Martial, qu'il a souvent traduit, mais non pas aussi-bien qu'il a imité Catulle. Las! il est mort (pleurez-le, damoiselles), Un autre oiseau, qui n'a plume qu'aux ailes, C'est ce fâcheux Amour, qui, sans compas, Marot n'est pas le seul de nos anciens poëtes qui ait pris le style anacreontique, quoiqu'à vrai dire, aucun ne l'ait eu comme lui. Ecoutez cette ode à Vénus: elle est de du Bellay, chanoine de l'église de Paris. Ayant, après long désir, De peur encore j'en tremble. Au nom de Ronsard, on croit voir fuir les grâces, et sur-tout les grâces anacreontiques. On va lire pourtant de ce Ronsard deux morceaux dont l'un me semble digne de Catulle, et l'autre d'Anacréon. Voici les bois que ma jeune Angelette Cette simplicité naïve ne vaut-elle pas ces tournures métaphysiques que le sentiment ne connut jamais? Ne vaut-elle pas le reproche qu'un amant adresse à son cœur dans ce madrigal de Boileau? Voici les lieux charmants, où mon ame ravie Ces tranquilles moments, si doucement perdus. C'est bien ici que le Misanthrope dirait : Ce n'est que jeu de mots, qu'affectation pure, J'entends les zélateurs de Boileau s'écrier que je lui préfère Ronsard. Non, messieurs : Ronsard n'a fait ni le Lutrin, ni l'Art poétique; mais il a fait un sonnet où il y a du naturel et de la sensibilité; et Boileau a fait un madrigal où il n'y a que de l'esprit. Ce même Ronsard a fait aussi une jolie ode anacreontique; et comme elle n'est pas longue, je la transcris encore. Mignonne, allons voir si la rose, Donc, si vous me croyez, mignonne, Quelle différence y avait-il donc entre les poëtes de ce temps-là, et ceux d'un siècle où le goût fut plus épuré? La justesse et la sûreté du discernement et du choix. L'homme de talent, que le goût n'éclaire pas, fait bien de temps en temps. lorsque l'idée ou le sentiment lui commande, lorsqu'un petit tableau, que lui présente sa pensée, porte avec lui son caractère et sa couleur; et plus ce poëte a de naturel, plus souvent il écrit comme ferait l'homme de goût. Mais à côté d'un morceau exquis, on en trouve chez lui vingt de mauvais, qu'il croyait bons, et que l'homme de goût rejette. Marot conte souvent comme a fait depuis La Fontaine; mais La Fontaine est toujours, pour le moins, aussi bon que Marot quand il est excellent. Au reste, par-tout où une certaine philosophie naturelle sera assaisonnée d'enjouement, la seule verve de la gaieté, la seule grâce de l'indolence, feront produire des chansons anacreontiques. En voici une qui, quoique chinoise, ne laisse pas de ressembler assez aux poésies d'Anacréon. « Que m'importe que les diamants brillent d'un éclat plus vif que le crystal et le verre? Ce qui me frappe, c'est qu'ils ne perdent rien de leur prix pour être dans l'argile. Il en est de même du vin. Il est aussi bon dans une tasse de terre que dans la plus belle coupe de jaspe. Le vin est l'appui de la vieillesse, la consolation de ses maux; plus j'en bois, plus je ris des vains soucis qui tourmentent des dormeurs éveillés. L'empereur, sur son trône, trouve-t-il le vin meilleur que moi? Si son cœur est empoisonné de vices, cent rasades ne lui ôtent pas un remords; et une seule me donne cent plaisirs. Les riches boivent pour boire; et moi, pour appaiser ma soif. Buvons, amis, à tasse pleine. La joie de nos repas n'a jamais coûté un soupir à la vertu. L'amitié et la sagesse sont assises à nos côtés. La bouteille à la main, écoutons leurs leçons. C'est à table que Chuss (sage empereur chinois) reçut leurs couronnes immortelles. Buvons comme lui, et leur main couronnera notre front. >>> 1 Si telle est la philosophie à la Chine, les sages y sont assez heureux. ANALOGIE DU STYLE. Sans compter l'accord de la parole et de la pensée, qui est la première règle de l'art de parler et d'écrire, nous avons encore dans le style plusieurs rapports à observer, lesquels peuvent être compris sous le terme d'analogie. Par l'analogie du style en lui-même, on en |