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et en remettant toujours on se trouve embarrassé dans ses misérables assurances. I1 me paroît que Montpellieren a beaucoup donné au jubilé. Vous connoissez Corbinelli sur l'horreur qu'il a de ces sortes de dehors qu'il appelle des trahisons: je ne sais point précisément comme il a fait en cette occasion, je n'ai osé le questionner; mais il y a long-temps que, considérant l'extrême respect qu'il a pour ce saint mystere, et avec quelle rigueur il en conçoit les préparations, dont il ne veut rien rabattre, je suis tentée de lui dire, bastata meta: car en effet si tous les fideles suivoient ses idées là-dessus, il ne faudroit plus penser à l'exercice extérieur de la Religion. Voilà ce que Dieu lui inspire; et soit lumiere, soit abandonnement, il faut qu'il arrive quelque changement en lui pour déranger ses opinions. M. de Vardes lui a fait la même question que vous me faites sur son jubilé: il y a fort honnêtement répondu, et lui a donné d'un probet autem semetipsum homo, qui peut être cause de grandes réflexions. Voilà tout ce que je vous puis dire: vous connoissez le terrain et vous l'aimez; car, en vérité, plus: on connoît ce cœur-là, et plus on l'admire. Il me paroît que le départ s'approche, je le vois avec douleur; mais que savons-nous ce que la Providence garde à M. de Vardes? Voilà M. de Bussy revenu après dix-huit ans, il a vu le Roi qui l'a reçu parfaitement bien: voici un temps de justice et de clémence, on prend plaisir à faire non-seulement ce qui est bien, mais ce qui est parfaitement bien; ainsi je ne doute pas que le tour de ce pauvre exilé ne vienne, et tout le monde le croit tellement, que si quelque chose peut encore lui faire tort, c'est ce bruit commun. Vous me dites la plus plaisante vérité qu'on puisse entendre, en m'assurant que ces jeunes gens rapporteront de Languedoctoute la politesse qui leur manquoit ici: ils me paroissent comme les Allemands qu'on envoie à Angers pour apprendre la langue; ils étoient Allemands sur le savoir-vivre, et hormis que del'apprendre hors de la Cour se présente ridiculement, il est fort aisé de comprendre qu'ayant eu pendant six mois un aussi bon maître que M. de Vardes, ils y auront plus profité qu'ils n avoient fait pendant toute leur vie. Ce retour laisse un vuide que notre ami remplira fort agréablement; vous nous apprendrez le succès de cette colique d'économie dont la tendresse paternelle doit être la sage-femme. Si vous entendez cette période, à la bonne heure; si elle vous paroît obscure mettez-la sur le compte du pompeux galimathias que vous

nous avez si bien inspiré. Le zele de M. le Chevalierde Grignan est toujours dans toute sa ferveur pour l'affaire que vous savez, il attend les occasions de le mettre en usage; les objections que je vous avois faites ne viennent pas de lui, et j'y avois répondu : en un mot, il est tel que vous l'avez laissé. Il y a des gens qui perdroient beaucoup, s'ils étoient sujets au changement. La santé de ma fille n'est pas de même , elle est bien mieux qu'elle n'étoit quand vous êtes parti, son visage vous feroit souvenir de celui que vous avez vu à Grignan. M. de Grignan et ses filles et son fils, et notre bon Abbé, tout cela est comme on le peut souhaiter. La dévotion de Mademoiselle de Grignan est augmentée et augmentera encore, car elle puise dans une source qui ne tarit jamais. Celle des amitiés de Madame de Verneuil pour moi est à peu près de cette magnificence: elle m'a paru avec ce don de persévérance que nous avons l'une pour l'autre depuis plus de trente ans. Cette liberté de parler ainsi d'une Princesse, et l'antiquité de cette date, m'obligent de finir cet article; je vous dis donc adieu, Monsieur, après vous avoir supplié pourtant de ne pas tant louer le Roi sur cette derniere action que nous vous avons mandée, que vous en oubliez toutes les autres; célébrons toujours son

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grand nom sur la terre et sur l'onde, et Fadmirons dans toutes les occasions. Tout Thôtel de Carnavalet vous aime, et vous estime, et vous embrasse ; je fais mille baise-mains à Madame votre femme et à votre aimable fille Dites nous un peu comme vous êtes avec notre ami: le temps change tant de choses, que je demande toujours ce qu'il opere, persuadée qu'il ne lui faut pas plus de six mois pour faire des réconciliation des brouilleries.

LETTRE III.

A Grignan, vendredi 10 Novembre.

Ο U pensez-vous que je suis, Monsieur? n'avez-vous pas su que j'étois en Bretagne? notre Corbinelli doit vous l'avoir mandé. Après y avoir été six mois chez mon fils, j'ai trouvé qu'il seroit fort joli de venir passer l'hiver ici avec ma fille. Ce projet d'un voyage de cent cinquante lieves, parut d'abord un château en Espagne; mais l'amitié l'a rendu si facile, qu'enfin je l'ai exécuté depuis le 3 d'Octobre jusqu'au 24, que j'arrive au port de Robinet où je suis reçue à bras ouverts de Madame de Grignan, avec tant de joie, d'amitié et dereconnoissance, que je trouvai que je n'étois pas venue encore assez tôt ni d'assez loin. Après cela, Monsieur, dites que l'amitié n'est pas une belle chose! c'est elle qui me fait très souvent penser à vous, et souhaiter de vous revoir encore une fois icien ma vie. Nous y serons tout Thiver et tout l'été: si vous ne trouvez un moment pour nous venir voir, je croirai que vous m'avez oubliée. Vous ne reconnoîtrez pas cette maison, tant elle est embellie; mais vous y retrouverez les maîtrestoujours tout pleins d'estime pourvous, et moi, Monsieur, avec une amitié capable de faire enrager notre ami, et très-digne que vous fassiez cette visite.

LETTREI

A Paris, mercredi premier Mai 16820. Je vous écrivis avant-hier avec une extrême joie, croyant que ce qui étoit répandu par-tout Paris du retour du Prince de Conti à Versailles, fût une vérité; mais j'ai su que j'ai mandé une fausseté, qui est la chose du monde que je hais le plus. Ce Prince est simplement nommé pour être Chevalier à la Pentecôte avec les trois autres, et ne reviendra qu'en ce temps, et Dieu veuille qu'il y demeure ce jour-là. Voilà qui est bien triste, Monsieur,

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