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partie du liquide. On retourne la capsule, et l'on incline, vers sa concavité ou vers son contenu, un petit flacon de brome. Les vapeurs de brome viennent se mélanger avec les stries huileuses, et partout où il y aura contact du brome avec l'acide phénique, il se produira une coloration bleue très franche, au lieu de la seule coloration brune tournant au vert que prend la créosote pure. J'ai opéré sur un mélange contenant environ 15 pour 100 d'acide phénique; il est possible que de moindres quantités puissent être décelées par ce procédé. Lorsqu'on considère qu'actuellement la créosote est injectée sous la peau à haute dose, on reconnaîtra combien il est important d'y rechercher l'acide phénique, qui est généralement considéré comme un toxique.

3o Gaïacol. Il n'est pas encore prouvé que ce corps soit le seul agent thérapeutique de la créosote, mais il doit certainement y exister en forte quantité, et, si l'on n'en trouvait que de faibles traces, il y aurait tout lieu de croire que la créosote achetée n'était qu'un déchet de la préparation du gaïacol.

Si l'on mélange 5 centimètres cubes de créosote avec 50 centimètres cubes d'une solution au cinquième de potasse caustique dans l'alcool absolu, ce mélange se convertit en une masse cristalline, formée par une combinaison de créosol (phlorol?) et de gaïacol avec la potasse. Selon la richesse de la créosote en gaïacol, cette combinaison met de dix à trente ou quarante minutes à se solidifier. On presse ensuite la masse entre des doubles de papier à filtrer, jusqu'à parfaite dessiccation, et on l'introduit dans un tube à essais, dans lequel on verse environ 5 centimètres cubes d'acide sulfurique dilué au dixième; on chauffe un moment; le créosol et le gaïacol, mis en liberté, viennent surnager la liqueur. On ajoute de l'eau, jusqu'à ce que ces deux corps descendent au fond du tube, la solution de sulfate de potasse devenant moins dense. Cette solution est décantée, et on verse dans le tube environ 4 centimètres cubes d'ammoniaque concentrée. Ce corps forme, avec le gaïacol, une combinaison cristalline dure, tandis que le créosol ne forme que quelque temps après des paillettes demifluides avec l'ammoniaque. En traitant le tout par de la benzine de pétrole, il ne resterà que la masse solidifiée de gaïacol et ammoniaque. On peut ainsi évaluer approximativement la richesse d'une créosote en gaïacol et en créosol.

Si, après ces essais, on trouve, comme densité de la créosote, 1,080; si l'on s'est assuré, par la limpidité du mélange avec la lessive de soude diluée, de l'absence d'huiles indifférentes et de pro

duits secondaires; enfin, si la créosote essayée ne rougit pas le papier de tournesol, il y a tout lieu de croire qu'on est en possession d'une bonne créosote.

L'expérience de divers produits de bonne qualité me fait croire que la créosote donne rarement une solution limpide dans la glycérine à 30°.

CHIMIE

Gaïacol biiodé, nouvel aristol ;

Par M. VICARIO (1).

Lorsqu'on traite le gaïacol par un excès de soude caustique, on obtient une masse solide, blanchâtre, soluble, verdissant, puis devenant violette à l'air et à la lumière, et qu'on peut obtenir cristallisée, sans excès d'alcali, en la dissolvant dans un excès de gaïacol, qui se sépare ensuite par distillation dans le vide. Le gaïacol sodé cristallisé, ainsi préparé, est dissous dans l'eau et additionné d'une solution aqueuse d'iode dans l'iodure de potassium, jusqu'à cessation de précipité. Le précipité qui s'est formé est brun rougeâtre, à odeur d'iode, facilement décomposable par la chaleur, fusible à la température du bain-marie, soluble dans l'alcool et les huiles fixes, répondant à la composition du gaïacol biiodé. Il est à présumer que ce nouveau produit, de la série des aristols, donnera des résultats favorables comme antiseptique pulmonaire.

Moyen de reconnaître la présence de la baryte

dans les sels de strontiane.

Nous avons déjà fait connaître plusieurs procédés permettant de déceler la présence de petites quantités de baryte dans les sels de strontiane (2). Nous en publions aujourd'hui un autre, dans lequel on n'a pas recours à de nouveaux réactifs, puisqu'on se sert des chromates de potasse, mais ce qui constitue la nouveauté de cette méthode, ce sont les conditions spéciales dans lesquelles les réactifs sont employés.

Le procédé en question, publié par M. Lüdeking, dans le Zeitschrift für analytische Chemie (t. XXIX, page 556), se trouve mentionné par M. Jungfleisch dans un article qui a paru dans le Jour(1) Progrès thérapeutique de janvier 1892.

(2) Voir Répertoire de pharmacie, année 1891, page 573.

nal de pharmacie et de chimie du 1er janvier 1892. Voici en quoi il consiste:

On verse, dans une solution du sel de strontiane à analyser, soit quelques gouttes d'une solution saturée de chromate neutre de potasse, puis quelques gouttes d'acide acétique, soit quelques gouttes d'une solution saturée de bichromate de potasse, puis quelques gouttes d'une solution saturée d'acétate de soude, et on chauffe la liqueur. Au bout de quelques minutes, il se dépose du chromate de baryte, si le sel de strontiane contenait de la baryte. Dans le cas contraire, la solution de sel de strontiane reste limpide.

Cause de la décoloration anormale que prend l'hypobromite de soude dans certains flacons de verre ; Par M. DENIGÈS (1) (Extrait).

M. Denigès a constaté que, tandis qu'une solution d'hypobromite de soude, préparée avec:

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conservait sa couleur jaune d'or dans un flacon en verre jaune foncé, cette même solution prenait, au bout de quelques jours, une teinte rougeâtre, quand elle était renfermée dans un flacon en verre de couleur brun rougeâtre.

Il a alors recherché si la solution contenue dans ce dernier flacon avait subi une profonde altération; à cet effet, il se servit des deux liqueurs pour déterminer la quantité d'urée contenue dans le même volume d'une même urine, et il a constaté que le volume d'azote dégagé était de 22 centimètres cubes avec la liqueur jaune d'or et de 21 centimètres cubes 5 avec la solution rougeâtre; donc le titre de cette dernière n'avait pas été notablement abaissé.

Dans l'action de l'urine sur l'hypobromite rougeâtre, il s'était formé une teinte verdâtre, qui ne se produit jamais avec l'hypobromite normal. Cette teinte verte était beaucoup plus nette et plus stable, lorsque l'hypobromite rougeâtre était ajouté en grand excès à l'urine.

Or, l'hypobromite de soude a la propriété de transformer facilement les dérivés de manganèse en permanganate de soude, en fournissant des liqueurs rouges se transformant rapidement en manganate vert sous l'influence des matières organiques telles que le papier à filtrer. Cette réaction est même assez sensible pour déceler de petites quantités de produits manganiques.

(1) Journal de pharmacie et de chimie du 15 janvier 1892,

M. Denigès pensa alors qu'une réaction du même genre s'était produite entre l'hypobromite de soude et le verre du flacon brun rougeâtre, et que la teinte communiquée à l'hypobromite était due à une petite quantité de permanganate de soude.

Cette hypothèse se trouva confirmée par l'examen spectroscopique de l'hypobromite rougeâtre, qui révéla à M. Denigès le spectre cannelé des permanganates alcalins. M. Denigès observa le même spectre en ajoutant une goutte de solution de permanganate de potasse à 1 pour 100 à l'hypobromite jaune d'or.

Les dosages effectués par M. Denigès lui ont permis d'évaluer à 3 ou 4 centigrammes par litre la dose de permanganate de soude existant dans l'hypobromite rougeâtre.

En résumé, la coloration rouge que prend l'hypobromite de soude dans les flacons brun rougeâtre est due à une petite quantité de permanganate de soude, qui se forme par l'action de l'hypobromite sur le manganèse que contient le verre de ces flacons, et cette coloration n'altère pas la solution assez notablement pour la rendre impropre aux dosages d'urée.

Nouveau procédé de dosage de l'azote nitrique
et de l'azote total;

Par M. E. BOYER (1) (Extrait).

Ce procédé est fondé sur la réduction de l'azote nitrique en ammoniaque par les oxalates et le soufre, en présence de la chaux sodée.

En chauffant au rouge, dans un tube à combustion, un mélange de 50 centigrammes de nitrate de soude, 5 grammes d'oxalate de chaux et 15 grammes de chaux sodée, les deux tiers seulement de l'azote nitrique sont réduits à l'état d'ammoniaque, et cette quantité n'est pas dépassée, même quand on augmente la proportion d'oxalate et de chaux sodée.

Si l'on ajoute 2 grammes de soufre au mélange précédent, la réduction de l'azote nitrique est complète.

Telles sont les expériences qui ont conduit M. Boyer à proposer sa nouvelle méthode.

Pour opérer, on commence par faire un mélange réducteur avec 1 partie de soufre, 2 parties d'oxalate de chaux et 6 parties de chaux sodée. On pèse alors 50 centigrammes de nitrate de soude ou de potasse, préalablement séché et pulvérisé, et on l'incorpore à 50 grammes du mélange réducteur précédent. Puis, on (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 19 octobre 1891.

prend un tube à combustion, dans lequel on introduit successivement, d'abord 2 grammes d'oxalate de chaux (pour la production du gaz inerte destiné à balayer l'appareil à la fin de l'opération), puis 10 grammes de chaux sodée et ensuite 10 grammes du mélange réducteur; on introduit alors les 50 centigrammes du nitrate à analyser, additionnés de 50 grammes du mélange réducteur, puis 10 grammes de mélange réducteur et enfin 10 grammes de chaux sodée; on ferme avec un tampon d'amiante. On procède comme pour le dosage de l'azote par la chaux sodée, avec cette seule différence qu'avant de déterminer la quantité d'acide sulfurique neutralisé, on chauffe à l'ébullition pour chasser les acides sulfhydrique et carbonique qui se sont dégagés pendant la combustion. En suivant cette méthode, M. Boyer a trouvé, dans du nitrate de soude pur, 16.45 pour 100 d'azote, au lieu de 16.47, chiffre théorique.

On peut doser, par ce procédé, l'azote sous ses trois formes (organique, ammoniacal et nitrique); les essais faits par M. Boyer ont porté sur le cuir torréfié et sur le sang desséché, pour l'azote organique; sur le sulfate d'ammoniaque, pour l'azote ammoniacal, et sur le nitrate de soude pur et sec pour l'azote nitrique. Connaissant la teneur en azote de chacun de ces corps, M. Boyer a trouvé, en opérant sur leur mélange, une quantité d'azote approximativement égale au total des quantités théoriques.

La seule précaution à observer consiste à ne prendre que 50 centigrammes de nitrate, quand on analyse un nitrate; lorsque le corps à analyser contient l'azote sous ses trois états, la prise d'essai ne doit pas dépasser 1 gramme.

Ptomaïnes extraites des urines dans quelques
maladies infectieuses;

Par M. GRIFFITHS (1) (Extrait).

M. Griffiths, d'Edimbourg, est parvenu à extraire certaines ptomaïnes urinaires, dans les maladies infectieuses, par un procédé consistant dans les opérations suivantes : alcalinisation d'un grand volume d'urine au moyen du carbonate de soude; agitation avec un demi-volume d'éther; filtration de la liqueur éthérée après dépôt; agitation de la liqueur filtrée avec une solution d'acide tartrique, qui forme des tartrates avec les ptomaïnes; évaporation de l'éther; neutralisation de la solution par le carbonate de soude; nouvelle agitation avec l'éther; évaporation de la liqueur éthérée, qui donne les ptomaïnes comme résidu.

(1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 9 novembre 1891.

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