1 ! qu'elles soient limitées à un terme court, comme de trois mois ou six mois, par exemple, et que leur renouvellement puisse donner lieu à la censure. Citoyens, il est nécessaire qu'une explication franche et décisive sur nos principes apprenne au peuple ce qu'il peut attendre que dis-je ? ce qu'il doit exiger de nous. Il faut qu'il sache que les malheurs, l'esclavage des nations, et les succès des usurpateurs n'ont d'autre cause que la facilité avec laquelle un peuple nombreux consent å se dessaisir de l'exercice de sa souveraineté ; que le gouvernement représentatif n'est légitime que parce que le peuple ne peut pas gouverner par lui-même, mais que ces droits sont violés toutes les fois qu'on lui fait faire par représentation ce qu'il peut faire par luimême. Il faut enfin le mettre à même de distinguer ses vrais amis, des sycophantes qui le trompent et des charlatans qui ne flattent ses passions que pour usurper ses droits. Je le déclare, voilà mes principes. Ils sont indépendans de la question actuelle. Je les ai professés hautement au comité de constitution avant qu'elle fût entamée, et je dois dire que votre comité de constitution en a adopté le développement: ils formeront l'une des bases du projet qu'au grand regret des anarchistes et des factieux, sous peu de jours il vous présentera. Mais si ce mode de censure n'est pas encore organisé, le peuple n'en a pas moins les mêmes droits; et il est de votre devoir le plus impérieux, de l'appeler à les exercer toutes les fois qu'il est de son intérêt de le faire. Je vais plus loin encore: je soutiens que par cela seul, qu'il n'a point encore fixé lui-même la limite de ses droits, vous devez leur donner la plus grande latitude possible. S'il en était autrement pendant l'intervalle qui va s'écouler jusqu'à l'acceptation de la constitution nouvelle, vous laisseriez la république sous le joug du plus exécrable gouvernement qui ait jamais existé. Ou vous deviendriez les despotes les plus absolus, ou vous seriez tyrannisés par des volontés partielles; ou vous usurperiez la volonté nationale, ou vous la livreriez vous-mêmes aux caprices et à l'ambition de toutes les factions qui voudraient s'en emparer. Pesez cette réflexion, Citoyens: si, dans l'intervalle qui va s'écouler jusqu'à l'acceptation de la constitution, vous ne consacrez pas, vous n'exécutez pas dans des circonstances délicates, le principe du recours à l'expression réelle et non présumée de la volonté générale, l'art de diriger et de faire naître les insurrections dans la portion du peuple qui vous environne, est un levier plus fort que votre gouverne ment; et si ce levier est dans les mains d'une faction turbulente dominée par un usurpateur, la royauté, ou, sous tout autre nom, l'usurpation des droits du peuple, peut se réaliser dans cet intervalle. Vos rapports avec le peuple souverain qui vous a commis, sont, d'après ces principes, faciles à saisir et à déterminer. Toutes les lois que vous faites sont provisoires, et seront d'ailleurs soumises à la censure lorsqu'elle sera organisée. Il est aussi une foule de vos réglemens qui rentrent dans l'exécution des articles constitutionnels non expressément révoqués, et sui lesquels par conséquent la volonté du peuple s'est exprimée. Enfin, je soutiens que dans la situation actuelle des choses, le recours au souverain est utile toutes les fois que les opinions peuvent être partagées; que cette diversité d'opinions peut faire naître des partis, exalter les haines, semer par-tout des germes de division et de discorde, et qu'il est nécessaire toutes les fois que l'exécution provisoire de la loi n'est point forcée, et que son résultat peut être réduit à des termes simples, dans lesquels le souverain peut facilement émettre son vœu. Or, telle est l'hypothèse soumise à notre discussion. Rien ne s'oppose à ce que le peuple délibère: la question est simple; elle se réduit à cette alternative: Le souverain. approuve-t-il que le tyran périsse, ou veutil commuer sa peine? Je ne rappellerai point en faveur de cette opinion, les considérations politiques puisées dans les dangers de notre situation actuelle dans l'intérieur et à l'extérieur. Elles ont été développées avec assez de force pour ne pas craindre que leur impression soit effacée. Mais, indépendammeut de la rigueur des principes, dont rien au monde ne peut nous forcer à nous écarter, il est un motif plus pressant encore pour l'adoption de cette , mesure. Il est temps que nous appelions l'attention de tous les bons citoyens sur les dangers dont la république est inenacée. Il est temps de déchirer le voile, et de prouver à l'Europe que nous ne voulons pas devenir les vils esclaves, les instrumens passifs d'une faction usurpatrice des droits du peuple, mais l'organe fidèle de la volonté nationale. Hâtons-nous; il en est temps encore: ne perdons pas un instant pour mettre en action le principe de la souveraineté du peuple. La liberté est perdue, si la volonté générale ne s'élève au-dessus de toutes les factions n'écrase et ne dissipe tous les partis. Oui! Citoyens, il m'est impossible de me le disa simuler aujourd'hui : il en existe un parti, il existe une faction qui veut évidemment attenter à la souveraineté du peuple, et se rendre l'arbitre de sa destinée; qui se livre à la coupable ambition de dominer par la terreur la Convention nationale, et par la Convention la république entière; qui veut peut-être aller plus loin encore...... Déjà, votre énergie, votre fermeté la forcent à précipiter ses mesures, et demain peut-être il ne serait plus temps de la démasquer. : C'est elle que je vois s'élever avec le plus de fureur contre l'appel au peuple; elle sent bien que le plus sûr moyen de déjouer ses efforts, c'est de donner au peuple la conscience de sa force et de ses droits; c'est de l'affectionner par la jouissance à l'exercice de cette souveraineté qu'on cherchera toujours à lui ravir, mais qui est le plus précieux de tous ses biens, et la source de tous les autres. C'est enfin de lui apprendre que ceux-là le trompent, qui veuleut agir pour lui, et qu'au lieu d'être l'instrument des factions, il doit régner sur elles. Citoyens, rapprochez avec moi la conduite et les principes des hommes qui s'élèvent avec le plus d'acharnement, et contre le projet d'appel au peuple, et contre ceux qui l'ont proposé; voyez sur quelles misérables objections ils se fondent, et vous sentirez à la fois la nécessité de cette mesure, et la cause trop évidente de leur opposition. On vous a dit, c'est Robespierre, que ce recours au souverain serait la cause d'une guerre civile; que les assemblées primaires seraient changées en lice orageuse, et que, sous prétexte de parler pour ou contre Louis, on parlera pour ou contre la royauté; enfin qu'on voulait faire faire au peuple un cours de monarchie. La guerre civile!.... Certes, le plus sûr moyen de la prévenir, lorsque l'esprit de parti se réveille, lorsqu'une agitation violente fait craindre le choc des opinions partielles, c'est de constater l'expression de la volonté générale. Car alors toutes les divisions doivent cesser. Tous les hommes de bonne foi, tous les vrais républicains se rallieront à elle; et la tyrannie ou la révolte seront par-tout où on osera la méconnaître ou la violer. Mais vous, s'il est vrai que vous ayez tant d'horreur pour la guerre civile, si vous n'en envisagez les résultats qu'avec effroi, ditesnous donc pourquoi, dans tous vos discours, vous |