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RECUEIL

DE PENSÉES INGÉNIEUSES,

D'Anecdotes Littéraires, Historiques
& Morales,

TIRÉES DES LETTRES

DE MADAME LA MARQUISE

DE SEVIGNÉ,

Avec des Remarques pour l'intelligence
du Texte.

A

GRIGNΝΑΝ.

Et se trouve à PARIS,

Chez DESAINT, rue du Foin.

MDCCLXVIII.

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iij.

AVERTISSEMENT.

L

E Recueil que nous présentons

au Public, contient différens Morceaux tirés des Lettres de Madame la Marquise de Sévigné, qui, par les agrémens de fon esprit, fit les délices du fie cle de Louis XIV, & dont les chefsd'œuvre épistolaires feront éternellement ceux des personnes d'esprit & de goût qui aiment cette naïveté, cet enjouement, cette délicatesse, ce style noble, aifé & négligé que l'on sçait conve nir aux Lettres familieres, & qui caractérisent particulierement celles de cette illuftre Dame. Elle étoit fille de Celse-Benigne de Rabutin, Baron de Chantal, Bourbilly, &c. & de Marie de Coulange. Elle nâquit le 6 Février 1626, & l'année suivante elle perdit fon Pere qui fut tué à la descente des Anglois dans l'Ifle de Rhé. Elle époufa en 1644 Henri, Marquis de Sévigné, d'une très-noble famille de Bretagne, Maréchal de Camp, & Gouverneur de aj

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Fougeres, dont elle eut Charles, Marquis de Sévigné, & Françoise-Marguerite, mariée en 1669 à François Adhémar de Monteil, Comte de Grignan, & Lieutenant Général des Armées du Roi. Son Mari ayant été tué en 1651 par le Chevalier d'Albret dans un combat fingulier, elle s'occupa toute entiere à donner à ses enfans une excellente éducation, & elle y réuffit. Ils mériterent l'un & l'autre la tendresse d'une Mere qui sacrifia à leur intérêt particulier les Partis avantageux que lui auroient procurés les grandes qualités de l'esprit & du corps, dont la réunion faisoit de Madame de Sévigné une personne accomplie. Charles, Marquis de Sévigné, parut avec diftinction dans le mon de, & Mademoiselle de Sévigné, après y avoir brillé par sa beauté, sa sagesse & fon esprit, fut mariée au Comte de Grignan, qui bientôt après fut chargé de commander en Provence pour le Duc de Vendôme qui en étoit Gouverneur, Ce fut pour Madame de Grignan une raison indispensable de se séparer de la plus tendre des Meres; & c'est à cette

séparation que nous sommes redevables de ces Lettres, où cette derniere peint avec tant d'énergie & de vivacité sa tendresse pour une Fille aimable, & la douleur qu'elle ressent d'en être séparée. La répétition de ce sentiment affetueux qui fait le fond essentiel de toutes les Lettres de la Marquise, quoique toujours variée, trouve bien des Censeurs, qui, se lassant de considérer ce phénomene de tendresse maternelle, sont rebutés d'entendre une Mere leur parler fans cesse des perfections de sa Fille &&& de fon amour pour elle. Sans examiner ici fi ce dégoût eft fondé ou non, on a cru devoir, en faveur de ces personnes, peut-être excessivement délicates, rer cueillir en un corps les Pensées ingénieu fes, les Particularités intéressantes, les Anecdotes curieuses, les Instructions utiles & les Plaifanteries fines qui se trouvent comme noyées dans tous les Volumes de Madame de Sévigné. On offre für tout ce Recueil aux Jeunes-Gend moins capables de fentir ce beau naturel, ces expreffions fines & délicates avec lesquelles cette tendre Mere déves

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