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diplomatie, comme ses généraux, et une diplomatie d'autant plus mêlée aux affaires de l'Europe, qu'à partir de cette époque jusqu'à 1814, elle sera constamment offensive et conquérante. Récapitulons en peu de mots la cause de ce changement.

La révolution, dès ses premiers pas dans la carrière qu'elle s'est ouverte, suscite contre elle l'attention, et bientôt l'animosité des souverains de l'Europe; mais ceux-ci, divisés, tout absorbés par un conflit singulier de prétentions rivales, entretenus d'ailleurs dans des méfiances réciproques par la routine de leurs cabinets, emploient plus de temps à concerter leur nouvelle politique, qu'il ne lui en faut pour se mettre en état de n'en rien avoir à redouter. Cependant pressés par la nécessité et à la voix tant de Louis XVI en péril, qui réclame leur intervention, que de son frère le comte d'Artois, qui les effraie sur leur propre avenir, les champs de l'Italie voient naître leur première ligue; Pavie et Padoue retentissent de leurs premiers manifestes contre la révolution; ils sont prêts à marcher contre elle, et certes le danger est grand, car sont réunis pour l'accabler tous les intérêts qu'elle menace, Louis XVI qu'elle opprime et dépouille, l'émigration qu'elle proscrit, les rois qu'elle effraie, l'opposition intérieure qu'elle n'a pas encore paralysée par la terreur: peutêtre allait-elle succomber, lorsque le voyage et l'arrestation de Varennes la sauvent une première fois.

Ramené captif aux acclamations de toute la France, ne pouvant plus compter sur les sentimens de cette population des provinces, au sujet de laquelle on l'avait bercé de tant d'illusions, retenu et surveillé dans son propre palais, Louis XVI est plus timide, et l'intervention étrangère lui présage désormais plus de périls de la part de son peuple que de secours de la part de ses alliés. Bientôt après d'ailleurs, ilaccepte, jure la constitution, et paraît croire qu'un serment impose au moins le devoir d'essayer d'y être fidèle. Il suit donc à la fois les conseils de la prudence et les inspirations de son honnêteté naturelle, en détournant les souverains alliés de leurs projets d'invasion, en séparant formellement sa politique de celle de ses frères. Dès lors la France n'a plus que des adversaires désunis d'intérêts et de vues. L'émigration et les princes poussent toujours à la guerre, mais Louis y répugne et désavoue leurs démarches ; ils gagnent l'impératrice de Russie, ainsi que le roi de Suède, et ont accès près du roi de Prusse, mais sont repoussés par l'empereur, tout dévoué aux intentions pacifiques de Marie-Antoinette et de Louis XVI. La révolution, son arrogance croissante, ses provocations réitérées, peuvent seules triompher de son éloignement pour les mesures hostiles; mais voilà qu'au moment où il s'y prépare de nouveau, où il vient de reformer une coalition moins unie, moins arrêtée dans ses plans, moins sûre d'une coopération intérieure, mais encore puissante et redoutable, il meurt, et la révolution échappe une seconde fois à un grand danger, ou du moins à une grande lutte..

Ce n'est pas que la mort de Léopold ait dissous la coalition; mais sans compter qu'elle ajourne encore ses opérations, et donne à la France le temps de la prévenir, elle l'enlève à la direction de l'Autriche, pour la faire passer sous celle de la Prusse; et autant cette première puissance offrait un adversaire formidable par l'ensemble et l'unité de ses forces, autant la seconde l'était peu par le caractère per

sonnel du souverain et la disposition morale des sujets. Ainsi condamnée aux revers avant même d'agir, conduite par un généralissime renommé, mais dont une complication singulière de sentimens contraires a fait presque un traître, cette première ligue des souverains les plus puissans du continent de l'Europe vient échouer honteusement dans les défilés de l'Argone; et pour la troisième fois fut sauvée la révolution. Mais cette fois elle le fut avec gloire; sans avoir couru d'aussi grands dangers, ou plutôt, quoiqu'elle en eût couru de bien moindres, elle tirait de son salut une sécurité inespérée et un éclat nouveau: ce n'était plus seulement aux fautes de ses ennemis ou aux faveurs inattendues du hasard qu'elle devait en rendre grace, mais à elle-même, à ses efforts, à l'enthousiasme de ses soldats pour sa cause, à un des siens, à un de ses enfans, le premier en date, et peut-être en génie le second, de ces hommes populaires qu'elle allait livrer par foules à l'admiration du monde, et destinés à remplacer en Europe le prestige des noms héréditaires par le prestige des noms inconnus.

VIII.

DE LA SESSION DE 1828.

LA Chambre de 1828 s'est réunie aux acclamations publiques. Elle était le fruit d'un succès inattendu; elle renversait un régime importun, offensant, inquiétant, méprisable; elle rendait l'avenir au régime constitutionnel. La France respirait. Dans le parti vaincu même, aucun intérêt général, durable, légitime, n'avait vraiment et sérieusement peur. Jamais victoire n'a tant promis en coûtant si peu; jamais on n'a vu renaître à la fois tant de calme et de mouvement, de sécurité et d'espérance.

La session est close; la Chambre est connue. Qu'at-elle fait de nous? Où en est la France?

Bien habile serait celui qui le verrait d'un regard et le dirait d'un mot.

presse

A Paris, au centre des idées et des affaires, écoutez les conversations des hommes habiles, sages, clairvoyans. Le progrès est immense; la session nous a valu tout ce qu'on devait en attendre; une bonne loi contre les fraudes électorales; une loi de la un peu tracassière, mais qui abolit les derniers restes du régime préventif, seul ennemi puissant de la liberté; un essai, timide sans doute, mais le premier, pour mettre en action la responsabilité ministérielle. La Chambre des pairs qu'on redoutait tant, et à bon droit, a compris l'intérêt public et le sien. Le mi

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nistère, en naissant si incertain et si faible, a été conduit à s'engager nettement, au dedans contre les jésuites et l'ancienne administration, au dehors pour la civilisation et l'affranchissement des peuples. Tout n'est pas fait, tout n'est jamais fait; on a fait ce qui fera le reste.

Jésuitiques, ministériels ou libéraux, les journaux de Paris semblent partager, confirmer du moins cette opinion. Les premiers sont désespérés et furibonds; vrai style de vaincus. Les seconds parlent un bon *langage, meilleur de jour en jour; de leur part, les paroles sont des actes, ne fût-ce qu'à ce titre qu'elles irritent l'ennemi. Parmi les derniers, quelques-uns se plaignent, murmurent, harcèlent; la plupart soutiennent, ou encouragent, ou ménagent. Voyez même comme, après la plus légère, houtade, au moindre péril, les plus taquins se replient et se rallient. Il est clair que, bon gré mal gré, tous sont rédigés au milieu d'une intention générale de modération, de prudence, de patience, sous l'empire de cette idée qu'à tout prendre le bien s'opère, qu'il faut se garder de compromettre l'avenir.

Sortez de Paris, dépassez l'atmosphère de Paris; allez dans les départemens, là où naguère les élections se sont faites avec tant d'élan et de sagesse, à Lyon, à Grenoble, à Nîmes, à Rouen; entrez dans les cercles; ouvrez quelques journaux libres, le Précurseur, l'Indicateur. Quelle différence de jugement, de sentiment, de langage! Quelle attente déçue! Quelle surprise impatiente! Quelle humeur près de renaître! On se plaint de la Chambre, on se plaint du ministère; ni l'un ni l'autre n'ont rien fait. L'ancienne administration administre toujours; mêmes

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