.. Des bords du Rhône, le 7 juillet 1790. TERRE, Terre chérie, Que la Liberté sainte appelle sa patrie! Un jour le voyageur par le Rhône emporté, IAMBE I. CONTRE LES SUISSES DU RÉGIMENT DE CHATEAUVIEUX, RÉVOLTÉS A NANCY, KT FÊTÉS A PARIS D'APRÈS UNE MOTION DE COLLOT-D'HERBOIS 1. SALUT, divin Triomphe! entre dans nos murailles! Par le sang de Desille et par les funérailles Jamais rien de si grand n'embellit ton entrée, S'achemina jadis vers la voûte sacrée Où la gloire donne un tombeau; 1. Voyez page 260, présent volume, l'ode composée sur le même sujet. (Note de l'Éditeur.) 2. Tous les Français ont présent à leur mémoire cet infortuné Desille, officier au régiment des Chasseurs du roi, en garnison à Nancy, et qui périt victime des troubles de cette ville, le 31 août 1790. (Note de l'Éditeur.) Vainqueurs du Fanatisme et de la Calomnie, Un seul jour peut atteindre à tant de renommée; Quelle rage à Coblentz! quel deuil pour tous ces Princes, Excitent contre nous et contre nos provinces Ils voulaient nous voir tous à la folie en proie. Tandis que parmi nous, quel orgueil, quelle joie, Pour vous tous, ô Mortels! qui rougissez encore, De voir des échevins que la Rapée honore, Ces héros, que jadis sur les bancs des Galères 1. Le sens ironique de cet Iambe est sensible par l'opposition que présente ce vers et les trois précédens. Un suppôt de Marat, que l'anarchie de ces tems aurait pu associer à la gloire de nos armées, y contraste avec un vertueux défenseur du droit des peuples. L'un est ce Jourdan, d'Avignon, connu sous le nom de Coupe-téte, et qui, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire, périt sur l'échafaud. L'autre est cet ami éclairé de la liberté qui dès sa plus tendre jeunesse lui consacra son bras et sa vie. Assit un arrêt outrageant, Et qui n'ont égorgé que très-peu de nos frères, Eh bien, que tardez-vous, harmonieux Orphées? Si sur la tombe des Persans Jadis Pindare, Eschyle, ont dressé des trophées, Il faut de plus nobles accens: Quarante meurtriers, chéris de Robespierre, Vont s'élever sur nos autels. Beaux-arts! qui faites vivre et la toile et la pierre, Hâtez-vous, rendez immortels Le grand Collot-d'Herbois, ses cliens helvétiques, La vertu, la taverne, et le secours des piques! 1. Bérénice, fille unique de Magas, roi de Cyrène, avait fait vœu de consacrer à Vénus Zephirienne sa chevelure, à laquelle elle attachait un grand prix, si Ptolémée Évergète, son époux, revenait vainqueur d'une expédition dangereuse. Ptolémée revint, et Bérénice accomplit sa promesse; mais, peu de tems après, ces cheveux se perdirent, on ne sait comment. Évergète, furieux, accusa les prêtres de négligence; alors Conon, de Samos, mathématicien, et habile courtisan, s'avisa de dire que ces cheveux avaient été transportés aux cieux; et, montrant près de la queue du Lion sept étoiles, qui jusque - là n'avaient fait partie d'aucune constellation, il dé Œuvres posthumes. 20 Sont tressés en célestes feux; Par vous l'heureux vaisseau des premiers Argonautes Flotte encor dans l'azur des airs1: Faites gémir Atlas sous de plus nobles hôtes, Que la Nuit de leurs noms embellisse ses voiles; Invoque en leur galère, ornement des étoiles, Au reste, puisque tous les magistrats de la Capitale nous assurent que cette fête n'est rien qu'une fête privée et particulière, et qu'elle n'a aucun des caractères d'une fête publique, on ne peut rien faire de mieux que de les croire : ainsi, il faut soigneusement prévenir tous les citoyens, qui pourraient s'égarer, en s'abandonnant imprudemment à un peu de logique, il faut, dis-je, les prévenir de ne point manquer de foi; et que, malgré toutes les apparences, les ordres qui interrompent le cours habituel des choses, comme clara que c'était la Chevelure de Bérénice. Cette dénomination fut adoptée par les astronomes qui vinrent après lui; et elle est demeurée en usage jusqu'à présent. (Note de l'Éditeur.) 1. Voyez les premiers vers de l'ouvrage de Valerius Flaccus dont nous ne possédons que huit livres, et qui est intitulé: Histoire des Argonautes. (Note de l'Éditeur). 2. Voyez dans les Œuvres anciennes la lettre aux auteurs du Journal de Paris, sur le même sujet. Elle est datée du 27 mars 1792. (Idem.) |