Qu'ils se plaignent sans cesse et qu'ils sont trop heureux ; Où mon cœur, respirant sous un ciel étranger, Que la liberté sainte appelle sa patrie; Romans, berceau des lois, vous Grenoble et Valence, Vit naître le soleil avec la liberté! III. LA LIBERTE. La liberté Fut, comme Hercule, en naissant invincible. De rampants messagers des dieux Teignirent de sang venimeux Son berceau formidable et ses langes guerrières. I. A MARIE-JOSEPH DE CHÉNIER*. Mon frère, que jamais la tristesse importune Va remplir à la fois la scène et la tribune : Que les grandeurs et la fortune Te comblent de leurs biens, aux talents mérités. Que les muses, les arts toujours d'un nouveau lustre Embellissent tous tes travaux; Et que, cédant à peine à ton vingtième lustre, De ton tombeau la pierre illustre S'élève radieuse entre tous les tombeaux. 11. STROPHE. O mon esprit! au sein des cieux, Loin de tes noirs chagrins, une ardente allégresse Te transporte au banquet des dieux ; Lorsque ta haine vengeresse, * Voyez dans notre collection le volume qui contiendra les œuvres choisies de Marie-Joseph de Chénier. Note de l'éditeur. Rallumée à l'aspect et du meurtre et du sang, Qu'au défaut de la foudre, esclave du plus fort, Par qui la France, aveugle et stupide victime, ANTISTROPHF. Tu crois, d'un éternel flambeau Déjà tu penses voir, des bouts de l'univers, Comme autrefois tes Grecs accouraient à des jeux, ÉPODE. Vain espoir! inutile soin! Ramper est des humains l'ambition commune ; Qui fait juste celui qu'elle fait tout-puissant. Qui donne et l'honneur et la gloire. Teint du sang des vaincus, tout glaive est innocent. STROPHE. Que tant d'opprimés expirants Aillent aux cieux réveiller le supplice; Que sur ces monstres dévorants Son bras d'airain s'appesantisse ; Qu'ils tombent; à l'instant vois-tu leurs noms flétris, Par leur peuple vénal leurs cadavres meurtris, Et pour jamais transmise à la publique ivresse Ta louange avec leur bassesse. Mais si Mars est pour eux, leurs vertus, leurs bienfaits Sont bénis de la terre entière. Tout s'obscurcit auprès de la splendeur guerrière; Elle éblouit les yeux, et sur les noirs forfaits ANTISTROPHE. Dès lors l'étranger étonné Se tait avec respect devant leur sceptre immense ; Nous voue à la risée, à l'opprobre, aux tourments ; Humains, lâche troupeau... Mais qu'importent au sage Votre blâme, votre suffrage, Votre encens, vos poignards, et de flux en reflux |