un simple numéro et sur lesquels il n'avait aucun renseignement. En recourant à la fois à l'usage de son oléoréfractomètre et aux procédés chimiques, il a pu reconnaître les échantillons purs et ceux qui étaient adultérés. - le La méthode optique présente donc l'avantage d'être très sensible et très rapide; elle ne permet pas, il est vrai, de se prononcer en toute assurance sur la pureté d'un beurre dont la déviation est supérieure à 31° ou comprise entre 29° et 250; mais elle met le chimiste en mesure de faire rapidement une sélection entre les échantillons qu'il a à analyser et de les classer immédiatement suivant la déviation qu'ils fournissent; de 32° à - 36o, beurre peut contenir des huiles de palme et de coco; de à-29°, le beurre est certainement pur ; de - 29° à- 25o, le beurre est douteux; au-dessous de 250, il est très impur; la sélection ainsi faite, l'emploi des procédés chimiques doit nécessairement intervenir pour rechercher les indices de saponification et d'acides gras volatils des seuls échantillons ayant fourni, à l'oléoréfractomètre, des indications anormales. 310 M. F. Jean estime donc que, désormais, la science est suffisamment armée pour déceler les fraudes qui se produisent dans le commerce des beurres. Recherche de l'huile de résine dans l'essence de térébenthine ; Par M. E. BAUDIN (1) (Extrait). Si l'on n'a pas de polarimètre pour rechercher, dans l'essence de térébenthine, l'huile de résine, suivant le procédé indiqué par M. Aignan, on peut recourir, dans le même but, à la méthode suivante, bien qu'elle soit moins scientifique. On verse une goutte de l'essence suspecte sur le coin d'une feuille de papier non collé (papier à cigarettes, par exemple); on abandonne cette feuille à l'évaporation spontanée; au bout d'une heure, on examine le papier, sur lequel on n'observe aucune tache, dans le cas où l'essence est pure; si l'essence contient de l'huile de résine, il se produit une tache d'apparence huileuse sur le papier. On peut ainsi reconnaître une essence contenant 5 pour 100 d'huile de résine, dose généralement employée par les fraudeurs. Dans les cas douteux, on peut commencer par évaporer à une douce chaleur, dans une petite capsule de porcelaine, 20 ou 30 gouttes de l'essence suspecte, jusqu'à réduction à 6 ou (1) Journal de pharmacie et de chimie du 15 mars 1891. 8 gouttes, et on prend une goutte de résidu pour opérer comme cidessus. On a alors une vraie tache d'huile, si l'essence renferme de l'huile de résine. Il est essentiel de chauffer modérément, car l'huile de résine, bien que moins volatile que l'essence de térébenthine, n'est pas une huile fixe et pourrait elle-même s'évaporer sous l'influence d'une température suffisamment élevée. Par comparaison avec des mélanges en proportions déter minées, la méthode de M. Baudin permet de faire des dosages approximatifs. Déplâtrage des vins par les sels de baryte; Par M. QUANTIN (1) (Extrait). Il paraît que certaines personnes ont assez peu de souci de la santé publique pour opérer le déplâtrage des vins au moyen des sels de baryte; c'est une pratique assez grave pour attirer l'attention de l'autorité, qui n'hésitera pas, nous en sommes certain, à prendre des mesures énergiques pour assurer la répression d'actes aussi condamnables. M. Quantin a eu l'occasion d'examiner une lie provenant d'un vin déplâtré; cette lie renfermait du sulfate de baryte; le vin ne contenait ni chlorures ni azotates. Il fallait donc que la baryte eût été employée à l'état d'hydrate, de carbonate ou de sel à acide organique. L'acidité du vin étant normale, on n'avait eu recours ni à l'hydrate ni au carbonate. Les cendres du liquide clair renfermaient une assez forte proportion de carbonate de potasse, fait en désaccord avec le résultat constant du déplâtrage qui diminue considérablement et parfois rend sensiblement nulle la dose de tartre. L'extrait sec de ce vin cédait à l'alcool cencentré de l'acétate de potasse. Le vin avait donc été déplâtré au moyen de l'acétate de baryte. Les cendres d'un autre échantillon renfermaient du phosphate de polasse (2 grammes par litre de vin), et la lie contenait du sulfate de baryte; on se trouvait donc en présence, soit d'un vin phosphaté et plâtré, puis déplâtré, soit d'un vin traité par le phosphate de baryte. Le phosphatage ayant pour but de remplacer le plâtrage, la première hypothèse était peu acceptable; l'étude de la lie permit d'y déceler la présence du phosphate de baryte. Pour reconnaître le mode de déplâtrage employé, M. Quantin a suivi la marche suivante: après avoir constaté la présence de la baryle, on cherche la présence des chlorures; leur absence élimine l'hypothèse de l'emploi du chlorure de baryum; l'emploi du car(1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 15 février 1892. bonate de baryte est caractérisé par l'absence de tartre et le défaut d'acidité, ainsi que par la présence d'un peu de baryte dans le liquide clair. En l'absence des chlorures, et lorsque la teneur en acide est normale, on fait digérer la lie, débarrassée, par lavage, des sulfates solubles, avec une solution concentrée de chlorhydrate d'ammoniaque; la présence ultérieure de la baryte, dans cette solution, décèle l'emploi du tartrate de baryte. Si l'essai précédent est négatif, on neutralise exactement 100 centimètres cubes du liquide clair, et on les évapore au bain-marie; l'extrait sec obtenu est traité par l'alcool absolu, et la solution alcoolique est évaporée à siccité. Le résidu, chauffé avec l'acide phosphorique, dégage ou non de l'acide acétique. S'il y a dégagement d'acide acétique, on a affaire soit à un vin déplâtré au moyen de l'acétate de baryte, soit à un vin en partie acétifié, dont on a voulu masquer l'altération par une neutralisation partielle. Dans le premier cas, la dose de potasse totale est normale; dans le deuxième, la proportion des carbonates alcalins dans les cendres est exagérée. Si l'essai qui précède est encore négatif, on recherche s'il y a une quantité un peu notable de nitrates par le procédé PelouzeSchlæsing. En l'absence de ces sels, on recherche si le vin renferme des phosphates alcalins et si la lie contient du phosphate de baryte; à cet effet, on incinère une certaine quantité de lie; on l'humecte ensuite de sulfate d'ammoniaque dans le but de ramener à l'état de sulfate le sulfure de baryum qui aurait pu se produire par réduction du sulfate préexistant; on élimine l'excès de sulfate d'ammoniaque par une nouvelle calcination; enfin, on fait digérer à chaud le résidu avec de l'acide chlorhydrique étendu de son volume d'eau, qui dissout le phosphate de baryte. Quant à la proportion de phosphate alcalin contenue dans le liquide, elle est généralement, dans ce cas, supérieure à la dose totale habituelle des phosphates alcalins et alcalino-terreux réunis qu'on rencontre dans les vins. Décomposition de l'acide sulfureux par le carbone; Par M. SCHEURER-KESTNER (1) (Extrait). En faisant passer de l'acide sulfureux gazeux à travers une couche de charbon calciné et chauffé au rouge blanc, M. ScheurerKestner a constaté que le soufre de l'acide sulfureux se dégage à (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 8 février 1892. . l'état de vapeur, tandis que le carbone est transformé en oxyde de carbone et acide carbonique. On peut représenter la réaction qui se produit par l'équation suivante : 2S02+3C 2 CO+CO2+2S = = M. Berthelot avait déjà montré que, sous l'influence du carbone, l'acide sulfureux, à la température rouge de feu, se transforme en oxyde de carbone, oxysulfure de carbone et sulfure de carbone; les faits observés par M. Berthelot concordent avec ceux qui sont signalés par M. Scheurer-Kestner; en effet, le sulfure de carbone, en présence de l'oxysulfure et de l'acide sulfureux, comme l'oxysulfure en présence de l'acide sulfureux et du carbone, donnent du soufre libre, de l'acide carbonique et de l'oxyde de carbone, comme l'indiquent les équations suivantes : 2COS+SO2+C=2CO+CO2+3S CS22COS+SO2=2CO+CO2+5S Il est néanmoins possible qu'en opérant d'emblée à haute température, ainsi que l'a fait M. Scheurer-Kestner, il ne se forme pas d'oxysulfure et de sulfure de carbone se détruisant ultérieurement, et que la réaction se produise immédiatement entre le carbone et l'acide sulfureux. La réaction de l'acide sulfureux sur le carbone à haute température confirme l'hypothèse qu'a donnée M. Scheurer-Kestner des réactions qui s'effectuent dans la préparation d'un silicate alcalin : le sulfate alcalin est transformé en silicate et en acide sulfurique anhydre, et celui-ci est décomposé en acide sulfureux et oxygène ; ces deux gaz, en présence du charbon, sont transformés en acide carbonique, oxyde de carbone et soufre : 3S04R+6Si 02+5C=3S+4CO2+CO+3 (RO, 2SiO2) La présence de l'oxyde de carbone se trouve ainsi expliquée dans les produits gazeux de la décomposition du sulfate alcalin. Matières colorantes solubles produites par des bactériacées dans les eaux distillées médicinales ; Par M. VIRON (1) (Extrait). M. Viron a constaté que, dans certaines eaux distillées, les micro-organismes qui s'y développent produisent des matières colorantes solubles, traversant le filtre Chamberland sans diminution de leur intensité colorante. Il a isolé et caractérisé quelques-uns de ces pigments solubles; (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 25 janvier 1892. d'autre part, il a réussi à cultiver les micro-organismes générateurs de ces principes colorés. Ses premières recherches ont porté sur une eau de fleurs d'oranger possédant une teinte vert foncé; 100 grammes de cette eau laissaient, à l'évaporation, 70 milligrammes de résidu fixe, dont 69 milligrammes de matières organiques et 1 milligramme de substances minérales. La matière organique se présentait sous forme de masses verdâtres, insolubles dans l'éther, le chloroforme et la benzine, entièrement solubles dans l'eau ammoniacale et partiellement ssoluble dans le liquide éthéro alcoolique ammoniacal d'Adam, ainsi que dans l'alcool méthylique. Au microscope, elle se présentait sous forme de granulations verdâtres, de bâtonnets plus ou moins allongés et de lamelles jaunâtres. De ce pigment, M. Viron a isolé trois matières colorantes : l'une, isolée au moyen de l'alcool méthylique, est soluble dans l'eau avec légère teinte violacée brunissant à l'air; elle est sans action sur le réactif sulfocarbazotique (0 gr. 15 de carbazol dissous dans 100 grammes d'acide sulfurique pur); elle rougit avec les acides chlorhydrique et azotique. La deuxième se dissout dans l'alcool concentré, qu'elle colore en jaune; elle n'est pas influencée par les acides chlorhydrique et azotique; elle forme, avec le réactif sulfocarbazotique, une coloration bleu violacé, puis un précipité bleu indigo. Le troisième pigment est insoluble dans les alcools éthylique et méthylique; il se dissout dans l'eau, qu'il colore en vert; il n'est influencé ni par les acides ni par le réactif sulfocarbazolique. Les eaux distillées, après stérilisation par le procédé Tyndall, se conservent sans se colorer, d'où M. Viron conclut que le pigment qui se développe dans les eaux distillées doit être considéré comme une sécrétion des organismes qui se forment au sein de ces liquides. M. Viron a fait des cultures sur plaques, d'après le procédé du docteur Koch, dans des milieux nutritifs variés, et il a ainsi isolé quelques colonies chromogènes. Ces colonies sécrètent la matière colorante dans certains milieux solides; dans quelques milieux liquides, elles prolifèrent aussi activement, mais sans produire de substances chromogènes. L'une des colonies obtenues a donné un pigment brunâtre, se colorant en jaune rougeâtre avec les acides chlorhydrique et azotique, comme le pigment précédemment retiré d'une eau de fleurs d'oranger verte. M. Viron considère cette colonie comme constituée par une variété du Microccocus cyaneus de Schröter. |