Oeuvres de m.le vicomte de Chateaubriand ...: Les martyrs, Atala, René, etc

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Page 503 - Si tout est silence et repos dans les savanes de l'autre côté du fleuve, tout ici, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes, des froissements d'animaux qui marchent , broutent ou broient entre leurs dents les noyaux des fruits ; des bruissements d'ondes, de faibles gémissements, de sourds meuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d'une tendre et sauvage harmonie.
Page 552 - L'onde, frappant le roc ébranlé, rejaillit en tourbillons d'écume qui s'élèvent au-dessus des forêts, comme les fumées d'un vaste embrasement. Des pins, des noyers sauvages, des rochers taillés en forme de fantômes, décorent la scène.
Page 567 - J'écoutois ses chants mélancoliques, qui me rappeloient que dans tout pays, le chant naturel de l'homme est triste, lors même qu'il exprime 'le bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet , une lyre où il manque des cordes , et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs. « Le jour, je m'égarois sur de grandes bruyères terminées par des forêts.
Page 541 - L'habitant de la cabane et celui des palais, tout souffre, tout gémit ici-bas; les reines ont été vues pleurant comme de simples femmes, et l'on s'est étonné de la quantité de larmes que contiennent les yeux des rois ! « Est-ce votre amour que vous regrettez?
Page 79 - Je voulus retourner en arrière, mais il n'était plus temps : je pris une fausse route, et au lieu de sortir du dédale, je m'y enfonçai. De nouvelles avenues, qui s'ouvrent et se croisent de toutes parts, Augmentent à chaque instant mes perplexités. Plus je m'efforce de trouver un chemin, plus je m'égare ; tantôt je m'avance avec lenteur, tantôt je passe avec vitesse...
Page 566 - Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme des ruisseaux d'une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles.
Page 580 - Rien, dit-il au frère d'Amélie, rien ne mérite, « dans cette histoire, la pitié qu'on vous montre ici. « Je vois un jeune homme entêté de chimères, à qui « tout déplaît, et qui s'est soustrait aux charges de « la société pour se livrer à d'inutiles rêveries. On «n'est point, monsieur, un homme supérieur parce « qu'on aperçoit le monde sous un jour odieux.
Page 90 - Le soleil du matin, s'échappant des replis d'un nuage d'or, verse tout à coup sa lumière sur les bois, 60 l'Océan et les armées. La terre paraît embrasée du feu des casques et des lances, les instruments guerriers sonnent l'air antique de Jules César partant pour les Gaules. La rage s'empare de tous les cœurs, les yeux roulent du sang, la main frémit sur l'épée. Les chevaux se cabrent, creusent l'arène, secouent leur crinière, frappent de leur bouche écumante leur poitrine enflammée,...
Page 90 - Pharamond! Pharamond! nous avons combattu avec l'épée. "Nos pères sont morts dans les batailles, tous les vautours en "ont gémi: nos pères les rassasiaient de carnage. Choisissons des " épouses dont le lait soit du sang, et qui remplissent de valeur le "cœur de nos fils. Pharamond, le bardit est achevé, les heures de "la vie s'écoulent, nous sourirons quand il faudra mourir !" "Ainsi chantaient quarante mille barbares.
Page 566 - ... je cherche seulement un bien inconnu dont l'instinct me poursuit. Est-ce ma faute si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur?

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