sation d'un nouveau bail avec la vie, et l'on s'exhorte à semer de fleurs la route du temps; à laisser au peuple et aux enfans les complimens et les dragées; et à ne compter pour le vrai jour de l'an que celui où l'on est heu reux. Enfin, dans une lettre de pure étiquette, on se contente de souhaiter à la personne qui en est l'objet, des jours aussi nombreux que ses grandes ou ses bonnes qualités, que ses bienfaits ou ses vertus; on ajoute même que ces longs jours lui sont dûs pour le bien de sa famille, de ses amis, de ceux qui l'entourent, et surtout pour l'intérêt des infortunés, dont sa sensibilité et ses largesses sont le soutien, etc., etc. Mais, quelque style que l'on emploie, à quelques lieux communs qu'on ait recours, il ne faut jamais oublier que les fadeurs du jour de l'an sont ce qu'il y a de plus fastidieux au monde; que les complimens de cette solemnité ne sauraient se renfermer dans des bornes trop étroites; qu'enfin là où une phrase suffit, c'est sottise d'en mettre deux. Voltaire était extrêmement concis sur ce point. A l'impératrice de Russie : « Le public fait des vœux pour >> votre prospérité, vous aime et vous >> admire. Puisse l'année 1770 être >> encore plus glorieuse que 1769 ». A Frédéric : « Alcide de l'Alle» magne, soyez-en le Nestor; vivez >> trois âges d'homme ». A M. d'Argental : « Je vous sou>> haite la bonne année, mon cher >> ange; les années heureuses sont >> faites pour vous, etc., etc, ». ...... JE E souhaite à Votre Majesté que votre vie, utile au monde, s'étende au-delà des bornes ordinaires. Aureng-Zebet Muley Ismaël (1) ont vécu l'un et l'autre au-delà de cent cinq ans: si Dieu accorde de si longs jours à des princes infidèles, que ne fera-t-il point pour Stanislas le bienfaisant! Je suis avec un profond respect, etc. Lettre de Mme de Sévigné au comte de BUSSI. BONJOUR, bon an, mon cher Comte : que cette année vous soit plus heureuse que celles qui son passées; que la paix, le repos et la santé vous tiennent lieu de toutes les for tunes que vous n'avez pas, et que vous méritez; enfin, que vos jours désormais soient filés d'or et de soie, etc. Lettre de la méme au même, 1689. JE E commence par vous souhaiter une heureuse année, mon cher cousin: c'est comme (1) Le premier régna dans le Mogol, et le second à Maroc. si je vous souhaitais la continuation de votre philosophie chrétienne; car, c'est ce qui fait le véritable bonheur. Je ne comprends pas qu'on puisse avoir un moment de repos en ce monde, si l'on ne regarde Dieu et sa volonté, où par nécessité il faut se soumettre : avec cet appui, dont on ne saurait se passer, on trouve de la force et du courage pour soutenir les plus grands malheurs. Je vous souhaite donc , mon cousin, la continuation de cette grâce: c'en est une, ne vous y trompez pas; ce n'est point dans nous que nous trou yons ces ressources. Lettres de FLÉCHIER à M. le vice-légat • d'Avignon, 1703. C'EST la raison et l'inclination, Monseigneur, plutôt que la coutume et la bienséance, qui m'engagent à souhaiter à votre Excellence de saintes et heureuses fêtes (1). Je joins mes vœux, pour votre conservation, à ceux des peuples que vous gouvernez avec tant de douceur et de prudence, et je m'intéresse avec eux au bonheur que vous leur procurez. (1) Chez les Italiens, et sur-tout parmi les personnes qui tiennent à la cour de Rome, l'année commence à Noël, et l'on souhaite les bonnes fêtes, Lettre du même à Mme de CauMARTIN, 1705. Je vous souhaite, à ce renouvellement d'année, Madame, tout ce qui peut contribuer à votre satisfaction et à votre repos. Notre vie s'écoule insensiblement ; et il ne nous reste, de ce tems qui passe, que les momens qui nous seront comptés pour l'éternité; nous ne devons desirer de vivre que pour accomplir ce que Dieu demande de nous, et la tranquillité de la vie doit être regardée comme une grâce et une bénédiction de douceur qu'il répand sur nous, et qui nous engage à le servir avec plus de fidélité. Lettre du comte de Bussi à M. l'évêque d'Autun, 1690. BONJOUR, Monsieur, et bonne année : je vous assure que je vous la souhaite aussi heureuse qu'à moi-même, c'est-à-dire que nous ļa passions dans la grâce de Dieu, et en une bonne santé. Je crois que ce sera assez ; car, comme je ne songe pas à être maréchal de France, je ne pense pas, Monsieur, que vous songiez à être cardinal : cependant je suis persuadé qu'il y a bien des gens, dans le sacré collège, fort audessous de votre mérite. |