MÉDECINE, THÉRAPEUTIQUE, HYGIÈNE, BACTÉRIOLOGIE Salophene. L'Allemagne nous envoie encore un produit chimique nouveau, le salophène; c'est un dérivé du salol, résultant du remplacement d'un atome d'hydrogène par un groupe amido-acétyle dans le groupe phénylique de l'éther phenylsalicylique (position para); on l'obtient par l'éthérification du para-nitrophénol avec l'acide salicylique, par la réduction du produit nitré, au moyen de l'étain et de l'acide chlorhydrique, à l'état de groupe amidě, et par l'acétylisation de ce dernier. Le salophène est un corps qui cristallise en lamelles blanches; il est presque insoluble dans T'eau; il est soluble dans l'alcool et T'éther; il fond à 187-188 degrés ; il est inodore et insipide. Comme pour le salol, une solution alcoolique de salophène donne un précipité jaune dans le perchlorure de fer, mais non une coloration violette. Au contraire, le perchlorure de fer, ajouté à une solution alcoolique de salophène, donne la réaction de l'acide salicylique. La solution aqueuse de salophène ne réagit pas sur le perchlorure de fer. Chauffé avec une solution de soude, il se dédouble en salicylate de soude et acetylparaamidophénol. La même transformation se produit dans l'organisme. Le salophène renferme 51 pour 100 d'acide salicylique. Le salophène est peu toxique; on peut gans inconvénient en administrer aux animaux 4 grammes par kilogramme de poids du corps. Guttmann l'a employé avec succès dans le traitement du rhumatisme articulaire aigu. Ce médicament agit aussi comme antipyrétique, mais, à ce point de vue, son action est assez infidèle, et elle est plus appréciable chez les phtisiques que chez les typhiques. Sur la noix de kola et les principes qu'elle renferme ; Par MM. MONAVON et PERROUD (1) (Extrait). Quelques auteurs attribuent les propriétés thérapeutiques de la noix de kola à la caféine qu'elle contient; d'autres les attribuent au rouge de kola. Afin d'éclaircir ce point encore obscur, MM. Monavon et Perroud ont entrepris une série d'expériences sur des chiens, divisés en plusieurs groupes, à chacun desquels ils ont (1) Lyon médical du 15 novembre 1891. administré soit de la poudre de kola, soit une quantité de caféine égale à celle que contient le poids de poudre de kola mise en expérience, soit du rouge de kola en quantité égale à celle que renfermait le même poids de poudre, soit un poids d'extrait de kola correspondant à la quantité de poudre de kola administrée. Ils ont recueilli l'urine de ces chiens, dans laquelle ils ont dosé l'urée, l'acide phosphorique et l'azote total. Les résultats qu'ils ont obtenus leur ont permis de conclure de la manière suivante : 1o La kola, contrairement à la caféine, semble plutôt anurétique que diurétique; 2o Les quantités de matériaux azotés et de phosphates éliminés sont diminuées très sensiblement par la poudre de kola, ce qui prouve que la kola est un aliment d'épargne et que cette épargne porte à la fois sur le système musculaire et sur le système nerveux; 3o L'extrait complet de kola produit les mêmes effets que la poudre; 4o Le rouge de kola a une action peu marquée sur l'élimination des produits azotés et des phosphates; néanmoins, cette action concourt au même but ; 5o La caféine exerce une action analogue, mais inférieure à celle de la poudre de kola, ce qui prouve que la caféine n'est pas le seul principe actif de la noix de kola; 6o La kola a une action qui lui est propre; tous ses principes s'unissent et combinent leurs vertus pour concourir à un même but: une meilleure utilisation des substances alimentaires ingérées. Cette meilleure utilisation a pour résultat une moindre déperdition des forces, et conséquemment, une plus grande transformation de chaleur en travail mécanique. La kola peut donc être regardée comme un modérateur de la dénutrition. Antisepsie de la bouche. Par le docteur THOMAS.. M. le docteur Thomas conseille de pratiquer l'antisepsie de la bouche de la manière suivante: on commence par nettoyer les dents au moyen d'une brosse, sur laquelle se trouve de la poudre de savon, quelle que soit la variété de savon; le frottement doit porter sur toutes les faces des dents. Puis, on lave la bouche avec un liquide antiseptique. On a conseillé, pour la préparation des liquides antiseptiques, l'acide salicylique et l'acide phénique; ces deux corps sont impuissants à détruire les micro-organismes de la bouche. M. Thomas, d'accord avec Miller, recommande le sublimé et l'acide thymique. Voici les formules qu'il conseille : On verse quelques gouttes de ces liquides dans l'eau qui doit servir à rincer la bouche, et on conserve le liquide une minute dans la bouche. En pratiquant ce nettoyage soir et matin, on peut, d'après M. Thomas, éviter la carie des dents. Il recommande, par surcroît de précaution, le lavage de la bouche après chaque repas. Elimination, par le foie, de la bile introduite Par M. WERTHEIMER (1) (Extrait). Baldi avait déjà constaté qu'en injectant à un chien de la bile de bœuf, sa bile devenait verte, mais des conclusions basées simplement sur un changement de coloration du liquide ne sont pas très rigoureuses. M. Wertheimer a eu recours à l'examen spectroscopique. La bile de bœuf, et surtout celle de mouton, renferment un pigment spécial, découvert par Mac Munn, désigné par lui sous le nom de cholohématine, et dont le spectre d'absorption présente quatre bandes caractéristiques. Il était à supposer que, si la bile des herbivores, injectéee à unchien, était rejeté par son foie, il serait facile de retrouver dans la bile de ce chien le spectre à quatre bandes qui n'y existe pas normalement. C'est, en effet, ce qui se produit avec une constance et une netteté remarquables. Les expériences de M. Wertheimer montrent que la cellule (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 24 août 1891. hépatique jouit d'une aptitude toute particulière à s'emparer immédiatement, pour les rejeter au dehors, des pigments biliaires qui circulent dans le sang, même de ceux qu'elle ne fabrique pas normalement. Comme ces pigments représentent, d'après M. Bouchard, l'élément le plus toxique de la bile, on voit que le foie peut protéger l'organisme, non seulement contre les substances nocives introduites par la veine porte, mais encore contre celles qui ont pénétré dans la circulation générale. REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS Extraits des journaux anglais, allemands et italiens ; Par M. MARC BOYMOND. En préparant de l'apocodéine, l'auteur a obtenu une nouvelle base, la pseudocodéine C18 H21 Az 03+H2O, qui cristallise dans l'alcool en aiguilles blanches, peu solubles dans l'éther et dans l'eau, fusibles à 178-180 degrés; cette base est lévogyre, ne donne pas de coloration avec le perchlorure de fer et paraît posséder une action physiologique semblable à celle de la codéine, mais moins énergique. (Archiv der Pharmacie, t. 29, p. 161-164.) Tuménol. Le tuménol est un dérivé sulfuré de la distillation des huiles minérales, préparé par Spiegel et étudié, au point de vue dermatologique, par le docteur Neisser, de Breslau. Les huiles minérales sont débarrassées des phénols et acides par la lessive de soude, puis des bases et des corps analogues au pyrrol par l'acide sulfurique à 70 pour 100. On traite ensuite par l'acide sulfurique concentré et on obtient un mélange de tuménolsulfone et d'acide tuménol-sulfonique. Pour séparer ces deux produits, on traite ce mélange par la lessive de soude; le sel de soude est épuisé par l'éther, jusqu'à ce que ce dernier ne se colore plus. L'éther renferme le tuménol - sulfone, et l'eau le tuménolsulfonate de soude. La solution éthérée, traitée à diverses reprises par l'eau et l'acide chlorhydrique dilué, donne le tuménol-sulfone sous forme de liquide épais, jaune foncé, facilement soluble dans l'éther, la benzine et le benzol, insoluble dans l'eau et facilement soluble dans la solution aqueuse d'acide tuménol-sulfonique. L'acide tuménol-sulfonique s'obtient en précipitant le tuménolsulfonate de soude par l'acide chlorhydrique et desséchant le produit. C'est une poudre jaune foncé, de saveur amère particulière et facilement soluble dans l'eau. Les sels alcalins de cet acide sont solubles dans l'eau et peuvent être séparés par le sel marin comme les savons. Les autres sels, à l'exception des sels d'antimoine et de mercure, sont insolubles dans l'eau. Le caractère dominant de ce produit est sa facile oxydabilité. Le tuménol commercial renferme le tuménol-sulfone, ou huile de tuménol, et l'acide tuménol-sulfonique, ou poudre de tuménol. Le docteur Neisser a employé deux formes de teinture, renfermant 10 pour 100 de tuménol; l'une dans un mélange à parties égales d'éther, d'alcool et d'eau; l'autre dans un mélange à parties égales d'éther, d'alcool et de glycérine. Ces deux teintures s'appliquent dans les cas d'eczéma sec. Il emploie la formule suivante contre l'eczéma humide : On fait aussi des applications de compresses avec la solution aqueuse de tuménol à 2 ou 5 pour 100, ou on saupoudre avec l'acide tuménol-sulfonique en poudre fine. Le tuménol a donné de bons résultats contre l'eczéma suintant et prurigineux, le prurit anal et scrotal, les dermatites parasitaires, l'ecthyma, les rhagades des mains, les érosions et excoriations. Ce produit est inoffensif. On l'a administré à l'intérieur sans inconvénients. (Deutsche med. Wochenschrift, 5 novembre 1891, 1238; Pharm. Journal, 28 novembre 1891, 425; Pharm. Zeitung, 16 décembre 1891, 787, et Apotheker Zeitung, 2 décembre 1891, 663.) Abrine et ricine. Les nombreux points de ressemblance, au point de vue physiologique, entre l'abrine, albumose toxique à laquelle on attribuc l'action inflammoire du jequirity, et la ricine, albumose des semences de ricin, ont fait penser que ces deux substances étaient probablement identiques. Toutes deux possèdent la propriété de |