Sainte-Beuve

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Gustave Harvard, 1856 - Authors, French - 92 pages
 

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Popular passages

Page 37 - Votre cœur vierge ne s'est pas laissé aller tout d'abord aux trompeuses mollesses; et vos rêveries y ont gagné avec l'âge un caractère religieux, austère, primitif, et presque accablant pour notre infirme humanité d'aujourd'hui ; quand vous avez eu assez pleuré, vous vous êtes retiré à Pathmos avec votre aigle, et vous avez vu clair dans les plus effrayants symboles. Rien désormais qui vous fasse pâlir; vous pouvez sonder toutes les profondeurs, ouïr toutes les voix ; vous vous êtes...
Page 42 - Dans toutes ces traversées, je n'ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l'effet d'un charme), je n'ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir et qui me croyaient déjà à eux.
Page 26 - Et le prêtre vêtu de son élolc blanche Courbait un front jauni, comme un épi qui penche . Sous la faux du faucheur. Oh ! qui dans une église, à genoux sur la pierre, N'a bien souvent, le soir, déposé sa prière, Comme un grain pur de sel •' • une infinité de choses diverses.
Page 54 - Dans ce cabriolet de place, j'examine L'homme qui me conduit, qui n'est plus que machine, Hideux, à barbe épaisse, à longs cheveux collés; Vice et vin et sommeil chargent ses yeux soûlés. Comment l'homme peut-il ainsi tomber? pensais-je, Et je me reculais à l'autre coin du siège. — Mais , toi , qui vois si bien le mal à son dehors , La crapule poussée à l'abandon du corps , Comment tiens-tu ton âme au dedans ! Souvent pleine Et chargée, es-tu prompt à la mettre en haleine? Le matin,...
Page 41 - J'ai commencé franchement et crûment par le dix-huitième siècle le plus avancé, par Tracy, Daunou, Lamarck et la physiologie : là est mon fond véritable. De là je suis passé par l'école doctrinaire et psychologique du Globe, mais en faisant mes réserves et sans y adhérer. De là j'ai passé au romantisme poétique et par le monde de Victor Hugo, et j'ai eu l'air de m'y fondre.
Page 22 - Jamais chez eux n'arma le miel de poésie » De son grêle aiguillon, » Et jamais dans son cours leur gloire éblouissante » Ne brûla d'un dédain l'humble fleur pâlissante ,
Page 64 - Théotime, parmy les tribulations et regrets d'une vive repentance, Dieu met bien souvent dans le fond de nostre cœur le feu sacré de son amour; puis cet amour se convertit en l'eau de plusieurs larmes, lesquelles, par un second changement, se convertissent en un autre plus grand feu d'amour....
Page 85 - La salle est comble. Il s'incline, le sourire aux lèvres, et salue avec grâce. On accueille ce salut par une salve éclatante.... de sifflets. Surpris, mais non déconcerté, SainteBeuve déroule un manuscrit et commence à lire sa leçon. Les sifflets redoublent. Sa voix s'éteint au milieu des huées. Vingt fois il cherche à dominer le tumulte, et vingt fois d'épouvantables clameurs le contraignent au silence.
Page 90 - Lacroix prend la parole, et proteste au nom de la partie saine de l'auditoire. Mais il s'adresse à d'anciens camarades, à des étudiants, à des amis d'estaminet; on l'invite à se taire. Néanmoins, il y avait effectivement une partie saine, composée des amis du professeur. Tous se lèvent au milieu de la multitude effrénée. Ils étaient cinq ! Après s'être comptés tristement, ils se rassirent.
Page 89 - Les uns sifflent ou crient, les autres chantent ou frappent du pied sur le parquet sonore. Il pleut des quolibets et même des outrages. On soulève les banquettes, on décroche les portes ; puis les auditeurs se les passent de main en main, au milieu du plus effroyable charivari, du plus indescriptible désordre.

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