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Courage religieux.

Lors de la journée de Malplaquet, en 1709, le maréchal de Villars se trouva assez grièvement blessé pour se faire administrer les sacrements. On proposa de faire cette cérémonie en secret. « Non, dit le maréchal, puisque l'armée n'a pu voir mourir Villars en brave, il est bon qu'elle le voie mourir en chrétien. »

Coureur de nouvelles (Le).

Le métier de coureur de nouvelles n'est pas de création récente, il date de l'invention du journalisme; Renaudot a dû inaugurer la profession.

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chirurgien.

- Moi,» reprit Donzelot ; et il expira. Il expira sur le champ de bataille, comme Epaminondas, comme Turenne, comme Bayard.

(Th. Trimm, Petit Journal.)

Courses rapides.

Le coureur de nouvelles le plus éminent s'appelait Mathieu Donzelot, autrement dit l'Enfonce pavé. Le matin, avant de quitter sa chambre, le père Donzelot consultait le ciel et un baromètre qui décorait sa mansarde; puis il prenait sa caune et son écritoire en disant : « De la pluie! Nous aurons aujourd'hui des gens écrasés en glissant sous les roues des voitures. » Ou bien : « Le temps est à l'orage! Nous constaterons quelques alié-jockey, et, contre l'habitude des cavaliers, nations mentales et quelques cas d'hydrophobie. « Ou enfin : « Sombre! nébuleux ! Beau temps pour le spleen. Faisons la guerre aux suicides! »

Un jour d'émeute, sur la place du Panthéon, il s'installe au milieu d'une grèle de pierres, plume en main, pour enregistrer les événements... Un de ses amis passe là:

«Que faites-vous ici, malheureux? lui crie-t-il, partez, fuyez!

>>

Donzelot, sans l'écouter, tire sa montre, constate minute par minute les phases et les évolutions de l'émeute.

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Carle Vernet était très-adroit et trèsleste. Il montait à cheval comme

un

il passait pour un des meilleurs marcheurs de son temps. On raconte qu'à la suite d'une gageure, il courut au champ de Mars dans un de ces exercices renouvelés du stades antique, et qu'il remporta le prix. En le lui remettant, La Revellière. Lepaux lui aurait dit : « Monsieur Vernet, votre nom est habitué à tous les triomphes. »

(Amédée Durande, Correspondance et biographie de Vernet.)

Courtisans.

Cambyse, roi de Perse, était fort adonné au vin. Un jour un de ses favoris, nommé Prexaspes, lui représenta qu'on trouvait à redire qu'il bût tant: « Je veux te faire voir, lui dit Cambyse, que le vin ne m'ôte ni le jugement ni l'adresse. >> Pour cet effet, après avoir bu plus qu'à l'ordinaire, le tyran ordonne qu'on lui amène le fils du favori, qu'on le lie à un arbre, et s'adressant au père : « Si je ne perce, lui dit-il, le cœur de ton fils avec cette flèche, tu auras raison de dire que j'ai tort de tant boire. » Cambyse tire sur l'enfant, l'atteint, le renverse. Il

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Cliso

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Diodore de Sicile rapporte que si le roi d'Éthiopie perdait par quelque accident un œil, ou un bras ou une jambe, ses favoris et les principaux de sa cour se faisaient aussitôt arracher ou couper cette

Philippe ayant perdu un œil, phus parut devant lui, marchant avec un emplâtre sur le même œil. Dans une autre circonstance Philippe fut blessé à une jambe; aussitôt Clisophus l'accompagna, faisant le boîteux en marchant partie du corps qui lui manquait; cela padevant lui. Si Philippe touchait de quel- rait incroyable. Pour moi je demanderais que aliment d'une saveur acre ou poi-si les favoris et les courtisans du roi d'Égnante, ce flatteur faisait des grimaces thiopie, lorsque ce prince était bon, comme s'il en eût pris sa part. bons, justes et vertueux. juste, vertueux, devenaient comme lui

On se comporte de même au pays des Arabes, mais non par flatterie. Si le roi a quelque mal à l'un ou à l'autre membre, la loi ordonne que tout le monde paraisse avoir la même incommodité.

(Athénée.)

(Saint-Foix, Essais sur Paris.)

La cour de François 1er était à Romorantin, où elle manquait d'espace pour s'abandonner à ses ébats ordinaires. Ce

Le second Denys était myope. Ses flat-pendant, le jour des Rois étant arrivé, le teurs faisaient aussi semblant de ne voir que de près étant à table, et palpaient même les mets qu'on leur servait, comme s'ils les voyaient à peine (1), jusqu'à ce que Denys eût porté les mains aux plats. Denys crachait souvent, et ces flatteurs lui présentaient le visage afin qu'il y crachất....

(Id.)

roi fut informé que le comte de SaintPaul avait fait, en son logis, un roi de la fève. Il l'envoya défier, et, rassemblant quelques-uns de ses gentilshommes, il les avertit qu'il allait à leur tête détrôner le roi couronné par Saint-Paul. Il faisait froid la terre était couverte d'un tapis de neige. Saint-Paul, jaloux de soutenir vaillamment l'assaut de la bande commandée par le roi, fit amonceler dans son hôtel une ample provision de pelotes de neige, des pommes, des œufs et divers autres projectiles du même genre. Le combat eut lieu, comme il convenait entre capitaines, suivant toutes les règles de l'art. Mais bientôt les munitions manquèrent aux assiégés, et ils allaient être réduits à capituler, quand un d'entre eux, saisissant un tison enflammé, le lança par la fenêtre, espérant disperser les en

Un homme voulait gagner la faveur de son roi. Il demanda conseil sur la manière d'y réussir. « Rien n'est plus aisé, lui dit quelqu'un; le moyen de lui plaire est de l'imiter, même dans ses défauts. >> Cet homme ayant remarqué que le roi clignait les yeux, il se mit à l'imiter et à cligner comme lui. Le roi lui dit : Avez-vous mal aux yeux, ou bien avezvous pris un coup d'air? Pourquoi clignez-nemis qui frappaient la porte à coups revous ainsi? Je n'ai pas mal aux yeux et je n'ai pas non plus un coup d'air, ré

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(1) Les courtisans d'Alexandre penchaient également, pour l'imiter, leur tête sur l'épaule. On va voir ce que firent les gentilshommes de la cour de Louis XIV, après la grande opération de la fistule faite an roj.

doublés. Ce tison alla tomber sur la tête de François, et lui fit une large blessure. Le médecin appelé près du roi le contraiguit à livrer au ciseau ses beaux cheveux noirs. C'est alors qu'il laissa croitre sa barhe, comme les Italiens et les Suisses. Quelques semaines après, il n'y avait plus à la cour, à la ville, que des têtes ra

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Lorsque Louis XIV eut été opéré de la fistule, cette maladie devint à la mode. Plusieurs de ceux qui la cachaient avec soin avant ce temps n'ont plus eu honte de la rendre publique; il y a même des courtisans qui ont choisi Versailles pour se soumettre à cette opération, parce que le roi s'informait de toutes les circonstances de cette maladie. Ceux qui avaient quelque petit suintement ou de simples hémorroïdes ne différaient pas à présenter leur derrière au chirurgien pour y faire des incisions. J'en ai vu plus de trente qui voulaient qu'on leur fit l'opération, et dont la folie était si grande, qu'ils paraissaient fâchés lorsqu'on les assurait qu'il n'y avait point nécessité de le faire. (Dionis, Mémoires cités par A. Le Roi.)

Le cardinal de l'Estrées était au dîner du roi. Celui-ci, lui adressant la parole, se plaignit de l'incommodité de n'avoir plus de dents. «Des dents, sire, reprit le cardinal, eh! qui est-ce qui en a ? » Le rare de cette réponse est qu'à son âge, il les avait encore blanches et fort belles, et que sa bouche, fort grande mais agréa

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M. de Langlée a donné à madame de Montespan une robe d'or sur or, rebrodé d'or, rebordé d'or, et par-dessus un or frisé, rebroché d'un or mêlé avec un certain or, qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée. Ce sont les fées qui ont fait cet ouvrage en secret; âme vivante n'en avait connaissance. On la voulut donner aussi mystérieusement qu'elle avait été fabriquée. Le tailleur de madame de Montespan lui apporta l'habit qu'elle lui avait ordonné; il en avait fait le corps sur des mesures ridicules voilà des cris et des gronderies, comme vous pouvez le penser ; le tailleur dit en tremblant: «< Madame, comme le temps presse, voyez si cet autre habit que voilà ne pourrait point vous commoder, faute d'autre. »> On décou vrit l'habit: « Ah! la belle chose! ah! quelle étoffe ! vient-elle du ciel ? Il n'y en a point de pareille sur la terre. » On essaye le corps; il est à peindre. Le roi arrive; le tailleur dit : « Madame, il est fait pour vous. >> On comprend que c'est une galanterie, mais qui peut l'avoir faite? « C'est Langlée, dit le roi. C'est Langlée assurément, dit madame de Montespan; personne que lui ne peut avoir imaginé une telle magnificence. C'est Langlée, c'est· Langlée. Tout le monde répète : « C'est Langlée. » Les échos en demeurent d'accord, et disent: « C'est Langlée. » Et moi, ma fille, je vous dis, pour être à la mode: « C'est Langlée. »>

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(Me de Sévigné, Lettres.)

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Lorsque le Bourgeois gentilhomme fut joué pour la première fois devant Louis XIV, le prince ne s'expliqua point sur cette pièce, et Molière pensait qu'elle n'avait pas réussi. Quelques seigneurs même publiaient qu'elle était détestable. Mais après une seconde représentation, le roi dit à Molière : « Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation, parce que j'ai craint d'ètre séduit par le jeu des acteurs ; mais en vérité, Molière, vous n'avez encore rien fait qui m'ait autant diverti, et votre pièce est excellente. » Aussitôt l'auteur fut ac

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mon visage... Voyez. » En même temps il se lève, et montre son derrière au bon évêque. Celui-ci se dispose aussitôt à s'en aller en disant: « Je vois bien, monsieur, que je ne suis pas propre traiter avec vous. Vos manières et votre rang ne s'accordent pas ensemble; mais je vous enverrai un de mes aumôniers qui sera bien votre fait. » Et il lui envoya Alberoni. Celui-ci fut introduit chez le duc de Vendôme, au moment où il se torchait le derrière. Aussitôt il accourt, se jette à genoux, et s'écrie: « Ah! quel cul d'ange! » Cela plut tellement au duc de Vendome qu'il voulut l'attacher à sa personne et en fit son favori.

(Mme la duchesse d'Orléans, Correspondance.)

L'architecte Mansard usait avec Louis XIV de la flatterie la plus adroite. Il lui présentait quelquefois des plans où il laissait des choses si absurdes, que le roi les voyait du premier coup d'œil; et Mansard de jouer l'admiration, et de s'écrier que le roi n'ignorait rien, et en savait en architecture plus que les maîtres mêmes!

Louis XIV disait un jour au duc de Bouillon: « On vous accuse de manquer tous les jours à vos prières. Sire, on vous trompe; je ne passe jamais un jour sans répéter plusieurs fois : Domine sal-timents, poussait encore plus loin cette vum fac Regem. »

(Improvisateur français.)

A l'époque où M. de Vendôme commandait l'armée en Italie, le duc de Parme lui envoya l'évêque de sa résidence pour traiter avec lui... L'évêque vint avec une grande suite de clergé. Il fut introduit dans la chambre du duc de Vendôme, et le trouva sur sa chaise percée : c'était le trône sur lequel il avait habitude de donner audience. On donna une chaise à l'évêque, afin qu'il pût parler avec lui. L'évêque vit que le visage de M. de Vendôme était très-bourgeonné, et il dit : « Il me semble, monsieur, que vous êtes trèséchauffé; il faut que l'air de ce pays-ci ne soit pas bon.» M. de Vendôme répondit: «C'est bien pis à mon corps qu'à

(1) Le 29 bulletin de la campagne de Russie (1812) disait, après l'énumération rapide de nos pertes : « La santé de sa majesté n'a jamais été

meilleure. >>

(2) On a prêté aussi ce mot à une dame d'honneur de la reine Anne,

Le duc d'Antin, surintendant des bå

espèce de flatterie. Il faisait mettre des calles entre les statues et les socles, afin que le roi venant à passer, s'aperçût de ce défaut. M. d'Antin contestait un peu, se rendait ensuite, et faisait redresser la statue, en avouant, avec une surprise affectée, que le roi se connaissait à tout.

C'est ce même seigneur qui, dans une seule nuit, fit abattre à Petit-Bourg, où le roi était allé coucher, une longue avenue de vieux arbres, dont l'effet avait paru désagréable à sa majesté. Le roi, à son réveil, ayant demandé ce qu'était devenue l'allée, le duc d'Antin lui répondit : « Comment eût-elle osé reparaître devant vous? Elle vous avait déplu. Dans une autre occasion, Louis XIV avait témoigné qu'il désirait qu'on abattit un bois entier qui lui ôtait un peu de vue. M. d'Antin en fit scier tous les arbres près de la racine, de façon qu'ils ne tenaient presque plus : des cordes étaient attachées au pied de chaque arbre, et plus de douze cents hommes se tenaient prêts au moindre signal. Le duc d'Antin savait le jour que le roi de

vait se promener de ce côté avec toute sa cour. Sa majesté ne manqua pas de répéter que ce bois lui déplaisait beaucoup; et le duc affecta de répondre qu'elle n'avait qu'à vouloir, et qu'il serait abattu. << Vraiment, dit le roi, s'il ne tenait qu'à cela, je voudrais que ce fut tout à l'heure. » Au même instant M. d'Antin donne un coup de sifflet, et l'on voit tomber la forêt. Ah! mesdames, s'écria la duchesse de Bourgogne, si le roi avait demandé nos têtes, M. d'Antin les ferait tomber de même. »

(Mém. anecd. des règnes de Louis XIV et de Louis XV.)

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dans les derniers jours de la maladie du roi, lui donna un élixir qui ranima ses forces. Il mangea, et l'empirique assura qu'il guérirait. La foule qui entourait le duc d'Orléans diminua dans le moment. Si le roi mange une seconde fois, dit ce prince, nous n'aurons plus personne. » (Galerie de l'ancienne cour.)

Deux choses me furent racontées par M. Duclos, lors de l'assassinat (la tenta. tive de Damiens) du roi. La première est la singulière arrivée de M. le comte de Sponheim, qui était le duc de Deux-Ponts, et héritier du Palatinat et de la Bavière. Il nous raconta qu'ayant appris à DeuxPonts l'assassinat du roi, il était aussitôt monté en voiture pour se rendre à Versailles : « Mais, dit-il, admirez l'esprit de courtisanerie de ce prince. Il ne trouve pas que ce soit assez, et à dix lieues de Paris, il prend de grosses bottes, monte un cheval de poste, et arrive, claquant son fouet, dans la cour du château : si ce n'était pas de la charlatanerie, et que ce à cheval à vingt lieues d'ici... Et M. de fût une impatience réelle, il aurait monté C., savez-vous son histoire? Le premier jour que le roi a reçu du monde, il s'est tant poussé qu'il est entré un des premiers avec un assez mauvais habit noir; et le roi, l'ayant regardé, s'est mis à rire et a dit : « Voyez donc C. qui a la moitié de la basque de son habit emportée. M. de C. a regardé comme s'il n'en savait rien, et a dit : « Sire, il y a tant de monde qui s'empresse de voir votre majesté, qu'il faut faire le coup de poing pour avancer; et c'est sans doute là ce qui a fait déchirer mon habit. Heureusement qu'il ne vaut pas grand'chose, a dit M. le marquis de Souvré; et vous n'en auriez pas pu choisir un plus mauvais pour le sacrifier. »

(Mme du Hausset, Mémoires.)

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