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Ce zèle sans bornes, qui remettoit à tout le monde, et qui donnoit tout, jusqu'à ses habits, mettoit l'économe de mauvaise humeur, parce qu'il étoit quelquefois embarrassé de fournir à la dépense de sa maison. Il le querelloit alors, et le menaçoit de le quitter. Mais François lui disoit avec sa douceur ordinaire: << vous avez << raison; je suis un incorrigible: et, qui pis est, j'ai << l'air de l'être long-temps. » Quelquefois il lui montroit son crucifix, et lui disoit: << Peut-on rien refuser << à un Dieu qui s'est mis en cet état pour l'amour << de nous ? » L'économe le quittoit tout confus; et quand il rencontroit les autres domestiques, il leur disoit: <<< Notre maître est un saint, mais il nous mè<< nera tous à l'hôpital; il ira lui-même le premier, <<<< s'il continue comme il a commencé. >>

Ce prélat, si rempli de douceur et de charité, ne vouloit pas cependant qu'on laissât le crime impuni, ou qu'on donnât oceasion de le commettre témérairement. Un jour qu'il prêchoit, il apercut un jeune folátre qui chuchotoit à l'oreille d'une fille pendant le sermon. Cette impiété scandaleuse toucha vivement le zélé pontife. « Comment! s'écria-t-il en interrompant << son discours, fera-t-on de la maison de Dieu une << caverne de voleurs et de brutalité? Si vous ne cessez << ces indécentes manières, je vous montrerai au doigt, << et je vous nommerai devant tout le monde. Insul<< tez-moi, outragez-moi, je n'en murmurerai point. << Mais si vous bravez en ma présence le Tout-Puis<< sant, croyez que je ne le souffrirai pas impunément, < et qu'il n'est rien que je ne fasse pour que chacun « se range à son devoir. Voyez CHARITÉ, PIÉTÉ.

FIN.

TABLE

HISTORIQUE ET ALPHABÉTIQUE

DES PERSONNAGES

DONT IL EST PARLÉ DANS CE DICTIONNAIRE.

(Le Chiffre Romain renvoie au Tome, et le Chiffre Arabe indique la page.)

la province de Ghilan en Perse, ce

qui le fait surnommer Ghili parmi

ceux de sa secte. I, 16.

ABDALLA, fils d' Yezid, juriscon-

sulte musulman, eut un grand nom-

bre de disciples; et ses maximes

sont encore en honneur dans les

écoles des Mahometans, parce

qu'elles sont fondées sur le bon

seus et la raison. II, 435.

ABDOLONYME, Ou Abdalonyme,

prince qu'Alexandre-le-Grand don-

na pour roi aux Sidoniens. Quelques

auteurs, qui le nomment Abartho-

mius, disent qu'il étoit simplement

jardinier d'Alexandre; et que ce

conquérant n'eut la fantaisie de le

placer sur le trône, que pour laisser

à la postérité une vaine preuve de

sa grandeur. III, 334.

ABOU-HANIFAH, chef de la
secte qui, de son nom, fut appelée

Hanifite, est le Socrate des Musul-

mans. Il naquit à Coufa, et mou-

rut en prison à Bagdad vers l'an

757 de J. C. II, 443.

ABOU-HATFM, docteur musul-
man, se fit un nom célèbre par sa
piété, et par la confiance avec la-
quelle il comptoit sur les bienfaits
de la Providence. Il ne voulut rien
posséder; et la modération de ses
désirs lui rendoit en effet les riches-
ses inutiles. III, 29.

ABOU-JOSEPH mérita, par son
savoir, les faveurs du calife Ha-
roun-al-Raschild, qui le fit grand-
justicier de Bagdad. Il étoit secta-
teur zélé de la doctrine d'Abou-
Hanifah, et il contribua beaucoup
aux progrès de cette nouvelle secte.
11, 343.

ABRADATE, roi de Suze, moins

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célèbre par ses vertus ou ses exploits, que par la tendresse qu'eut pour lui Panthée son épouse. Cyrus-le-Grand se l'attacha par ses bienfaits. Il fut tué dans une bataille où il combattit vaillamment, vers 548 ans avant J. C. Panthée inconsolable se poignarda sur son corps, et voulut le suivre au tombeau. I, 115, 131. ABRAHAM, père de la nation juive, patriarche célèbre, que sa foi vive a fait appeler le Père des Croyans. Il naquit à Uren Chaldée, 1996 ans avant J. C. Il épousa Sara, qui fut mère d'Isaac à l'âge de 90 ans. Ce fils, l'héritier des promesses de Dieu, avoit environ 25 ans, lorsque le Seigneur ordonna à Abraham de le lui offrir en holocauste. On montre à Rome, dans l'église de S. Jacques, la pierre sur laquelle dit-on, Isaac étoit placé lorque son père étoit près de le frapper. Abraham mourut âgé de 175 ans, laissant plusieurs enfans de plusieurs femmes qu'il avoit épousées après la mort de Sara. II, 249, 497. III, 556.

,

ABRAHAM, évêque de Carrhes, ou Carres, en Mésopotamie, sous l'empire de Théodose II, passa sa jeunesse dans la solitude; et ne la quitta que pour prêcher l'Evangile et extirper les restes de l'idolâtrie. Son zèle fut heureux, et il mourut à la cour de Théodose, qu'il avoit édifiée, ainsi que son troupeau, par ses discours et par ses exemples. III, 61, 354.

ABUBÊCRE-COBBATHI, docteur musulman, qui joignoit à beaucoup de savoir une modestie peu commune, surtout chez ceux qui, comme lui, font profession d'instruire les autres. I, 345. ACHÉUS, capitaine achéen, con. temporain d'Aratus, rendit de grands services à sa patrie, et mérita sa reconnoissance. On lui éleva des statues à Corinthe et ailleurs, et elles furent respectées par les Romains. III, 127.

ACHILLE, tils de Pélée et de Thétis, fut le plus grand des héros qui formèrent le siége de Troie. Cette ville fameuse ne pouvoit être prise sans lui, mais il devoit y périr. Il préféra une vie courte, mais glorieuse, à un grand nombre d'années passées dans l'obscurité. Pour venger la mort de Patrocle son ami, il combattit et tua Hector, fils du roi Priam; mais, percé d'un coup de Mèche au talon, il mourut de sa

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blessure, et fut enterré au promoв toire de Sigée. Homère s'immortalisa en chantant ses exploits, et Alexan. dre-le-Grand houora son tombeau d'une couronne. Heureux Achille! » s'écria ce conquérant d'avoir >> trouvé pendant sa vie un ami >> comme Patrocle, et après sa mort >> un poète comme Homère ! » On a publié un ouvrage intitulé: Ho mericus Achilles, par Drelincourt, où cet auteur a rassemblé tout ce que l'antiquité nous a laissé de plus curieux sur Achille. I, 245. ACTIUS ou ACCIUS (Lucius), poète tragique très-estimé des anciens, qui admiroient dans ses pièces la noblesse des sentimens, la vérité des caractères, l'énergie des expressions; mais son style n'a pas toujours eu des approbateurs; et Perse, ainsi que Martial, tournent en ridicule ceux qui le prenoient pour modèle. Il florissoit environ 171 ans avant J. C. On trouve quelques fragmens de ses vers dans le Corpus poétarum, ou Recueil des anciens poëtes. I, 306. ACYNDINU s(Flavius-Septimius) fut revêtu du consulat d'Orient l'an 340 de J. C. sous le règne de l'empereur Constantin le jeune et de sés fils. Il eut ensuite le gouvernement d'Antioche, l'un des plus importans de l'empire. II, 369. ADAM, père du genre-humain, fut formé le sixième jour de la création. Placé dans un jardin délicieux, il désobéit à Dieu en mangeant du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, à la sollicitation d'Eve sa femme, fnt chassé de cet agréable séjour, condamné à manger son pain à la sueur de son front, et à terminer par la mort une vie douloureuse et pénible, ne laissant pour héritage à sa triste postérité que les maux et la foiblesse attachés à sa nature, mais dont la grace et la bonté divine les auroieut exemptés, s'il eût été fidelle à l'ordre du Seigneur. On dit qu'outre Caïn, Abel et Seth, il eut encore trente enfans. Il etoit âgé de 930 ans lorsqu'il cessadevivre. 1,680. ADHAD EDDOULAT, sultan de Perse, de la race des Bovides ou Dilémites. I, 2y.

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ADMEТЕ, mauvais poète grec, qui avoit la manie des épitaphes. Il en fatiguoit les auditeurs, et leur faisoit désirer de les voir bientôt sur sa tombe. III, 68. ADNAN, famille célèbredansl'histo

des Arabes, par la subtilité et la pé- nétration que possédoient ceux qui la composoient. Il paroît qu'elle jouissoit d'une considération assez distinguée dans le temps où elle florissoit. III, 34.

ADRETS (François de Beaumont, baron des) gentilhomme dauphinois, embrassale parti des Huguenots, après avoir suivi celui des Catholiques. II prit sureux Valence, Vieune, Lyon, dont il fut gouverneur, et plusieurs autres places importantes; mais s'il prouva son courage par ses exploits, il montra bien plus encore sa cruauté par lesbarbaries dont il accompagna ses victoires. Altéré du sang des Catholiques, il faisoit massacrer tous ceux qui tomboient en son pouvoir. Sa férocité inventoit même de nouveaux supplices; et, pour rendre ses enfans aussi barbares que lui, il les força, dit-on, de se baigner dans le sang d'un certain nombre de prisonniers qu'il venoit de faire égorger. Il s'étoit fait protestant par humeur; il redevint catholique par vengeance: il est probable qu'il ne croyoit ni la vraie ni la fausse doctrine, et qu'il n'avoit d'autre divinité que sa fureur. Il mourut détesté de tout le monde, en 1587. Guy Allard a publié sa vie en 1675. (Grenoble, in12.) III, 76.

ADRIEN (Alius), né à Italica, l'an 76 de J. C. fut adopté par Trajan, et lui succéda le 11 août 117. Il honora d'abord la mémoire de son père adoptif, mais plus par politique que par reconnoissance; et ne pouvant l'égaler, il essaya d'anéantir en quelque sorte les monumens de sa gloire et de ses services, en cédant l'Assyrie, la Mésopotamie et l'Arménie qu'il avoit conquises, aux Parthes qui ne les redemandoient pas, et en ordonnant de détruire un pont trèsutile que ce grand prince avoit fait construire sur le Danube. Si ce qu'on dit de son érudition n'est pas exagéré, il eut assurément tous les talens d'un professeur; mais il n'eut pas tous ceux d'un empereur; et peut-être eût-il été mieux placédans unechaire que sur le trône. Ses vertus furent plutôt le fruit de sa réflexion que de son caractère; mais comme il ne ré. fléchissoit pas toujours, il oublia quelquefois sa philosophie, pour ne suivre que le dangereux penchant de son naturel porté à la jalousie et à la cruauté; et si l'on étudie bien le

principe de ses actions publiques, on verra qu'il fut plus curieux de passer pour bon prince que de l'être en effet Il adopta le sage Antonin, et c'est le meilleur usage qu'il ait fait de sa puissance. Il régna près de 21 ans, et mourut en 138.1, 67, 387. --- II, 434, 437. III 69, 86, 193. ADRIEN COMNENE, frère d'Alexis Comnène, empereur de Constantinople. I, 485. AFRANIE, fille cadette du consul Menenius Agrippa et d'Ebusse. I, 148. AGAMEMNON, fils d'Atrée, succéda à son père sur le trône d'Argos et de Mycènes, 'an 1226 avant J. C., et fut déclaré généralissime de l'armée des Grecs qui alloient faire le siége de Troie. Cethonneurluicoûta cher: avant d'arriver devant la ville proscrite, il fut contraint de sacrifier à Diane sa fille Iphigénie dans l'Aulide; et à son retour, Egiste, amant de Clitemnestre sa femme, l'assassina. Oreste, son fils, tua le meurtrier et Padultère Clitevinestre, sa propre mère; mais ce dernier trait de vengeance le livra à des remords qui le rendirent furieux, et qui ont exercé avec succès la verve de plusieurs poètes tragiques anciens et modernes. II, 406. AGAPET 1, pape, succssseur de Jean II, en 535; ne siégea que dix mois sur la chaire de S. Pierre. Théodat, roi des Goths, l'obligea d'aller à Constantinople, pour obtenir de Justinien I des conditions de paix plus tolérables que celles qu'il imposoit; et pour faire ce voyage, le pontife qui n'avoit d'autre bien que sa vertu, fut obligé d'engager quelques-uns des vases sacrés de l'église de Rome. II, 201. AGASICLES, roi de Lacédémone,

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vers

l'an 645 avant J. C. s'appliqua à faire régner la paix dans son petit royaume, et la chose n'étoit pas aisée de son temps, ni dans la ville où il régnoit. S'il eût été despote, on peut présumer, d'après le peu qu'on sait de lui, qu'il eût été le père plutôt que le maître de ses sujets. II, 109, 434.

AGATHON, poète grec, composa des tragédies et des comédies, dout Aristote et Athénée citent quelques vers. Il étoit de Samos, et vivoit dans la 91.e olympiade, c'est-à-dire vers l'an 413 avant J. C. Platon le comptoit au nombre de ses amis les plus intimes. I, 103. II 434.

AGATHOSTRATE, général rhodien,sous le règne de Ptolémée-Philadelphe, roi d'Egypte, vers l'an 284 avant J. C., battit une flotte de ce prince à la hauteur d'Ephèse. I, 40.

AGESILAS II, l'un des plus grands princes qui aient existé, et le plus illustre des rois qui ont monté sur le trône de Lacédémone, réunit les vertus du simple citoyen ettous les talens de l'homme d'état. Si la nature lui refusa les graces du corps, elle lui prodigua celles de P'esprit, avec les qualités du cœur. Politique aussi profond que capitaine habile, il sut employer avec une égale dextérité la ruse ou la force pour humilier ou détruire les rivaux ou les ennemis de Sparte. Durant un règne de 41 ans, ce prince, petit et boiteux, fit trembler tour-à-tour les Grecs et le grand roi de Perse. Les troupes spartaines furenttoujours victorieuses tant qu'il fut à leur tête, et il faisoit encore des conquêtes, il gagnoit d'importantes batailles à l'âge de plus de 80 ans.Sa première et sa principalepassionétoit P'amour de la patrie: il sacrifia ses intérêts les plus chers à sa sûreté ou à sa grandeur. Pausanias son fils eut la foiblesse d'accepter cinquante talens d'or pour favoriser le parti du roi de Perse. Agesilas oublia qu'il étoit père, et ne vit plus dans le jeune prince qu'un ennemi public, qu'il fit mourirde faim. Sa longue administration n'augmenta point sa fortune, et en vrai Spartiate, il fut jaloux d'être pauvre, et ne rougit jamais de le paroître. Il alloit immoler un bœuf sur l'autel de Pallas;un de ces insectes immondes, qui sont l'apanage de la misère, le mordit à l'épaule, et l'empêchoit d'apporter à l'auguste cérémonie une application assez suivie:il s'arrête, saisit l'ennemi et l'écrase devant tout le monde:

Par tous les dieux! dit-il, il faut >>> massacrer les traîtres, même au >> pied des autels.» Il cultiva et farorisa tous les exercices qui peuvent contribuer à donner ou à augmenter les forces et l'adresse du corps; il ne méprisa que l'équitation, qu'il regardoit comme plus convenable aux femmes qu'aux hommes: aussi persuada-t-il à Cynisca, sa sœur, de s'y appliquer; et la princesse profita tellement de son avis, qu'elle osa disputer le prix de la course aux jeux olympiques. Ce roi célèbre mourut 362 ans avant J. C. 1, 6, 35, 138,

255, 310, 335, 346. II, 7, 102, 117, 137, 204, 252, 273, 316, 378,434, 455, 459. III, 146, 210, 259. AGÉSILAS, frère du célèbre Themistocle, fut le Mutius-Scévola des Grecs. Comme ce Romain, il s'introduisit dans le camp de Xerxès pour poiguarder ce prince ennemi de sa patrie; et s'étant mépris, en tuant Mardonius, seigneur persan, au lieu du roi, il punit l'erreur de sa main en la livrant à l'ardeur d'un brasier. Xerxès, ainsi que Porsenna, fut frappé de cet excès de témérité ou de courage: au lieu du supplice qu'il méritoit sans doute, Agésilas eut la liberté de se retirer. I1, 55.

AGÉSIPOLIS II, roi de Lacédémone, fils de Cléombrote II, eut un règne și court, qu'il n'eut pas le temps de l'illustrer. Il ne fut que montré aux Spartiates l'an 371 avant J. C. I, 35. AGIS II, roi de Sparte, ravagea l'Argolide, et se signala dans la guerre du Péloponnèse. On lui attribue une maxime très-vraie, quoique commune, et qui n'est même commune que parce qu'elle est très-vraie. « Je >> plains bien les envieux, disoit-il; >>> la félicité des autres lestourmente >>> autant que leurs propres mal>>> heurs. » Il mourut l'an 427 avant J. C. I, 34, 305. II, 61. III, 91, 98.

AGIS III, roi de Lacédémone, succéda à Archidame II, régna y ans, et ne fut point heureux. Il fut vaincu par Antipater, gouverneur de Macédoine, l'an 330 avant J. C. II, 201. III, 145.

AGIS IV, roi de Sparte, prince trop vertueux pour son temps, voulut réformer les mœurs de Lacédémone, et rappeler l'ancienne sévérité de Lycurgue: mais les esprits des Spartiates n'étoient plus dociles; ses exemples ne touchèrent personne, et ses lois ne firent qu'irriter les citoyens corrompus. Il fut arrêté par surprise, mis en prison,et condamné par les Ephores à être étranglé.11 entendit la lecture de cette inique sentence avec une héroïqueindifférence; et l'un de ses juges lui demandant s'il ne se repentoit pas de ce qu'il avoit fait: "Jamais, répondit-il, >> non, jamais je ne me repentirai >>> d'avoir voulu vous rendre ver>> tueux. Lorsqu'on le menoit au supplice, il dit à un de ses gardes qui pleuroit: «Sèches tes larmes, mon >> ami, ou pleures sur ceux qui me

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