ont pris graduellement assez d'importance pour tolérer la dépense de la création sur place d'un puits artésien (1). Examinons maintenant si ces eaux industrielles constituent de l'eau réellement pure et si elles conviennent à tous les usages, Pour répondre à cette question, nous nous sommes procuré des échantillons dans les diverses distilleries d'eau de Bordeaux, et, après les avoir soumis à l'analyse, nous avons constaté : Que tous étaient exempts de sels minéraux et ne louchissaient ni par le nitrate d'argent, ni par le chlorure de baryum. Mais comme, dans la plupart des usines, la fabrication de ces eaux est continue, on avait le droit de se demander si elles ne contenaient point des substances volatiles provenant de l'eau ordinaire, telles que l'ammoniaque. Cette recherche spéciale nous a appris que, dans la plupart d'entre elles, cet alcali n'existait qu'à l'état de traces douteuses, dont le maximum égalait 1 milligramme par litre et se trouvait dans l'eau originaire du puits artésien, Le dosage des matières organiques fournit aussi des résultats faibles, mais assez irréguliers. Ici, l'eau distillée contient moins de matières organiques que l'eau originelle; là, elle en renferme davantage et la proportion s'élève jusqu'à 49 milligrammes (2), comme nous l'avons noté encore pour l'eau distillée artésienne. Nous verrons bientôt quelle est la cause principale de ces variations. Ces impuretés sont-elles susceptibles de nuire à l'usage des eaux distillées qui les renferment? Oui, si on les destine à des solutions titrées pour de fines analyses; non, au contraire, si l'on veut en user pour des solutions pharmaceutiques (3), même des solutions de sublimé (4), si sensibles à l'action de l'ammoniaque. Mais il y (1) Ces maisons font aussi le commerce de l'eau chaude au détail, ce qui rend de grands services aux hôtels et aux petits ménages du voisinage. Les processions de porteurs d'eau qui règnent autour d'elles l'indiquent suffisamment. Elles dégomment aussi les fûts à façon, c'est-à-dire qu'elles privent les barriques qui ont contenu de l'alcool de la couche de gélatine dont on les imprègne intérieurement pour éviter les fuites. Sans ce nettoyage à haute température, les fûts ne pourraient être utilisés pour le logement des vins. Enfin, par l'action de la vapeur, avec ou sans l'intervention préalable d'un alcalin, elles enlèvent la matière extractive de certains bois neufs, qui communique aux vins le goût dit de fût ou de bois. (2) Traduits en acide oxalique. (3) Il ne s'agit ici, bien entendu, que des eaux distillées bordelaises. Au dire de M. Falières, de Libourne, les eaux distillées industrielles des petites villes ne seraient pas aussi pures. (4) Ces solutions sont actuellement employées à profusion en clinique, surtout dans les services hospitaliers de chirurgie et d'accouchement. a mieux lorsque ces eaux sont destinées à des coupages d'alcool, d'eaux-de-vie alimentaires, ces impuretés deviennent une qualité. Au dire des gens compétents, on leur préfère même les eaux de pluie pour cet usage; et, si l'on recherche la cause de ce choix, on la trouve dans la présence du carbonate d'ammoniaque et des matières organiques que renferment toujours, quoique en proportion variable, les eaux distillées météoriques ou de pluie. Altération de l'eau distillée. Voilà une phrase qui étonnera assurément beaucoup de lecteurs ; car il semble, a priori, qu'un liquide minéral aussi simple et aussi pur que l'eau distillée soit inhabile à s'altérer. Cependant, quand on manie quotidiennement ce dissolvant, on remarque qu'avec les fortes chaleurs, et mieux encore au printemps, il se remplit de mucédinées, d'algues microscopiques, dont la présence est rarement gênante, aussi bien pour la chimie et la pharmacie que pour l'industrie. Il existe, toutefois, une autre maladie commune à l'eau industrielle et qui mérite d'autant plus d'attirer l'attention qu'elle rend le produit invendable du jour au lendemain et paraît même épidémique dans les caves atteintes. Cette altération se manifeste sous la forme d'une viscosité d'abord légère, mais qui s'accentue graduellement et à un degré tel quelquefois que l'eau refuse de traverser les pores des filtres de papier, qu'elle file comme de l'huile, et souvent même s'écoule en bloc comme le blanc d'œuf. Cet ensemble de phénomènes est assurément identique à celui que nous avons étudié, il y a peu d'années, dans les eaux de senteur; l'eau distillée filante est justiciable des mêmes moyens curatifs : fouettage de l'eau au contact de l'air seul; agitation avec une goutte d'acide nitrique nitreux ou avec un peu de bouillie de nitrate de bismuth ou quelques cuillerées de noir animal (1). Étant donné, ici, le prix modique de la matière altérée, il s'agit moins de guérir le mal que de le prévenir. Mais, pour prévenir rationnellement une maladie, il faut l'étudier dans sa nature intime, dans sa marche évolutive, en un mot, dans son étiologie. Or, quand on examine au microscope une goutte de cette eau visqueuse, la réfringence ou la petitesse des impuretés que l'on y recherche est telle que l'on n'aperçoit rien de net. Si l'on fait évaporer, au contraire, plusieurs gouttes d'eau, si l'on colore le résidu (1) L'action du sel de bismuth et du noir animal est à la fois mécanique et chimique: mécanique, à cause de la tension que leurs molécules exercent sur le réseau visqueux; chimique, par l'oxygène qu'ils contiennent et qui se trouve si bien condensé dans les pores du noir qu'il a, vis-à-vis des microbes anaérobies, une action analogue à celle de l'eau ozonisée. sec avec une couleur violette ou rouge d'aniline, et si l'on lave ensuite à l'alcool fort, on distingue alors des myriades de micrococcus, parsemés de bacilles et même de moisissures. Ces parasites, à l'état humide, doivent être enfermés dans un sac muqueux comme le ferment des vins gras ou de la gomme des sucreries. C'est à cette soudure muqueuse et à la multiplicité des individus que l'eau doit sa viscosité. La sensibilité de ces organismes, vis-àvis de l'air et des agents oxygénés, montre qu'ils sont de nature anaérobie. Comme tous leurs congénères, ces êtres ne seraient pas susceptibles de se développer dans un milieu exclusivement minéral, tel que l'eau absolument pure, mise en réserve dans un récipient de verre ou de métal, soigneusement privé de matières organiques. Mais, si cette eau est emmagasinée dans des tonneaux de bois, comme on est obligé de le faire industriellement, les matières organiques et minérales du récipient se diffusent dans l'eau, et, en dépit de leur minuscule proportion, suffisent à l'alimenta tion des parasites microscopiques (1). Durant l'hiver, l'eau distillée se refroidit vite au sortir de l'alambic, et la température ambiante est peu favorable à la pullulation des microorganismes; mais, dès que l'atmosphère se réchauffe, les conditions changent, et les germes et spores que retient le bois se développent avec d'autant plus de rapidité que l'eau est entonnée et conservée pendant un temps assez long à une température voisine de 25 à 30 degrés. Après ces diverses considérations, on pressent quelles sont les précautions que doivent prendre les distillateurs, pour éviter la viscosité de l'eau d'abord, passer souvent les tonneaux à la vapeur, afin de les bien rincer, c'est-à-dire, ici, de stériliser les spores et germes qu'abrite le bois, et aussi afin d'enlever le plus possible de matières organiques inhérentes à ce bois; enfin, bien refroidir l'eau avant l'entonnage, et la préserver avec soin des poussières organiques qui pullulent et voltigent toujours dans un atelier condamné à rester constamment humide et attiédi. (1) La conservation de l'eau serait, paraît-il, plus assurée dans des récipients en fer galvanisé, car l'oxyde métallique qui se forme lentement et se précipite entraîne tous les microorganismes. Nous n'y contredisons certainement pas; mais il ne faut pas oublier que ces traces de rouille deviendraient nuisibles pour certains usages industriels, tels, par exemple, que les mouillages de rhums, eauxde-vie et apéritifs qui ne manqueraient pas de brunir à leur contact. Modification au procédé Falières pour l'essai de l'iodure de potassium; Par M. DELORE, élève en pharmacie. Le procédé Falières, décrit dans le Répertoire de pharmacie, année 1885, page 200, repose sur la réaction qui se produit lorsqu'on met du perchlorure de fer en présence de l'iodure de potassium; à l'ébullition, tout l'iode se dégage, et une quantité correspondante de perchlorure de fer est réduite à l'état de protochlorure : KI+Fe2 CI31+ KCl+2 (Fe CI) M. Falières dose l'iodure de deux façons: 10 titrage par une solution d'hyposulfite de soude, dont le titre est connu, de l'iode dégagé à l'ébullition en présence du perchlorure de fer et recueilli; 2o titrage, par différence, au moyen d'une solution d'hyposulfite de soude, du perchlorure de fer réduit. Dans l'un et l'autre cas, par de très simples calculs, on passe à la quantité pour cent d'iodure pur contenue dans l'iodure essayé. La réaction finale est très nette, caractéristique. Mais on connaît l'inconvénient des solutions d'hyposulfite; s'altérant très rapidement, elles doivent être titrées chaque fois que l'on veut s'en servir; c'est pour cela que, dans le procédé décrit en second lieu par M. Falières, on est obligé, à chaque nouveau dosage d'iodure, de titrer: 1o la solution de perchlorure de fer seule; 2o la même solution lorsqu'elle a été réduite en partie par une certaine quantité d'iodure chimiquement pur; 3o le perchlorure de fer restant après addition de l'iodure à essayer. D'où trois dosages successifs ou simultanés, qu'on est obligé de répéter deux ou trois fois pour plus grande exactitude. Depuis quelque temps, j'emploie un procédé un peu différent de celui de M. Falières : au lieu de titrer par l'hyposulfite de soude le perchlorure de fer qui a été réduit, je titre par le permanganate de potasse le protochlorure de fer formé. Pour effectuer ce titrage, il convient de préparer d'abord les deux solutions suivantes : N 1° Solution de permanganate de potasse-10, c'est-à-dire 3 gr. 156 par litre (en pratique 3 gr. 16 ou 3 gr. 17 à faire dissoudre dans un litre d'eau). Il est nécessaire de titrer cette solution au moyen du fer pur. Pour cela, 0 gr. 56 de fil de clavecin, ou plutôt 0 gr. 563, car le fil de clavecin contient environ 0,5 pour 100 d'impuretés, sont dissous dans quelques centimètres cubes d'acide sulfurique ou chlorhydrique étendus, à l'aide d'une légère chaleur et à l'abri de l'air; on étend la solution à 100 centimètres cubes exactement au moyen d'eau distillée. 10 centimètres cubes de solution ferreuse, correspondant à 0 gr. 056 de fer au minimum, sont exactement peroxydés par 10 centimètres cubes 2 de perman 2o Solution de perchlorure de fer à 1,5 pour 100 ou contenant environ 6 pour 100 de solution officinale de perchlorure de fer. Ayant dissous 1 gramme d'iodure à essayer dans une quantité d'eau exactement égale à 100 centimètres cubes, on prend 20 centimètres cubes de cette solution, ou 20 centigrammes d'iodure, que l'on introduit dans un ballon à fond plat avec 20 centimètres cubes de solution ferrique et 20 parties d'acide chlorhydrique, ainsi que de l'eau en quantité suffisante pour obtenir à peu près 60 centimètres cubes de liqueur; on porte celle-ci à l'ébullition, et on la maintient à cette température jusqu'à expulsion de toute trace d'iode. Il s'est formé, en même temps que l'iode se dégage, du protochlorure de fer en quantité proportionnelle à la quantité d'iodure pur que contient l'iodure essayé. En effet, la réaction K I + Fe2 Cl3 = I + K Cl + 2 (Fe Cl) montre que, pour l'équivalent d'iode pur, il se forme deux équivalents de protochlorure de fer; autrement dit, 166.1 d'iodure de potassium pur correspondent à 56 de fer au minimum. Après refroidissement de la liqueur à l'abri de l'air, on y verse du permanganate de potasse, au moyen de la burette décime, jusqu'à coloration rose manifeste. La quantité de permanganate employée correspond donc au protochlorure de fer. Pour exactitude complète, on titre une seconde fois. Soit, par exemple, 11 centimètres cubes 8 de permanganate employé. Pour savoir, avec le plus de précision possible, la quantité de permanganate qui correspond au protochlorure, pour éliminer toutes les causes d'erreur pouvant provenir des matières étrangères contenues quelquefois dans le perchlorure de fer et l'acide chlorhydrique des laboratoires, on a soin de faire bouillir à part, en présence d'une vingtaine de gouttes d'acide chlorhydrique, 20 centimètres cubes de solution de perchlorure de fer; on ajoute, au moyen de la burette décime, du permanganate, jusqu'à coloration rose; soit, par exemple, o centimètre cube 4. La quantité de permanganate qui correspond au fer au minimum est donc exactement la différence des deux volumes employés 11.8 −0.4—11 centimètres cubes 4. D'après une simple proportion, sachant que 10 centimètres cubes 2 de caméléon correspondent à 0,56 de fer, |