III. jour qu'un efprit bien réglé, qu'un cœur SERM. vertueux contribuent puiffamment à adoucir les peines de la vie. Autant la lumiere eft au deffus des ténebres, autant la fageffe eft plus excellente que la folie. Les voies des méchans font comme les tenebres, ils ne favent pas ce qui les fait broncher; mais la justice de l'homme doit régler ses voies & celui qui marche dans la droiture, marche en fûreté. L'un porte fes pas vers une région fertile & riante; l'autre s'égare au milieu des ronces & des précipices. L'un peut rencontrer par accident quelques obstacles; l'autre y eft inévitablement expofé. Ne plaçons donc plus les maux qui font le partage de toute l'humanité, au même niveau que ceux qui font de notre feule création, & que nous pouvons nous épargner en grande partie, en follicitant le fecours de Dieu, en uniffant la prudence à la vertu. DIRIGEONS enfin notre attention vers ces maux auffi réels qu'inévitables, dont toute notre fageffe, toute notre vertu ne Lauroient nous garantir; ce font les seuls III. SERM. qui soient véritablement marqués du sceau de la vanité humaine. Mais ils nous laiffent une confolation, confolation qui, fans prévenir ces chagrins, eft bien propre à en alléger le poids; c'est la religion. Ce puiffant correctif des miferes de la vie, cette douce voix d'un Pere tendre & bienfaifant, porte dans l'ame un noble courage qui la foutient au milieu de l'affliction. Ses promeffes, fes efpérances font un rayon de joie qui pénetre & diffipe la nuit du malheur. Si elle ne peut garantir l'homme vertueux de tout contretemps dans fes recherches, elle regle du moins fon humeur, de maniere qu'il parvient beaucoup plus aifément à les vaincre que le méchant. Si elle ne peut lui épargner ce mécontentement qui accompagne tous les plaifirs temporels, elle le corrige du moins par la jouiffance pure & délicate des plaisirs du cœur. Si elle ne peut lui affurer une conftante poffeffion de ce qu'il aime, elle le confole du moins quand il en eft privé. Si elle ne peut changer la vanité du monde, du moins elle la balance par la paix & le III. contentement qu'elle établit dans fon ame. SER M. Si elle ne peut lui offrir ce bonheur que l'homme defire fi vivement, & qui lui échappe fans ceffe, elle le confole du moins par la fatisfaction qu'il goûte dans la pratique de la vertu, & par la certitude du bonheur éternel qui en fera la récompenfe. Pour vous convaincre de l'influence de la religion dans le malheur, comparez la conduite de l'efclave du plaifir, avec celle de ce digne obfervateur des loix de la justice, de la tempérance, de la piété, lorfque l'un & l'autre font exposés aux ravages de la vanité humaine. Le premier vous présentera un esprit abattu, une humeur farouche; le fecond, une ame courageufe & réfignée. L'un, par fes lamentations, excitera dans votre ame autant de mépris que de pitié; l'autre, par la nobleffe avec laquelle il foutiendra le malheur, vous inspirera le respect le plus profond, l'intérêt le plus vif. Les fouffrances de celui-là l'aigriront, le porteront au murmure; les peines de celui-ci adouciront fon caractere, purifieront fon cœur, SER M. augmenteront fes vertus morales. Oui, l'influence de la religion fur la vanité du monde eft fi certaine, fi puiffante, que je ne crains point d'affirmer qu'un homme jufte trouve plus de fatisfaction dans le cours même d'une carriere en apparence infortunée, que le méchant ne fauroit en goûter au milieu de l'abondance & du plaifir. C'est ce que nous apprend S. Paul. Arrivé au dernier terme de l'affliction, cet Apôtre élevoit cependant une voix auffi fatisfaite, auffi triomphante, que s'il avoit remporté une victoire complete fur les maux de la vie. Il étoit affligé de toute maniere, mais non pas accablé; réduit à de grandes extrémités, mais non pas fans ref fource; perfécuté, mais non pas abandonné ; abattu, mais non pas perdu: car, quoique l'homme extérieur fe détruifit, l'intérieur fe renouvelloit chaque jour. Tel, quoique peutêtre à un degré inférieur, tel est le pouvoir de la religion fur le cœur de tout bon chrétien. En effuyant les larmes de fes yeux, elle commence, dès ici-bas, l'office bienfaisant qu'elle remplira dans toute fon étendue, lorsqu'il fera arrivé à l'époque SERM. de la confolation éternelle. VOILA l'idée la plus jufte que nous puiffions nous former de la vie humaine. Elle renferme fans doute beaucoup de vanité; mais cette vanité dépend en grande partie de notre façon de penser & d'agir. A l'homme vicieux, elle offre une fuite continuelle de disgraces, de mécontentemens. Aux gens de bien, elle préfente une fucceffion d'événemens heureux & malheureux, beaucoup de jouiffances réelles, de grandes reffources, mais des peines inévitables; car le fort de l'humanité eft d'unir la peine au plaifir. De tout ce que nous venons de dire, concluons, EN premier lieu, qu'il nous importe beaucoup de ne point nous attendre à jouir ici-bas d'un bonheur fans mêlange. Rappellons-nous fans ceffe ce que nous fommes, le féjour que nous habitons, les causes pour lefquelles notre nature a été foumise à tant d'infirmités, & les motifs qui engagent la |