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cun de nous prosterne son front dans la poussière; aimons la loi, chérissons-la, respectons-la, y a-t-il rien sur la terre de plus digne de la vénération et de l'obéissance de l'homme?

Ce n'est qu'un homme, ô français, que je vois en Louis XVI; mais cet homme, c'est vous, c'est moi, c'est nous tous qui courons le danger d'être accusés, jugés, condamnés, sans avoir transgressé la loi, c'est-à-dire

sans crime.

Tous les anneaux de la chaîne sociale sont égaux dans la République; celui qui en briserait un seul, pourrait successivement briser tous les autres, et parviendrait à dissoudre l'état, et à détruire l'association, car lorsque l'on a fait un pas contre les lois, on a le pied levé pour en faire un second; arrêtons donc le mal dans sa naissance, prévenons-en les progrès, ne souffrons aucune infraction à la loi, si nous sommes jaloux du salut de la République.

Onose citer les Romains, maissoyons justes et vrais, qu'y a-t-il de commun entre eux et nous? Eh bien, imitons-les au moins, ces Romains, dans leur respect pour les lois.

Ce fut par respect pour les lois que Caton, le plus grand d'entre eux, ne permit pas même à son fils de servir sous Pompilius, sans avoir renouvelé le serment prescrit par les lois de la République. Ce fut par respect pour les lois que Brutus fit tomber la tête de son fils; ce fut par respect pour les lois, que la république romaine ne décerna pas même un décret contre Catilina, par cela seul qu'il

était citoyen romain; ce fut, plus ancienne-
ment, par respect pour les lois, que le plus
vertueux des hommes, Socrate,
nocent ne voulut pas sortir de prison.

Socrate in

Ah!je ne cesserai de le répéter: respectons les lois, si nous aimons la république.

La justice et l'humanité sont les premières lois de la nature, elles doivent être la base et l'appui de toutes les autres, c'est vainement, français, que nous devons nous promettre un gouvernement sage, si nous ne le fondons sur les bases éternelles de la raison. Sans la justice et l'humanité, point de lois, sans les lois, point de liberté, point d'égalité, et conséquemment point de république: tout se lie, tout se tient dans Pordre politique et social, comme dans l'ordre physique, et tout comme on ne pourrait construire un vaisseau sans quille, on ne saurait instituer la république sans la justice et Phumanité, qui doivent servir de quille au vaisseau politique.

Si le salut de la République tient à notre amour, à notre respect pour les lois, l'intérêt et le devoir du citoyen lui ordonnent de dénoncer toute infraction à la loi, et d'y ramener le législateur lui-même, s'il s'écarte des règles de la justice et de l'humanité.....

Sages législateurs, on vous a fait rendre un décret injuste, j'ose vous le dire, car l'ami des lois, l'est aussi de la vérité, vous avez juré de monrir pour l'éxécution de la loi, l'auriez-vous juré envain? Ayez donc le noble courage d'imiter les Romains en révoquant votre décret, comme ils révoquaient les leurs toutes les fois qu'ils blessaient la justice.

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Il est important, il est essentiel que la vérité soit connue, que Louis XVI soit entendu, mais après cet hommage qu'ildoit à la vérité, à la Nation et à lui-même; la justice vous impose le rapport du décret d'accusation contre sa personne, parce que nous ne pouvons être accusateur, juge et partie.

Le rapporteur de votre décret vous comblera d'honneur aux yeux des nations et de la postérité, comme aux vôtres, car jamais une nation ne se montra si grande, si auguste et si imposante, que lorsqu'elle se condamna dans sa propre cause; c'est alors, français, qu'en imitant le peuple Romain, il nous sera permis de comparer l'exemple au modèle, c'est alors que, purgés de toute passion honteuse, et sûrs de préférer la justice à tout, nous pourrons nous dire vraiment libres sous l'empire, sous le joug honorable de la loi, et espérer de voir féconder par elle dans la république, le germe des vertus nécessaires à sa conservation.

CHAPITRE X C.

L'ami des lois au peuple français, sur le procès de Louis XVI.

L'AUTEUR AUTEUR de cet cuvrage après avoir invoqué l'inviolabilité de Louis, ajoute :

« Il a été fait un pacte solemnel entre le roi et la nation, en vertu duquel tout ce qui auroit pu être fait d'irrégulier de part et d'autre, a été anéanti; et l'assemblée a remis le dépôt de la constitution à la fidélité du corps législatif, du roi, des juges, etc. On laisse à décider qui est-ce qui a été plus fidèle à la conservation de ce dépôt, du corps législatif ou du roi. >>

L'auteur répond ensuite brièvement aux divers chefs d'accusation allégués contre

Louis.

« La conduite ostensible du roi, dit-il, est contraire à toutes ces allégations......

<< On allègue des dépêches secrettes qui contrediraient celles qui sont ostensibles: on prétend qu'elles ont été brûlées, et qu'elles n'existent plus. A-t-on jamais établi un procès criminel sur des pièces qui n'existent pas? A-t-on même la moindre preuve qu'elles aient existé?

On présente une lettre des frères du roi. Cette lettre est un fait étranger au roi, et on ne prouve pas que le roi ait rien fait en exécution et en conséquence de cette lettre......

,

Il a eu l'attention quelque reproche qu'on lui en fasse, de dénoncer à l'Assemblée les premières hostilités du roi de Prusse......

....

Si le sieur de la Porte vivait, il serait à portée de donner des explications sur les différens paiemens qui ont été ordonnés sur la liste civile. Il eut été convenable de surseoir à son jugement, et de le confronter à Louis; et les explications qu'il auroit données, auraient tourné à la charge ou à la décharge de Louis. A présent qu'il n'est plus, tout doit être interprêté en faveur de Louis.

.......

J'ai rassemblé ces différens faits qui paroissent avoir été accumulés pour accuser Louis de trahison et de parjures. Isolés, il n'en résulte rien. Réunis, on n'aperçoit aucune frace, encore moins de preuve de trahison! >>>

« C'est une chose étonnante que ceux qui accusent Louis de trahison et de parjures; ce sont ceux-là même qui ont juré de maintenir la Constitution ou de mourir, et qui, aujourd'hui, ont aboli la Constitution! Le roi au contraire a toujours déclaré qu'il était fidèle à la Constitution qu'il avait juré de

maintenir? »

«......... Je viens à l'objet principal d'accusation, qui est la journée du ró août.

Cette

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