13 · Hale13 la planche, timonier, en avant! 14 Et le vapeur reprit sa route à la grande stupéfaction du chasseur, pendant que le capitaine, faisant un porte-voix de ses deux mains, criait de toutes ses forces: 2. supercargo. 1. Speak to Coco. 3. whom every one on board called captain. 4. sergeant of the 13th regiment of "Chasseurs." 5. in which green wood is burning. 6. would manage. 7. He had at heart. 8. on the fore part of the boat. 9. went on. 10. land. 11. paddle-box. 12. gangway. 13. take away. 14. speaking-trumpet. XXIV. LE ROI DE PRUSSE ET LE DR. GALL. Il y avait fête à Potsdam; toute la Prusse s'était réunie et paradait devant le roi Frédéric. Parmi tous ces collets brodés, un homme seul attira les regards du roi et captiva son attention: c'était un grand vieillard à la figure osseuse, à la tête originale. Frédéric ne le connaissait pas. Il fit appeler le maréchal du palais. Monsieur le duc, lui dit-il, quel est cet homme en habit noir qui s'entretient dans l'embrasure de cette fenêtre avec notre docte chancelier? Sire, c'est un médecin célèbre, le Dr. Gall. Gall! Ah! je veux éprouver par moi-même si ce que j'ai entendu dire de lui est exagéré. Allez de notre part l'inviter à venir demain s'asseoir à notre table. Le lendemain, sur les six heures, un banquet splendide rassemblait le roi, le docteur et une douzaine de personnes chamarrées de croix et de cordons, mais à l'air singulier et aux gestes ignobles. Docteur dit Frédéric à la fin du repas, veuillez, je vous prie, faire connaître à tous ces messieurs les penchants qu'indique leur système osseux. Gall se leva, car la prière d'un roi est un ordre, et il se mit à palper la tête de son voisin, grand brun, que l'on traitait de général. Le docteur paraissait embarrassé. - Parlez franchement, ajouta le roi. Son Excellence doit aimer la chasse et les plaisirs bruyants, il doit chérir surtout un champ de bataille; ses penchants s'annoncent comme fort belliqueux; le tempérament est très-sanguin. Le roi sourit. Le docteur passa à un autre; celui-là était un jeune homme à l'œil vif, à l'air éveillé et audacieux, -Monsieur, continua Gall, un peu déconcerté, doit exceller dans les exercices gymnastiques: il doit être grand coureur et on ne peut trouver plus adroit à tous les exercices du corps. - C'est assez, mon cher docteur, interrompit le roi: je vois que l'on ne m'a point trompé sur votre compte, et je vais mettre au grand jour ce que, par convenance, vous n'avez laissé qu'entrevoir. M. le général, votre voisin est un assassin condamné aux fers, et votre homme adroit est le premier escroc de toute la Prusse. Ce disant, Frédéric frappa trois coups sur la table, et à ce signal, des gardes entrèrent de tous côtés dans la salle. Reconduisez ces messieurs à leurs cachots. Puis se retournant vers le docteur stupéfait : C'était une épreuve: vous avez dîné côte à côte avec les premiers bandits de mon royaume! . . . Tenez, fouillez vous bien. Gall obéit. On lui avait enlevé son mouchoir, sa bourse et sa tabatière. Le lendemain, ces objets lui furent remis, et le roi voulut y joindre une tabatière ornée de diamants et d'une valeur considérable. 1. Sent for. 2, is conversing. 3. They had taken from him, XXV. FRÉDÉRIC II. ET LE CONSCRIT. Frédéric le Grand avait coutume,1 toutes les fois qu'un nouveau soldat paraissait au nombre de ses gardes, de lui faire ces trois questions: "Quel âge avez-vous? Depuis combien de temps êtes-vous à mon service? Recevez-vous votre paie et votre habillement comme vous le désirez ?” Un jeune Français désira entrer dans la compagnie des gardes. Sa figure le fit accepter sur-le-champ quoiqu'il n'entendît pas l'allemand. Son capitaine le prévint que le roi le questionnerait dès qu'il le verrait, et lui recommanda d'apprendre par cœur, dans cette langue, les trois réponses qu'il aurait à faire. Il les sut bientôt, et le lendemain, Frédéric vint à lui pour l'interroger; mais il commença par la seconde question, et lui demanda: "Combien y a-t-il de temps que vous êtes à mon service?Vingt-et-un ans," répondit le soldat. Le roi, frappé de sa jeunesse, qui ne le laissait pas présumer qu'il eût porté le mousquet si longtemps, lui dit d'un air de surprise : "Quel âge avez-vous donc ? - Un an." Frédéric, encore plus étonné, s'écria: "Vous ou moi avons perdu l'esprit." Le soldat, qui prit ces mots pour la troisième question, répliqua sans hésiter: "L'un et l'autre, sire. Voilà, dit Frédéric, la première fois que je me suis vu traiter de fou à la tête de mon armée." Le soldat, qui avait épuisé sa provision d'allemand, garda alors le silence; et quand le roi, se retournant vers lui, le questionna de nouveau afin de pénétrer ce mystère, il lui dit en français qu'il ne comprenait pas un mot d'allemand. Frédéric s'étant mis à rire, lui conseilla d'apprendre la langue qu'on parlait dans ses états, et l'exhorta, d'un air de bonté, à bien faire son devoir. 1. It was customary with Frederick the Great. XXVI. L'HONNEUR ET L'ARGENT. Le grand Condé, parlant de l'intrépidité de quelques soldats, disait qu'étant devant une place où il y avait une palissade à brûler, il fit promettre cinquante louis à qui serait assez brave pour faire réussir ce coup de main. Le péril était si apparent que la récompense ne tentait personne. Monseigneur, lui dit un soldat plus courageux que les autres, je vous tiens quitte des cinquante louis que vous promettez si Votre Altesse veut me faire sergent de ma compagnie. Le prince, qui trouva de la générosité dans ce soldat, qui préférait l'honneur à l'argent, lui promit l'un et l'autre. Animé par le prix qui l'attendait à son retour, et résolu d'affronter une mort si glorieuse, il prend des flambeaux, descend dans le fossé, va à la palissade, et la brûle malgré une grêle de mousqueterie dont il ne fut que légèrement blessé. Toute l'armée, témoin de cette action, le voyant revenir, criait " Vivat!" et le comblait de louanges, quand il s'aperçut qu'il lui manquait un de ses pistolets. On lui promit de lui en donner d'autres. "Non, dit-il, il ne me sera point reproché que ces marauds-là profitent de mon pistolet." Il retourne sur ses pas, essuie encore cent coups de mousqueterie,1 prend son pistolet et le rapporte. 1. He retraces his steps, exposes himself to a hundred bullets. XXVII. LES USAGES DE LA TABLE. "Dernièrement, l'abbé Cosson, professeur de belles-lettres au collége Mazarin, me parla d'un dîner où il s'était trouvé quelques jours auparavant avec des gens de cour, des cordons-bleus, des maréchaux de France, chez l'abbé Radonvilliers, à Versailles. Je parie, lui dis-je, que vous y avez commis cent incongruités. - Comment donc ? reprit vivement l'abbé Cosson fort inquiet. Il me semble que j'ai fait la même chose que tout le monde. Quelle présomption! Je gage que vous n'avez fait rien comme personne. Mais, voyons, je me bornerai au dîner. D'abord, que fîtesvous de votre serviette en vous mettant à table? De ma serviette? Je fis comme tout le monde ; je la déployai, je l'étendis sur moi et je l'attachai par un coin à ma boutonnière. - Eh bien! mon cher, vous êtes le seul qui ayez fait cela; on n'étale point sa serviette, on la laisse sur ses genoux. Et comment fites-vous pour manger votre soupe? - Comme tout le monde, je pense : je pris ma cuiller d'une main et ma fourchette de l'autre. Votre fourchette, bon Dieu! personne ne prend de fourchette pour manger sa soupe; mais poursuivons. Après votre soupe, que mangeâtes-vous? - Un œuf frais. Et que fites-vous de la coquille? Comme tout le monde, je la laissai au laquais qui me servait. Sans la casser? Sans la casser. - Eh bien! mon cher, on ne mange jamais un œuf sans briser la coquille; et après votre cuf? - Je demandai du bouilli. - Du bouilli! Personne ne se sert de cette expression; on demande du boeuf et point du bouilli; et après cet aliment? Je priai l'abbé de Radonvilliers de m'envoyer d'une très-belle volaille. Malheureux de la volaille! On demande du poulet, du chapon, de la poularde; on ne parle de volaille qu'à la basse-cour. Mais vous ne dites rien de votre manière de demander à boire. — J'ai, comme tout le monde, demandé du champagne, du bordeaux, aux personnes qui en avaient devant elles. Sachez donc qu'on demande du vin de Champagne, du vin de Bordeaux. . . . Mais dites-moi quelque chose de la manière dont vous mangeâtes votre pain. Certainement à la manière de tout le monde ; je le coupai proprement avec mon couteau. - Eh! on rompt son pain, on ne le coupe pas. Avançons. Le café, comment le prêtes-vous ? Oh! pour le coup, comme tout le monde; il était brûlant, je le versai, par petites parties, de ma tasse dans ma soucoupe. - Eh bien! vous fîtes comme ne fit sûrement personne : tout le monde boit son café dans sa tasse et jamais dans sa soucoupe. Vous voyez donc, mon cher Cosson, que vous n'avez pas dit un mot, pas fait un mouvement, qui ne fût contre l'usage. L'abbé Cosson était confondu, continua M. Delille. Pendant six semaines, il s'informait à toutes les personnes qu'il rencontrait de quelques-uns des usages sur lesquels je l'avais critiqué." M. Delille lui-même les tenait d'une dame de ses amies, et avait été longtemps à se trouver ridicule dans le monde, où il ne savait comment s'y prendre pour boire et manger conformément à l'usage. XXVIII. BATAILLE DE MARENGO. Pendant la bataille de Marengo (14 Juin, 1800), j'étais à Alexandrie, prisonnier et blessé. De mon lit, j'entendais très-bien la bataille; et d'après l'éloignement et le rapprochement du feu, je pouvais juger quel était celui des deux partis qui faisait des progrès. C'était une cruelle position. Mon frère et le lieutenant Hulot, mes aides de camp, et le docteur Cothenet, mon chirurgien, allaient tour à tour faire le guet à un observatoire placé au-dessus du palais épiscopal, où je logeais. Là, munis d'une lunette d'approche, ils distinguaient assez bien les mouvements des deux armées et ils venaient ensuite me communiquer leurs remarques. J'étais instruit ainsi de l'état de la bataille aussi bien que possible, sans y assister, et je passais tour à tour de la crainte à l'espérance. J'eus de la crainte jusqu'à quatre heures du soir environ, lorsque les grenadiers de la garde purent, au milieu de la plaine, former le carré et arrêter l'élan de la cavalerie ennemie. Un instant après, on me dit que le combat était vivement engagé à Castel-Ceriolo. J'en tirai la conséquence1 que le premier Consul avait changé son ordre de formation, et qu'avec des troupes fraîches, il tâchait de ressaisir la victoire. Mon espoir augmentait d'heure en heure, lorsque, vers sept heures, un vieux chirurgien-major autrichien, qui venait souvent me voir, entra dans ma chambre et me parut plus gai que je ne croyais le trouver. Eh bien! docteur, lui dis-je; comment vont les affaires ? · Ah! général, quelle bataille! Nous ne savons où placer les blessés : déjà nous en avons plus de cinq mille; et quoique l'affaire soit finie, à tout instant ils arrivent encore par centaines. Notre brave général Haddick est du nombre (il mourut quelques jours après), plusieurs autres généraux et quantité d'officiers. Votre perte est aussi considérable. - Mais de quel côté est la victoire ? Du nôtre, général, et elle nous console du prix qu'elle nous a coûté. - En êtes-vous bien sûr, docteur ? Sans aucun doute. Le général Mélas vient de rentrer, et vous avez pu entendre, il n'y a qu'un instant, son état-major passer dans la rue. C'était vrai. Cependant j'entends encore le canon? -Ce ne peut être qu'une arrière-garde française que le général Zach poursuit. Mais pourtant le canon ne s'éloigne pas, il se rapproche au contraire, et s'il y a une arrière-garde d'engagée, il me paraît que ce doit être la En effet, pendant notre conversation, le feu augmentait toujours et se rapprochait. Mon docteur commence à être inquiet; il sort. A onze heures du soir, il revient tout consterné. Nous sommes perdus ! s'écrie-t-il, nos troupes repassent le pont en ce moment. On avait cru la bataille gagnée, et comme je vous l'avais dit, le général Mélas rentrait à Alexandrie, quand on vient lui annoncer tout à I |