RÉPONSES AUX LETTRES DE DEMANDE. Lettre de M. d'ARGENSON à M. de Je n'ai point perdu de vue, Monsieur, la demande que vous avez faite de faire passer sur la tête de M. de Saint-Gervais, votre parent, une partie de la pension de 1200 liv. que vous avez sur la cassette. J'ai attendu le moment favorable d'en parler au roi, et S. M. a bien voulu distraire 600 livres de votre pension en faveur de M. de Saint-Gervais, pour le mettre en état de se soutenir à son service. Je serai fort aise si, dans cette affaire, j'ai réussi à vous satisfaire comme je le souhaiterais; mais soyez persuadé qu'il me restera toujours l'envie de trouver de nouvelles occasions de vous faire connaître les senti , mens avec lesquels je suis Monsieur votre, etc. Réponse de Mme de Sévigné à sa fille. Mon dieu, que votre état est violent! qu'il est pressant, et que j'y entre toute entière avec une véritable douleur! Mais, ma fille 5 que les souhaits sont faibles et fades dans de pareilles occasions ! et qu'il est inutile de vous dire que si j'avais encore, comme j'ai eu, quelque somme portative qui dépendit de moi, elle serait bientôt à vous! Je me trouve en petit volume accablée et menacée de mes petits créanciers, et je ne sais même si je pourrai les contenter, comme je l'espérais; car je me trouve suffoquée par l'obligation de payer tout à l'heure cinq mille livres de lods et ventes des terres de madame d'Acigné que j'ai achetées, pour n'en pas payer dix, si j'attendais encore deux ans. Ainsi, me voilà; mais ce n'est que pour vous dire la douleur que me donne mon extrême impossibilité. Votre frère ma paru sensible à votre peine, et je suis sûre qu'il ferait bien son devoir si le temps était comme autrefois, c'est-à-dire, qu'on trouvât à emprunter. Il veut vous parler lui-même, et vous dire comme il pense sur ce sujet. Réponse de VOLTAIRE à M. LEBRUN (1). Je vous ferais, Monsieur, attendre ma réponse quatre mois au moins, si je prétendais la faire en aussi beaux vers que les vôtres; il (1) Il lui avait écrit en faveur de Mlle Corneille. faut me borner à vous dire en prose combien j'aime votre ode et votre proposition: il convient assez qu'un vieux soldat du grand Corneille tâche d'être utile à la petite-fille de son général. Quand on batit des châteaux et des églises, et qu'on a des parens pauvres à soutenir, il ne reste guère de quoi faire ce qu'on voudrait pour une personne qui ne doit être secourue que par les plus grands da royaume. te, Je suis vieux; j'ai une nièce qui aime tous les arts, et qui réussit dans quelques-uns: si la personne dont vous me parlez, et que vous connaissez sans doute, voulait accepter auprès de ma nièce l'éducation la plus honnête elle en aurait soin comme de sa fille; je chercherais à lui servir de père. Le sien n'aurait absolument rien à dépenser pour elle; on lui paierait son voyage jusqu'à Lyon; elle serait adressée à Lyon à M. Tronchin, qui lui fournirait une voiture jusqu'à mon château, ou bien une femme irait la prendre dans mon équipage. Si cela convient, je suis à vos ordres; et j'espère avoir à vous remercier jusqu'au dernier jour de ma vie, de m'avoir procuré l'honneur de faire ce que devait faire M. de Fontenelle. Une partie de l'éducation de cette demoiselle serait de nous voir jouer quelquefois les pièces de son grand-père, et nous lui ferions broder les sujets de Cinna et du Cid. J'ai l'honneur d'être, avec toute l'estime et tous les sentimens que je vous dois, etc. Réponse de VOLTAIRE à Mile CORNEILLE, 1760. Vo OTRE nom, Mademoiselle, votre mérite et la lettre dont vous m'honorez augmentent dans madame Denis et dans moi le desir de vous recevoir, et de mériter la préférence que vous voulez bien nous donner. Je dois vous dire que nous passons plusieurs mois de l'année dans une campagne auprès de Genève; mais vous y aurez toutes les facilités et tous les secours possibles pour tous les devoirs de la religion: d'ailleurs, notre principale habitation est en France, à une lieue de là, dans un château très-logeable, que je viens de faire bâtir, et où vous serez beaucoup plus commodément que dans la maison d'où j'ai l'honneur de vous écrire. Vous trouverez dans l'une et dans l'autre habitations de quoi vous occuper, tant aux petits ouvrages de la main qui pourront vous plaire qu'à la musique et à la lecture. Si votre goût est de vous instruire de la géographie, nous ferons venir un maître qui sera très-honoré d'enseigner quelque chose à la petite-fille du grand Corneille; mais je le serai beaucoup plus que lui de vous voir habiter chez moi. J'ai l'honneur d'être avec respect, etc. Lettre de VOLTAIRE a Mme la princesse de LIGNES, qui lui avait demandé des vers pour le buste de Mme de BRIONNE. Vous ous vous adressez, Madame, à une fontaine tarie, pour avoir un peu d'eau d'Hippocrêne. Je ne suis qu'un vieillard malade au pied des Alpes, qui ne sont pas le mont Parnasse. Ne soyez pas surprise si j'exécute si mal vos ordres. Il est plus aisé de mettre madame de Brionne en buste qu'en vers. Vous avez des Phidias, mais vous n'avez pas d'Homère qui sache peindre Vénus et Minerve. Brionne, de ce buste adorable modèle. Et l'immortalise avec elle. Voilà tout ce que je puis, Madame; mais ne jugez pas sur la faiblesse de ces vers, de la vivacité du respect, etc. Vous FRAGMENS. ous me demandez où je suis, comment je me porte, et à quoi je m'amuse: je suis |