DES PIÈCES PRÉLIMINAIRES. PREMIÈRE SÉRIE. Notice bibliographique des différentes éditions des Lettres de madame de Sévigné, suivie d'observations sur les éditions originales, par M. de Monmerqué, A la même, sous le personnage d'Omphale, par le Épître à madame de Sévigné, par madame Desroches, Portrait de madame de Sévigné, par madame de La Fayette, sous le nom d'un inconnu. Portrait de madame de Sévigné, par le comte de Bus- sy-Rabutin, tiré de la Généalogie manuscrite de la Lettre du comte de Bussy-Rabutin à la marquise de Lettre de M. le duc de Villars-Brancas, Éloge de madame de Sévigné, qui a remporté le prix à l'académie de Marseille en l'an 1777, par madame Sur les lettres de madame de Sévigné, par La Harpe, Du style épistolaire de madame de Sévigné, par M. Suard, de l'académie françoise, pag. x DES DIFFÉRENTES ÉDITIONS DES LETTRES DE MADAME DE SÉVIGNÉ, SUIVIE D'OBSERVATIONS SUR LES ÉDITIONS ORIGINALES, PAR M. DE MONMERQUÉ, CONSEILLER A LA COUR ROYALE DE PARIS, CHEVALIER DE L'ordre royal de la légion d'honneur. mmm Les lettres de madame de Sévigné étoient déja recherchées de son temps. Louis XIV avoit lu avec intérêt celles qui s'étoient trouvées dans les cassettes du surintendant Fouquet "; et l'on se prêtoit dans la haute société celles qu'elle écrivoit à ses amis. Bussy-Rabutin, écrivant dans son exil les mémoires de sa vie, croyoit en rendre la lecture plus attrayante pour le roi, en y entremêlant les lettres de sa cousine c. Il étoit difficile qu'après avoir obtenu les suffrages de juges aussi délicats, ces lettres demeurassent long-temps ignorées; ces premiers succès présageoient l'accueil qui seroit fait à leur publication. Les Mémoires du comte de Bussy-Rabutin, publiés en 1696, contenoient quelques lettres que madame de Sévigné avoit écrites à son cousin dans sa jeunesse; elle n'étoit point nommée. Ces Mémoires, lus d'abord avec empressement, furent bientôt relégués parmi les matériaux de l'histoire, que l'on consulte rarement, et les lettres de madame de Sévigné y demeurèrent ensevelies jusqu'en 1806. Voyez la lettre 30. Voyez la lettre de madame de Coulanges du 10 avril 1673. En 1697, la marquise de Coligny, fille aînée du comte de Bussy-Rabutin, aidée des conseils du père Bouhours, donna la première édition des lettres de son père. Les deux premiers volumes contiennent une partie des lettres que madame de Sévigné et Bussy s'étoient écrites, depuis 1666 jusqu'à la mort du comte. Madame de Sévigné n'étoit désignée dans ce recueil que par la première lettre de son nom; mais on la reconnut bientôt, et l'on commença à porter un jugement éclairé sur son talent épistolaire. Bayle mit ses lettres fort au-dessus de celles de Bussy: « Je ne vois per<< sonne, dit-il, qui doute que les lettres adoptives, et en par<< ticulier celles de madame de Sévigné, ne soient meilleures « que celles de M. de Rabutin. Cette dame avoit bien du sens « et de l'esprit..... elle mérite une place parmi les femmes <«< illustres de notre siècle..... Je voudrois bien savoir quelque «< chose de l'histoire de celle-là, je la mettrois volontiers dans << mon dictionnaire ". " « Lorsque Bayle écrivoit cet éloge, on ne connoissoit encore qu'une partie des lettres adressées au comte de BussyRabutin, et le talent de madame de Sévigné ne s'étoit développé tout entier que dans sa correspondance intime avec madame de Grignan. C'est là que son ame s'épanche, que sa plume court, pour ainsi dire, qu'elle cause plutôt qu'elle n'écrit, tandis que le souvenir de la témérité de Bussy semble la tenir presque continuellement en réserve. Mais ce trésor étoit conservé par madame de Grignan comme la meilleure part de son héritage, et il n'étoit pas vraisemblable qu'elle consentît jamais à ouvrir au public ces archives de famille. Il paroît qu'après la mort de madame de Grignan, madame de Simiane, cédant aux instances du comte de Bussy, son cousin, lui envoya des copies qu'elle avoit fait faire a Lettre de Bayle du 5 décembre 1698. (Voyez ses OEuvres, tome IV, in-folio, page 776.) sur les originaux d'un assez grand nombre de lettres de son aïeul. Cela résulte d'une lettre de madame de Simiane au comte de Bussy, qui n'a point de date, et dans laquelle on ne rencontre aucune circonstance qui puisse la faire suppléer. La publication de ce manuscrit fut attribuée à M. de Bussy; mais on n'a rien de positif sur ce fait, on ne sait même pas précisément si ce comte de Bussy est le fils aîné de l'auteur des Mémoires, ou le second, qui étoit évêque de Luçon. L'opinion commune est que ce fut le fils aîné, qui composa la préface qu'on lit à la tête de deux éditions, chacune en deux volumes in-12, qui parurent en 1726, et furent imprimées l'une à Rouen, et l'autre à la Haye. Thiriot, l'ami de Voltaire, fut l'éditeur de celle de Rouen; il nous l'apprend lui-même par une lettre insérée dans le volume du Mercure de France du mois de mai 1726. Il dit que le manuscrit qu'il vient de publier, s'étant égaré après la mort du comte de Bussy, a été donné par M. de Clémencé à l'abbé d'Amfreville, et que c'est de ce dernier qu'il l'a emprunté pour le livrer à l'impression. Ce point sera éclairci. Dans la même année, il parut à la Haye une autre édition. Elle est un peu plus ample que celle de Rouen. L'éditeur annonce que le manuscrit lui en a été confié par un seigneur de la famille de madame de Sévigné. Seroit-ce le comte de Bussy dont Thiriot avoit annoncé la mort? L'époque de la mort du fils aîné de Bussy-Rabutin est inconnue. Le peu de soin que l'on avoit donné à ces éditions ne nuisit point à leur succès, et dès 1733, on en vit paroître une nouvelle, en trois volumes in-12, qui les reproduisoit fidélement. La famille de madame de Sévigné ne crut pas devoir se refuser plus long-temps aux voeux du public, et en 1734, il parut chez Simard, libraire à Paris, une édition des Lettres de madame de Sévigné, faite sur les originaux; elle est composée de quatre volumes in-12, et elle fut augmentée |