III. On fut indigné, mais non surpris de l'audace avec laquelle les conducteurs du jour osèrent enfreindre la volonté du souverain solennelle ment émise, ainsi que leurs propres et récentes promesses 2. La constitution de 1793 fut impu I Graces à l'inflexible orgueil de Nosseigneurs, on en vint bientôt à regretter, malgré ses grands défauts, cette constitution avec laquelle il eût peut-être été possible de réconcilier, moyennant quelques modifications, les amis de l'égalité. Mais les aristocrates aimèrent mieux se gorger d'or, se chamarer de cordons, et ramper sous le sceptre de fer d'un soldat insolent et parjure, que de vivre libres et égaux avec le peuple; ils firent de cette constitution le gouvernement révolutionnaire de la royauté. 2 Au mois de germinal de l'an III, une loi terrible, dite de haute police, condamna comme séditieuses les réclamations qui s'élevaient de toutes parts contre la marche contre-révolutionnaire du demment calomniée et la doctrine de l'égalité fut, à l'aide des plus monstrueux sophismes, conspuée par ceux-là mêmes qui en avaient naguère préconisé la justice 1. gouvernement; mais, pour apaiser plus facilement l'effervescence publique, cette même loi menaçait hypocritement de la déportation quiconque parlerait ou écrirait contre la constitution de 1793, dont la convention promit la prompte exécution le 2 prairial de la même année. L'unique soin de la commission, créée pour préparer les lois organiques de la constitution de 1793, fut de faire proscrire cette constitution, pour lui en substituer une plus conforme aux vues de la faction alors dominante. Après avoir long-temps déclamé contre le plus sacré des droits du peuple, celui d'approuver les lois sous lesquelles il doit vivre, le rapporteur de cette commission fit l'énumération des lacunes qu'elle prétendit y avoir découvertes: il dit que l'acte constitutionnel de 1793 qui, ajouta-t-il, devait être anéanti par cela seul que Robespierre et Saint-Just avaient travaillé à le rédiger, laissait indéterminés la hiérarchie administrative, la nomination des généraux et des ambassadeurs, ainsi que le droit de déclarer la guerre et celui de négocier la paix. Cependant tout y est fixé sur ces objets aux articles 54, 55, 69, 83, 107, 118 et 119. D'un autre côté, la commission invoquait, à l'appui de son opinion, la violence, la corruption et la terreur, qui avaient, selon elle, présidé à l'acceptation de la constitution qu'elle voulait proscrire. Mais à qui fera-t-on accroire que quatre millions d'acceptans purent être achetés ou contraints? ne sait-on pas que, lors de cette acceptation, la sévérité dont on reconnut depuis la nécessité, n'avait pas été déployée contre les ennemis de l'égalité qui furent libres d'intervenir aux assemblées primaires et même d'y demander le rétablissement de la royauté? Malgré les manœuvres employées pour effacer la vérité, il en reste assez de traces pour que la sévère critique puisse un jour reconnaître que ce concours presque unanime des Français, prouve leur adhésion à l'insurrection du 31 mai, 1 Leurs protes talions. De nombreuses protestations contre le projet adopté par la convention furent envoyées aux assemblées primaires par les républicains détenus : cependant leur exemple ne fut pas unanimement imité de tous ceux qui s'honoraient alors de la qualification de démocrates. A la suite des événemens de prairial, se trouvèrent confondus dans les prisons, avec les républicains inflexibles, d'autres hommes indifférens ou timides, qui payèrent leur liberté d'une lâche soumission aux volontés de l'aristocratie : ils acceptèrent la nouvelle constitution. D'autres, désespérant du triomphe de la démocratie, considérant le gouvernement révolutionnaire d'alors comme le plus funeste des maux, se flattant que de la latitude de l'ordre constitutionnel pourrait résulter quelque changement favorable au peuple, voyant dans la constitution proposée la seule planche de salut contre le retour pour eux imminent de la royauté, et redoutant surtout pour eux-mêmes les dangers et les persécutions, acceptèrent aussi la loi aristocratique, mais ne purent et l'opposition de ceux contre qui elle fut dirigée, au vœu national. Ge vœu se manifesta encore pendant long-tems dans l'intérieur et aux armées jusqu'à ce que le peuple, trahi par ses mandataires, frustré dans ses espérances, et privé par les assassinats et par les emprisonnemens de ses plus dévoués défenseurs, tomba dans la confusion et dans l'apathie, et ne prit plus aucun intérêt aux affaires publiques. pas ébranler ceux qui crurent que rien ne devait les porter à transiger avec les ennemis de l'égalité, au mépris de la justice et au détriment des droits communs. L'acceptation de la constitution de l'an III, une fausseté. La convention annonça que la nouvelle constitution avait été acceptée par le peuple. Une confusion extrême régna dans le recensement par le peuple est des votes, et il résulta de cette opération et des faits publics, que les votans avaient été en très petit nombre, qu'une foule de citoyens avaient été expulsés des assemblées, et que les plus fougueux acceptans avaient été ceux qui, s'étant fait remarquer par leur égoïsme, avaient été souvent accusés de conspirer pour le retour de la royauté. N'oublions pas la distinction très réelle des égoïstes, en conservateurs et en conquérans; rappelons-nous que ceux-ci avaient suivi presque constamment jusqu'au 9 thermidor de l'an II, les brisées des amis sincères de l'égalité, et s'étaient attiré, par là, la haine des contre-révolutionnaires. Les membres de la convention qui se qualifiaient alors de patriotes, appartenaient presque tous à cette dernière classe. des convention La haine de la révolution fut portée si loin, que Proscription la proscription, qui ne pesa d'abord que sur ses nels. amis désintéressés, dut enfin s'apesantir sur ceuxlà mêmes qui en avaient été les provocateurs, et qui ne purent faire oublier par leurs crimes Espérances des ennemis de la révolution. Le peuple est récens leur ancienne apparence de vertu. Les honnêtes gens, les hommes bien nés, les bons bourgeois dédaignaient de s'asseoir à côté d'anciens terroristes chargés des dépouilles de l'aristocratie. On voua indistinctement à la rage des ennemis de la révolution, tous les conventionnels qu'on accusait d'avoir exercé ou laissé exercer la terreur, et si l'on fit quelques exceptions, ce ne fut qu'en faveur de ceux qui s'étaient signalés par leur persévérance à défendre les priviléges des gens comme il faut, contre les prétentions séditieuses des malheureux qu'ils qualifiaient de canaille. Il paraît que l'exécution de la nouvelle constitution et un corps législatif nouveau faisaient espérer aux ennemis de la révolution quelque participation à la puissance, et à quelques-uns d'entre eux le retour de la royauté, dont ils se sont flattés toutes les fois que l'autorité suprême s'est écartée de la route de l'égalité, pour s'égarer dans le chemin tortueux de l'égoïsme, cause et effet de toutes les tyrannies. Afin de perpétuer l'esprit de la nouvelle consenchaîné par le titution, ses auteurs imaginèrent de ne faire des députés par renouveler annuellement le corps législatif que renouvellement tiers. par tiers, et d'introduire dans la première composition de ce corps, deux tiers des membres de la convention, au choix des corps électoraux. Tous les députés encore attachés aux droits politiques consa |