gens que nous devinons ici n'ont plus d'amis parmi nous. Après tout, ce qu'on en apprend ici étoit connu et avoit été publié par d'autres; ce n'est pas d'eux enfin, que nous tenons leur secret. Outre les restitutions de noms et les éclaircissemens de faits, on trouvera des notes destinées seulement à contenter les Amateurs d'histoire et de littérature. Il se peut qu'on les juge superflues; et pourtant l'Éditeur en eût volontiers ajouté beaucoup d'autres. Au surplus, en cherchant à dissiper les nuages qui offusquoient les Amateurs de cette agréable lecture, on n'a pas perdu de vue, que de telles notes devoient être courtes et simples. L'ambition de briller à côté d'une Sévigné, seroit bien maladroite. L'amourpropre suffisoit ici pour nous conseiller le style le plus modeste. I V. Autres articles ajoutés. Outre ces améliorations, les Curieux en remarqueront de moins importantes, dont le détail seroit trop long, et qui toutes concourent à rendre cette lecture plus facile et plus attachante (1). Mais il faut rendre compte de (1) Voici les principales. 1°. La ponctuation a été revue en entier, de manière surTOME I. quelques autres articles nouveaux qui distinguent cette Édition. 1o. On trouve d'abord à la suite de cet Avertissement une histoire abrégée des Éditions qui ont successivement enrichi le Public de toutes les Lettres qui forment cette collection. A ce Sommaire, on a joint en entier ou par extraits, les Préfaces de ces éditions originales. Ces renseignemens bibliographi ques forment une branche de l'histoire littéraire, qui n'est point à négliger, sur-tout quand il s'agit d'un excellent livre. 2o Une Notice sur la vie et sur la personne de Madame de Sévigné réunit beaucoup de détails peu connus, et qui pourtant ne devoient pas rester ignorés, puisqu'ils font sur-tout connoître la portion de cette vie qui a précédé sa principale correspondance. Sur tout le reste, on s'est prescrit une extrême briéveté; car le Lecteur aimera mieux apprendre d'elle-même, ce qu'elle raconte avec tant d'intérêt. A cette Notice sont joints huit* articles particuliers sur sa fille, sur son fils et sur quelques-uns de ses meilleurs amis. On a cru que les notes succinctes des autres éditions, disoient trop peu de chose de ces personnages principaux qui tous sont très-inté tout à ménager des repos et distinguer les objets par des alinéa bien placés. 2°. On a supprimé beaucoup de renvois inutiles ; c'est un soin dont en général le Lecteur profite fort peu. Au besoin, une explication répétéé vaut mieux que des indications souvent fautives, ou qui exigent une recherche fastidieuse. 3°. On a fondu dans le texte même un grand nombre de notes qui ne donnoient que de simples noms. 4°. On a rectifié les dates de plusieurs Lettres. Il a fallu classer tout de nouveau celles qui s'adressent au Président de Moulceau. Plusieurs étoient sans date; les autres en avoient de fausses. Il est étonnant que M. de la Harpe, qui paroît avoir été le premier Éditeur de ces Lettres, eût négligé un soin si nécessaire. ressans. 3o. Comme appendice à la vie de Madame de Sévigné, on a joint plusieurs écrits, soit en prose, soit en vers, consacrés à la louer, à la peindre, à la faire mieux connoître. Ces morceaux choisis seront lus avec plaisir. Il n'en est qu'un seul pour lequel l'Éditeur doive craindre le regard du Public et réclamer son indulgence. Ces trois premiers articles sont placés, comme il convient, à la tête du premier volume. 4°. Attentif à réunir ici tout ce qui touche Madame de Sévigné, l'Éditeur a pensé, que ses enfans tenant d'elle leurs talens, ce qui nous reste de leur plume, étoit un supplément presque nécessaire à sa collection. Le * L'un d'eux sur Madame de Simiane se trouve dans le VIII. tome. ba Public, en accueillant quelques Lettres de Madame de Simiane sa belle-fille, a déjà prononcé en faveur de cette nouvelle insertion. M. de Sévigné, son fils, cultivoit avec succès la littérature. Peu de personnes ignorent qu'il soutint une sorte de procès fort animé contre le savant Dacier, au sujet d'un passage d'Horace. Mais le plus grand nombre ne connoît pas ses trois dissertations, qui sont comme perdues dans un livret fort rare. Nous avons eu tant de plaisir à les lire, que nous n'hésitons pas à en enrichir le dernier volume de cette Édition. A leur suite on lira un Fragment écrit par Madame de Grignan. Caché, et en quelque sorte enfoui dans les feuilles oubliées d'un ancien journal, il peut passer pour inédit. Il avoit été donné comme une lettre. Mais on verra que ce morceau, écrit avec une concision aussi élégante que soignée, sort du genre épistolaire : modèle précieux du talent d'éclaircir un sujet obscur par sa subtilité, il appartient certainement à la belle littérature. 5°. Une table des matières très-étendue *, * Celle qu'on a mise à la suite des Éditions précédentes est incomplète, puisqu'elle n'a été faite que pour les Lettres de la mère à la fille : et même pour cette partie, elle est insuffisante, trop peu détaillée, et sur-tout n'est point exempte d'erreurs. et qu'on s'est efforcé de rendre exacte, n'est pas sans doute une amélioration peu importante. Il y a peu de livres auxquels elle fût plus nécessaire qu'à celui qui contient tant de faits et tant de sujets divers, disséminés dans un si grand nombre de volumes. C'est un véritable Sévigniana, et une source d'amusement et d'instruction pour le Lecteur qui saura en faire usage. 60. Les deux portraits de Madame de Sévigné et de Madame de Grignan qui sont à la tête de cette Édition, ont été faits d'après deux excellens originaux qui n'avoient point encore été gravés. Le premier est de Mignard, et appartient à M. Dagrain. Une lettre de M. Denon * montre le mérite de ce tableau. Monsieur le Général du Muy, qui possède le second, a bien voulu permettre qu'on en tirât un dessin très-soigné. Tel est l'ensemble du travail qu'on s'est proposé de donner au Public. Il est certain qu'il feroit des Lettres de Madame de Sévigné une lecture absolument nouvelle, s'il étoit aussi bien exécuté qu'il pourroit l'être. Mais l'Éditeur, vivant à la campagne, privé du secours des bibliothèques et du commerce des Gens de Lettres et des Gens du monde, ne se * Elle a été insérée dans le Journal Typographique, n°. XLIV |