Sans-souci! . . . ce doux nom d'un favorable augure Et du nom d'un moulin honora son palais. Il fallait sans cela renoncer à la vue, Rétrécir les jardins et courber l'avenue. "Il nous faut ton moulin, que veux-tu qu'on t'en donne? Mon vieux père y mourut, mon fils y vient de naître ; Il rit, et se tournant vers quelques courtisans ; LV. PRIÈRE D'Enfant. Mon Dieu! Toi qui fis toutes choses, A l'heure où le jour qui s'achève Que ta main soutient, encourage, Ceux qui font toujours leur devoir ! ANDRIEUX. Docile, obligeant, serviable, Je veux honorer mon prochain, Car j'ai le désir de bien faire, E. JOEL, of Mason's College, Birmingham. LVI. LE GENDRE DE M. POIRIER. VERDELET.-Dans mes bureaux! vous, un gentilhomme! LE DUC.-Tu feras comme les nobles bretons qui déposaient leur épée au parlement avant d'entrer dans le commerce; et qui venaient la reprendre après avoir rétabli leur maison. VERDELET.-C'est bien, monsieur le marquis. POIRIER (à part).—Exécutons-nous.1 (Haut.) C'est très-bien, mon gendre, voilà des sentiments véritablement libéraux. Vous êtes digne d'être un bourgeois. Nous pouvons nous entendre, faisons la paix et restez chez moi. 2 GASTON.-Faisons la paix, je le veux bien, monsieur. Quant à rester ici, c'est autre chose. Vous m'avez fait comprendre le bonheur du charbonnier qui est maître chez lui. Je ne vous en veux pas,3 mais je m'en souviendrai. POIRIER.-Et vous emmenez ma fille? vous me laissez seul dans mon coin? ANTOINETTE.-J'irai vous voir, mon père. 4 Le GASTON.-Et Vous serez toujours le bienvenu chez moi. POIRIER.-Ma fille va être la femme d'un commis-marchand! VERDELET.-Non, Poirier; ta fille sera châtelaine de Presles. château est vendu depuis ce matin, et, avec la permission de ton mari, Toinon, ce sera mon cadeau de noces. ANTOINETTE.-Bon Tony! . . . Vous me permettez d'accepter, Gaston? GASTON.-Monsieur Verdelet est de ceux envers qui la reconnaissance est douce. VERDELET.-Je quitte le commerce, je me retire chez vous,5 monsieur le marquis, si vous le trouvez bon, et nous cultiverons vos terres ensemble; c'est un métier de gentilhomme. Tous les POIRIER.-Eh bien! et moi? . . . on ne m'invite pas? 7 8 VERDELET.-Pardieu, tu n'as que cela à faire, car tu es guéri de ton ambition je pense. POIRIER.-Oui, oui. (A part) Nous sommes en quarante six. Je serai député de l'arrondissement de Presles en quarante-sept . . et pair de France en quarante-huit.-EMILE ANGIER, Act IV., Scene 4. 1. Let us resign ourself. 2. understand each other. 3. I have no ill-will towards you. 4. a clerk. 5. I go and live with you. 6. if you allow me. 7. well. 8. of course. LVII. LES PRODIGALITÉS D'HARPAGON. HARPAGON, VALÈRE, MAÎTRE JACQUES. HARPAGON.-Valère, aide-moi à ceci. Or çà, maître Jacques, approchez-vous; je vous ai gardé pour le dernier. Me. JACQUES.-Est-ce à votre cocher, monsieur, ou bien à votre cuisinier que vous voulez, parler? car je suis l'un et l'autre. HARPAGON.-C'est à tous les deux. Me. JACQUES.-Mais à qui des deux le premier? Me. JACQUES.-Attendez donc, s'il vous plaît. (Maître Jacques ôte sa casaque de cocher et paraît vêtu en cuisinier.) HARPAGON.-Quel diantre de cérémonie est-ce cela? Me. JACQUES.-Vous n'avez qu'à parler. HARPAGON. Je me suis engagé, maître Jacques, à donner ce soir à souper. Me. JACQUES (à part).—Grande merveille! HARPAGON.-Dis-moi un peu, nous feras-tu bonne chère? Me. JACQUES.-Oui, si vous me donnez bien de l'argent. HARPAGON.-Que diable, toujours de l'argent! Il semble qu'ils n'aient autre chose à dire de l'argent, de l'argent, de l'argent! Ah! ils n'ont que ce mot à la bouche, de l'argent! Toujours parler d'argent! Voilà leur épée de chevet, de l'argent! VALÈRE.-Je n'ai jamais vu de réponse plus impertinente que celle-là. Voilà une belle merveille que de faire bonne chère avec bien de l'argent ! C'est une chose la plus aisée du monde, et il n'y a si pauvre esprit qui n'en fît bien autant; mais, pour agir en habile homme, il faut parler de faire bonne chère avec peu d'argent ! Me. JACQUES.-Bonne chère avec peu d'argent! VALERE.-Oui. Me. JACQUES (à Valère).— Par ma foi, monsieur l'intendant, vous nous obligerez de nous faire voir ce secret, et de prendre mon office de cuisinier ; aussi bien vous mêlez-vous souvent d'être le factotum ? HARPAGON.-Taisez-vous! Qu'est-ce qu'il nous faudra? Me. JACQUES.-Voilà monsieur votre intendant, qui vous fera bonne chère pour peu d'argent. HARPAGON.-Aïe! je veux que tu me répondes. Me. JACQUES.-Combien serez-vous de gens à table? HARPAGON.-Nous serons huit ou dix; mais il ne faut prendre que huit. Quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix. VALERE.-Cela s'entend. Me. JACQUES. Eh bien! il faudra quatre grands potages et cinq assiettes. Potages. . . Entrées . . . ... HARPAGON.-Que diable! voilà pour traiter toute une ville entière. HARPAGON (mettant la main sur la bouche de maître Jacques).—Ah! traître, tu manges tout mon bien. Me. JACQUES.-Entremets. HARPAGON (mettant encore la main sur la bouche de maître Jacques).— Encore. VALERE (à maître Jacques).-Est-ce que vous avez envie de faire crever tout le monde? et monsieur a-t-il invité des gens pour les assassiner à force de mangeaille? Allez-vous-en lire un peu les préceptes de la santé, et demander aux médecins s'il y a rien de plus préjudiciable à l'homme que de manger avec excès. HARPAGON.-Il a raison. VALERE.-Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c'est un coupe-gorge qu'une table remplie de trop de viandes; que, pour se bien montrer ami de ceux que l'on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu'on donne; et que, suivant le dire d'un ancien, il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. HARPAGON.-Ah! que cela est bien dit! approche, que je t'embrasse pour ce mot. Voilà la plus belle sentence que j'aie entendue de ma vie : il faut vivre pour manger, et non pas manger pour vi .. Non, ce n'est pas cela. Comment est-ce que tu dis? VALÈRE.-Qu'il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger. HARPAGON (à maître Jacques).-Oui. Entends-tu? (A Valère.) Qui est le grand homme qui a dit cela? VALERE.-Je ne me souviens pas maintenant de son nom. HARPAGON.-Souviens-toi de m'écrire ces mots; je les veux faire graver en lettres d'or sur la cheminée de ma salle. |