RÉSUMÉ DU TABLEAU. Nous allons maintenant extraire du tableau qui précède les résultats les plus dignes de fixer l'attention. Il est certains groupes dont toutes les variétés ont été trèsfortement atteintes par la maladie; il en est d'autres qui ont été comparativement beaucoup plus ménagés. Quelques-uns présentent des exceptions qu'il ne sera pas sans intérêt de signaler; mais ce qui est très-remarquable, c'est que les groupes naturels de cépages, fondés sur des caractères d'une grande valeur, tels que celui des Muscats, des Chasselas, des Teinturiers, ont été atteints d'une manière tout à fait uniforme par la maladie, tandis que les groupes moins naturels ou moins bien établis, tels que ceux des Gouais, des Sauvignons, présentent de très-remarquables anomalies. Le premier cépage qui a été atteint en 1850 est l'Uva grossa, Vigne de Toscane; la maladie a sévi sur cette variété avec une très-grande intensité en 1851. Commençons par énumérer les principaux groupes dont aucun des membres n'a été ménagé par la maladie. Toutes les variétés appartenant au groupe si nombreux des Muscats sont très-fortement atteintes. Le groupe des Chasselas, si riche en variétés, n'offre aucune exception heureuse; quelle que soit la provenance de ces cépages, aucun n'est épargné. Le Frankenthal est, comme on le sait, le premier cépage qui, il y a déjà plusieurs années, dans les serres d'Angleterre, de Belgique et de France, a été atteint par la maladie; tous les individus cultivés à la collection du Luxembourg et qui proviennent de plusieurs pays sont très-fortement attaqués dans toutes leurs parties. Toutes les variétés comprises dans le groupe si nombreux des Malvoisies, variétés qui proviennent de presque tous les États viticoles de l'Europe, sont toutes atteintes. Un des groupes de cépages dont les variétés sont cultivées peut-être dans le plus grand nombre de localités est celui des Teinturiers : la collection du Luxembourg en renferme plusieurs individus; tous sont fortement infectés. Les cépages les plus productifs, ceux qui donnent, soit les vins de chaudière, soit les vins les plus communs, ont eu beaucoup à souffrir de l'invasion de la maladie. Les Folles blanches, qui sont l'origine de nos eaux-de-vie de Cognac, sont fortement atteintes. Les Aramons et les TerretsBourrets, qui forment la base des Vignes les plus productives du midi de la France, ne sont nullement épargnés. La plupart des Clairettes, des Picpouilles, de provenances française et étrangère, sont fortement attaquées; il faut en excepter cependant celle qui est cultivée sous le n° 114, qui l'est à peine. Parmi les groupes des variétés productives du centre de la France, il en est plusieurs dont tous les individus ont été atteints; nous citerons toutes les variétés (noires, blanches, bigarrées) de Tresseaux, toutes celles de Melons; presque tous les Gamays sont fortement atteints. Nous citerons en particulier celui qui est inscrit sous le n° 833, le plant de la Dôle no 1283, le gros plant 1545, le Liverdun 375, le plant d'Arcenant 286. Les Gamays inscrits sous les no 35, 203 sont particulièrement épargnés. Il faut une mention spéciale pour celui portant le n° 209, qui est peut-être, parmi les cépages français, celui qui est le moins atteint; mais appartient-il bien au groupe des Gamays? Il est un groupe de cépages dont les variétés ont une grande importance, parce qu'elles sont l'objet d'une culture étendue dans un grand nombre de départements du midi, de l'ouest et du centre, et qu'elles fournissent des vins d'ordinaire, ayant d'estimables qualités, qui méritent une mention toute spéciale, parce qu'elles ont été comparativement beaucoup ménagées par la maladie, ce sont les Cots. Ainsi nous trouvons que le Pied rouge nos 208, 1471, le Cot nos 711, 942, le noir de Pressac nos 1253 et 1773, le noble Cahors 1553, ont été peu atteints par la maladie. Ceux qui sont rangés sous les nos 1267 et 1471 sont attaqués. Arrivons maintenant aux cépages qui fournissent les vins les plus distingués de la France. Nous trouvons en première ligne le groupe des Pineaux, qui nous donne les grands vins de Bourgogne, les mousseux de la Champagne, et qui contribue à relever la qualité des vins de plusieurs départements. Constatons d'abord que toutes les variétés comprises dans le sous-groupe des Pineaux blancs, désignés sous les noms de plant de Montrachet, Chardenet, Pineau blanc, Arnoison, Beaunois, bon Blanc, etc., sont toutes également fortement atteintes; les variétés grises, désignées sous les noms de Burot, Pineau gris, Pineau cendré et le Pineau Rougin, etc., ne sont pas ménagées davantage. Le franc Pineau noir, dont il existe dans la collection du Luxembourg plusieurs ceps identiques provenant soit de la Bourgogne, soit de la Champagne, soit d'autres provinces, est fortement attaqué par la maladie. Notons cependant que le n° 228, qui est désigné comme Pineau noir de Bourgogne, est comparativement épargné. Il est d'autres exceptions qui ne sont pas moins dignes d'intérêt. Les cépages inscrits sous les no 118 et 147, et désignés sous le nom de Pineaux à gros grains, sont à peine attaqués; il en est de même du Pineau d'Aunis no 1977, et du Pineau de Nikita, no 852 et 945. Sans doute ces divers cépages doivent être rapprochés du groupe de nos Pineaux à grands vins, mais ils s'en éloignent par plusieurs caractères. Deux sous-variétés de Pineaux, l'une remarquable par sa précocité, le plant de juillet, et l'autre par sa fécondité, le Meunier, ont fortement souffert. Les plants qui fournissent les grands vins de Bordeaux ont été très-inégalement atteints; ainsi, tandis que le Carmenet du no 2017 a été en partie épargné, le Carbernet du 743 a été gravement affecté. Les Sauvignons qui ont de l'importance, non-seulement dans les Vignes de la Gironde, mais qu'on retrouve en proportion plus ou moins considérable : dans la plupart de nos vignobles du centre, ont été, les uns fortement atteints, les autres, au contraire, comparativement épargnés. Par rapport aux cépages de la Gironde, il est un fait important à signaler. Ils viennent évidemment au premier rang des cépages français; parmi ceux que la maladie a ménagés, nous trouvons, en effet, les Cots, les Sauvignons, le Carmenet, qui doivent être rangés parmi les meilleurs cépages du sud-ouest, qui ont peu souffert de la maladie. La plupart des cépages qui donnent les vins estimés des Pyrénées ou des départements méditerranéens ont été fortement attaqués par la maladie; nous citerons particulièrement les plants suivants : Malvoisiex, Maccabeu, Brunfourca, Grenache, Morrastel, Garrich, Mataro; parmi les cépages de cette région comparativement ménagés, nous devons mentionner les Terets rangés sous les nos 490, 501, 1068, et les Navaros. Les Vignes qui viennent de l'Hermitage, et qui donnent tant de distinction à ce beau vignoble, les grosse et petite Sirrahs, la grosse et la petite Roussane, sont fortement attaquées; la Marsanne est comparativement ménagée; il en est de même de la grosse Serine des côtes du Rhône. L'Ower du Rhin a peu souffert; le Riesling (petit) est, par contre, gravement atteint. La plupart des cépages de Hongrie, d'Espagne et d'Italie, qui sont si nombreux, dans la belle collection du Luxembourg, sont fortement atteints. Parmi ceux qui sont ménagés, nous citerons le Dolceto du Piémont et le Rosza-Szolo, et le VorosSzolo-Gorog, de la Grèce. Les Raisins les plus ménagés ne sont malheureusement pas les meilleurs et les plus précieux; ce sont ceux que l'Amérique a envoyés à la collection du Luxembourg. C'est seulement parmi les cépages de cette région qu'on peut en trouver de complétement sains. Nous citerons en première ligne, parmi ces heureuses exceptions, le Catawba rose, le meilleur des Raisins d'Amérique, puis l'Isabelle, le White fox rose, et surtout l'York madiera et le Vitis muncy red pale, etc. |