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1583. briser les derniers et faibles ressorts de l'ordre social. Mirabeau comprit toute l'étendue du danger. Il vit en frémissant les désastres qui allaient résulter d'un aveugle esprit d'opposition, et vint noblement au secours du roi, de son ministre, du repos de la France et de l'honneur français. Voici par quels mouvemens animés il termina son discours :

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« Oh! si des déclarations moins solennelles ne garantissaient pas notre respect » pour la foi publique, notre horreur pour »l'infâme mot de banqueroute, j'oserais scruter les motifs secrets et peut-être, » hélas! ignorés de nous-mêmes, qui nous » font si imprudemment reculer au moment » de proclamer l'acte d'un grand dévoûment, » certainement inefficace, s'il n'est pas ra»pide, et vraiment abandonné. Je dirais à >> ceux qui se familiarisent peut-être avec » l'idée de manquer aux engagemens publics, » par la crainte de l'excès des sacrifices, » par la terreur de l'impôt... qu'est-ce donc » que la banqueroute, si ce n'est le plus » cruel, le plus inique, le plus illégal, le plus désastreux des impôts ... Mes amis, » écoutez un mot, un seul mot.

» Deux siècles de déprédations et de

»brigandages ont creusé le gouffre où le 1789. » royaume est près de s'engloutir. Il faut le » combler ce gouffre effroyable! eh bien! voici » la liste des propriétaires français. Choisis»sez parmi les plus riches, afin de sacrifier » moins de citoyens; mais choisissez : car ne » faut-il pas qu'un petit nombre périsse pour sauver la masse du peuple? Allons, ces deux mille notables possèdent de quoi » combler le déficit. Ramenez l'ordre dans vos finances, la paix et la prospérité dans » le royaume.... Frappez, immolez sans pi»tié ces tristes victimes! précipitez-les dans » l'abîme... il va se refermer... Vous reculez d'horreur... Hommes inconséquens! hommes pusillanimes! Ah! ne voyez-vous » donc pas qu'en décrétant la banqueroute, ou, ce qui est plus odieux encore, en la » rendant inévitable sans la décreter, vous » vous souillez d'un acte mille fois plus crimi»nel, et, chose inconcevable! gratuitement » criminel; car, enfin, cet horrible sacrifice » ferait au moins disparaître le déficit. Mais * croyez-vous, parce que vous n'aurez pas » payé, que vous ne devrez plus rien ? Croyez-vous que les milliers, que les millions » d'hommes qui perdront en un instant, par l'explosion terrible, ou par ses contre-coups,

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1789.

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> tout ce qui faisait la consolation de leur vie, >> et peut-être leur unique moyen de la sus» tenter, vous laisseront paisiblement jouir » de votre crime? Contemplateurs stoïques > des maux incalculables que cette catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront comme » tant d'autres, et d'autant plus rapidement » qu'elles seront plus violentes, êtes-vous » bien sûrs que tant d'hommes sans pain » vous laisseront tranquillement savourer les >> mets dont vous n'aurez youlu diminuer ni » le nombre ni la délicatesse ?... Non, vous

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» périrez, et dans la conflagration universelle » que vous ne frémissez pas d'allumer, la >> perte de votre honneur ne sauvera pas une » seule de vos détestables jouissances.

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» Voilà où nous marchons.... J'entends parler de patriotisme, d'élan du patriotisme, d'invocations du patriotisme. Ah! >> ne prostituez pas ces mots de patrie et de patriotisme! Il est donc bien magnanime, >> l'effort de donner une portion de son re>> venu pour sauver tout ce qu'on possède! » Ah! messieurs, ce n'est là que de la sim>ple arithmétique, et celui qui hésitera ne >> peut désarmer l'indignation que par le

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mépris que doit inspirer la stupidité. Oui, » messieurs, c'est la prudence la plus ordi» naire, la sagesse la plus triviale, c'est votre » intérêt le plus grossier que j'invoque. Je » ne vous dis plus, comme autrefois : Donnerez-vous les premiers aux nations le spectacle d'un peuple assemblé pour man» quer à la foi publique! Je ne vous dis plus : » Eh! quels titres avez-vous à la liberté;

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quels moyens vous resteront pour la main

tenir, si, dès votre premier pas, vous sur» passez les turpitudes des gouvernemens les plus corrompus; si le besoin de votre con> cours et de votre surveillance n'est pas le garant de votre constitution? Je vous dis : » Vous serez tous entraînés dans la ruine » universelle, et les premiers intéressés au »sacrifice que le gouvernement vous de» mande, c'est vous-mêmes!

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» Votez donc ce subside extraordinaire, » et puisse-t-il être suffisant! Votez-le, parce » que, si vous avez des doutes sur les moyens (doutes vagues et non éclaircis), vous n'en

» avez pas sur sa nécessité et sur notre im» puissance à le remplacer, immédiatement du moins. Votez-le, parce que les circóns>tances publiques ne souffrent aucun retard, et que nous serions comptables de

1789.

1789.

Discussion au 'sujet de la ligne

au trône.

(16 septemb.)

» tout délai, Gardez-vous de demander du » temps, le malheur n'en accorde jamais... - » Eh! messieurs, à propos d'une ridicule >> motion du Palais-Royal, d'une risible in»surrection qui n'eût jamais d'importance que dans les imaginations faibles, ou les desseins pervers de quelques hommes de >>> mauvaise foi, vous avez entendu naguère >> ces mots forcenés : Catilina est aux portes de » Rome, et l'on délibère! et certes, il n'y avait » autour de nous ni Catilina, ni périls, ni factions, ni Rome... Mais aujourd'hui la ban

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queroute, la hideuse banqueroute est là; » elle menace de consumer, vous, vos proprié

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tés, votre honneur, et vous délibérez !... » Entrainée par ce discours, l'assemblée vota la contribution du quart du revenu.

Lorsqu'il fut question, à l'assemblée nade succession tionale, de la ligne de succession au trône, le marquis de Sillery, personnellement attaché au duc d'Orléans, demanda, dans un discours fort étudié, que les Bourbons d'Espagne fussent exclus de leurs droits d'hérédité en vertu des renonciations faites par Philippe V, chef de la branche espagnole.

Le comte de Mirabeau appuya cette proposition: il paraissait évident aux esprits les moins ombrageux qu'elle avait moins

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