Dieux! De mes serviteurs la cohorte fidèle Me trouvera toujours humain, compatissant, LE BERGER. Et moi, je le maudis cet instant douloureux LE CHEVRIER. Berger infortuné, ta plaintive détresse De ton cœur dans le mien fait passer la tristesse. LE BERGER. Oui, donne et sois maudit: car, si j'étais plus sage... Il dira que chez lui j'ai volé le salaire C'est à moi que lui-même il viendra les ravir. nimmmni IV. LE MALADE. << APOLLON, Dieu sauveur, Dieu des savans mystères, « Dieu de la vie, et Dieu des plantes salutaires, << Dieu vainqueur de Python, Dieu jeune et triomphant, << Prends pitié de mon fils, de mon unique enfant! << Prends pitié de sa mère, aux larmes condamnée, « Qui ne vit que pour lui, qui meurt abandonnée; « Qui n'a pas dû rester pour voir mourir son fils! << Dieu jeune, viens aider sa jeunesse! Assoupis, << Assoupis dans son sein cette fièvre brûlante « Qui dévore la fleur de sa vie innocente ! << Apollon, si jamais, échappé du tombeau, « Il retourne au Ménale avoir soin du troupeau, « Ces mains, ces vieilles mains orneront ta statue << De ma coupe d'onyx, à tes pieds suspendue; « Et, chaque été nouveau, d'un taureau mugissant « La hache à ton autel fera couler le sang. « Eh bien, mon fils, es-tu toujours impitoyable? <<< Ton funeste silence est-il inexorable? <<< Enfant, tu veux mourir? Tu veux, dans ses vieux ans, << Laisser ta mère seule avec ses cheveux blancs? <<--Ma mère, adieu! je meurs; et tu n'as plus de fils. «-Tiens, mon unique enfant, mon fils, prends ce breuvage: << Sa chaleur te rendra ta force et ton courage. «La mauve, le dictame, ont avec les pavots << Mêlé leurs sucs puissans qui donnent le repos. << Sur le vase bouillant, attendrie à mes larmes, « Une Thessalienne a composé des charmes. « Ton corps débile a vu trois retours du soleil «Sans connaître Cérès, ni tes yeux le sommeil: «Prends, mon fils; laisse-toi fléchir à ma prière; « C'est ta mère, ta vieille, inconsolable mère << Qui pleure; qui jadis te guidait pas à pas, << T'asseyait sur son sein, te portait dans ses bras; <<Que tu disais aimer, qui t'apprit à le dire; << Qui chantait, et souvent te forçait à sourire << Lorsque tes jeunes dents, par de vives douleurs, << De tes yeux enfantins faisaient couler des pleurs. << Tiens, presse de ta lèvre, hélas! pâle et glacée, « Par qui cette mamelle était jadis pressée, << Un suc qui te nourrisse et vienne à ton secours, << Comme autrefois mon lait nourrit tes premiers jours. -O coteaux d'Erymanthe! ô vallons! o bocage! «O Vent sonore et frais qui troublais le feuillage, << Et faisais frémir l'onde, et sur leur jeune sein << Agitais les replis de leur robe de lin! << De légères beautés, troupe agile et dansante... << Tu sais, tu sais, ma mère: aux bords de l'Erymanthe, << Là, ni loups ravisseurs, ni serpens, ni poisons! << O visage divin! ô fêtes! ô chansons! << Des pas entrelacés, des fleurs, une onde pure... <<< Aucun lieu n'est si beau dans toute la nature. << Dieux! ces bras et ces fleurs, ces cheveux, ces pieds nus << Si blancs, si délicats: je ne les verrai plus! « Oh! portez, portez-moi sur les bords d'Érymanthe! << Que je la voie encor, cette vierge charmante! << O! que je voie au loin la fumée à longs flots << S'élever de ce toit au bord de cet enclos!... |