cusain, un Corinthien et un Thébain. Les trois premiers étaient sur le point de doubler la borne pour la dernière fois. Le Thessalien se brise contre cet écueil; il tombe embarrassé dans les rênes; et tandis que ses chevaux se renversent sur ceux du Libyen qui le serrait de près, que ceux du Syracusain se précipitent dans une ravine qui borde en cet endroit la carrière, que tout retentit de cris perçants et multipliés, le Corinthien et le Thébain arrivent, saisissent le moment favorable, dépassent la borne, pressent de l'aiguillon leurs coursiers fougueux, et se présentent aux juges, qui décernent le premier prix au Corinthien, et le second au Thébain. La Lutte. Les athlètes qui devaient concourir se tenaient dans un portique voisin: ils furent appelés à midi; ils étaient au nombre de sept. On jeta autant de bulletins dans une boîte placée devant les présidents des jeux. Deux de ces bulletins étaient marqués de la lettre A, deux autres de la lettre B, deux autres d'un C, et le septième d'un D: on les agita dans la boîte, chaque athlète prit le sien, et l'un des présidents appareilla ceux qui avaient tiré la même lettre. Ainsi il y eut trois couples de lutteurs, et le septième fut réservé pour combattre contre les vainqueurs des autres. Ils se dépouillèrent de tout vêtement, et, après s'être frottés d'huile, ils se roulèrent dans le sable, afin que leurs adversaires eussent plus de prise en voulant les saisir. Aussitôt un Thébain et un Argien s'avancent dans le stade; ils s'approchent, se mesurent des yeux, et s'empoignent par les bras. Tantôt appuyant leur front l'un contre l'autre, ils se poussent avec une action égale, paraissent immobiles, et s'épuisent en efforts superflus; tan 4 tôt ils s'ébranlent par des secousses violentes, s'entrelacent comme des serpents, s'alongent, se raccourcissent, se plient en avant, en arrière, sur les côtés; une sueur abondante coule de leurs membres affaiblis; ils respirent un moment, se prennent par le milieu du corps, et après avoir employé de nouveau la ruse et la force, le Thébain enlève son adversaire; mais il plie sous le poids: ils tombent, se roulent dans la poussière, et reprennent tour à tour le dessus. A la fin, le Thébain, par l'entrelacement de ses jambes et de ses bras, suspend tous les mouvements de son adversaire qu'il tient sous lui, le serre à la gorge, et le force à lever la main pour marque de sa défaite. Ce n'est pas assez néanmoins pour obtenir la couronne; il faut que le vainqueur terrasse au moins deux fois son rival; et communément ils en viennent trois fois aux mains. L'Argien eut l'avantage dans la seconde action, et le Thébain reprit le sien dans la troisième. Après que les deux autres couples de lutteurs eurent achevé leurs combats, les vaincus se retirèrent accablés de honte et de douleur. Il restait trois vainqueurs, un Agrigentin, un Éphésien, et le Thébain dont j'ai parlé. Il restait aussi un Rhodien, que le sort avait réservé. Il avait l'avantage d'entrer tout frais dans la lice; mais il ne pouvait remporter le prix sans livrer plus d'un combat. Il triompha de l'Agrigentin, fut terrassé par l'Éphésien, qui succomba sous le Thébain : ce dernier obtint la palme. Ainsi une première victoire doit en amener d'autres; et, dans un concours de sept athlètes, il peut arriver que le vainqueur soit obligé de lutter contre quatre antagonistes, et d'engager avec chacun d'eux jusqu'à trois actions diffé rentes. Le dernier jour des fêtes fut destiné à couronner les vainqueurs. Cette cérémonie, glorieuse pour eux, se fit dans le bois sacré, et fut précédée par des sacrifices pompeux. Quand ils furent achevés, les vainqueurs, à la suite des présidents des jeux, se rendirent au théâtre, parés de riches habits, et tenant une palme à la main. Ils marchaient dans l'ivresse de la joie, au son des flûtes, entourés d'un peuple immense, dont lesapplaudissements faisaient retentir les airs. On voyait ensuite paraître d'autres athlètes, montés sur des chevaux et sur des chars; leurs coursiers superbes se montraient avec toute la fierté de la victoire; ils étaient ornés de fleurs, et semblaient participer au triomphe. Le jour même du couronnement, les vainqueurs offrirent des sacrifices en actions de graces. Ils furent inscrits dans les registres publics des Eléens, et magnifiquement traités dans une des salles du Prytanée. Les jours suivants, ils donnerent eux-mêmes des repas dont la musique et la danse augmentèrent les agréments. Suivant l'ancien usage, ces hommes, déjà comblés d'honneurs sur le champ de bataille, rentrent dans leur patrie avec tout l'appareil du triomphe, précédés et suivis d'un cortège nombreux, vêtus d'une robe teinte en pourpre, quelquefois surun char à deux ou à quatre chevaux, et par une brèche pratiquée dans le mur de la ville. BARTHÉLEMY. Voyage d'Anacharsis. Calme au milieu de l'Océan. Dix fois le soleil fit son tour sans que le vent fût appaisé. Il tombe enfin, et bientôt après un calme profond lui succède. Les ondes, violemment émues, se balancent long-temps encore après que le vent a cessé. Mais insensiblement leurs sillons s'aplanissent; et sur une mer immobile, le navire, comme enchaîné, cherche inutilement dans les airs un souffle qui l'ébranle; la voile, cent fois déployée, retombe cent fois sur les mâts. L'onde, le ciel, un horizon vague, où la vue a beau s'enfoncer dans l'abîme de l'étendue, , un vide profond et sans bornes, le silence et l'immensité; voilà ce que présente aux matelots ce triste et fatal hémisphère. Consternés et glacés d'effroi, ils demandent au ciel des orages et des tempêtes; et le ciel, devenu d'airain comme la mer, ne leur offre de toutes parts qu'une affreuse sérénité. Les jours, les nuits s'écoulent dans ce repos funeste : ce soleil, dont l'éclat naissant ranime et réjouit la terre; ces étoiles, dont les nochersaiment à voir briller les feux étincelants; ce liquide cristal des eaux, qu'avec tant de plaisir nous contemplons durivage, lorsqu'il réfléchit la lumière et répète l'azur des cieux, ne forment plus qu'un spectacle funeste; et tout ce qui, dans la nature, annonce la paix et la joie, ne porte ici que l'épouvante, et ne présage que la mort." Cependant les vivres s'épuisent, on les réduit, on les dispense d'une main avare et sévère. La Nature qui voit tarir les sources de la vie, en devient plus avide; et plus les ressources diminuent, plus on sent croître les besoins. A la disette enfin succède la famine, fléau terrible sur la terre, mais plus terrible mille fois sur le vaste abîme des eaux: car au moins sur la terre quelque lueur d'espérance peut abuser la douleur et soutenir le courage; mais au milieu d'une mer immense, solitaire, et environné du néant, l'homme, dans l'abandon de toute la nature, n'a pas même l'illusion pour le sauver du désespoir: il voit comme un abîme l'espace épouvantable qui l'éloigne de tout secours; sa pensée et ses vœux s'y perdent; la voix même de l'espérance ne peut arriver jusqu'à lui. Les premiers accès de la faim se font sentir sur le vaisseau : cruelle alternative de douleur et de rage, où l'on voyait des malheureux, étendus sur les bancs, lever les mains vers le ciel, avec des plaintes lamentables, "ou courir, éperdus et furieux, de la proue à la poupe, et demander au moins que la mort vint finir leurs maux!!! 1 1 atpot ab sito ระ! 1,7 "al Symptomes et ravages d'un ouragan à l'Ile---2mmisa de-France. 1 Un de ces étés qui désolent de temps à autre les terres situées entre les tropiques, vint étendre ici ses ravages. C'était vers la fin de décembre, lorsque le soleil au capricorne échauffe, pendant trois semaines, l'Ile-de-France de ses feux verticaux. Le vent du sud-est qui y règne presque toute l'année n'y soufflait plus. De longs tourbillons de poussière s'élevaient sur les chemins et restaient suspendus en l'air. La terre se fendait de toutes parts; l'herbe était brûlée, des exhalaisons chaudes sortaient du flanc des montagnes, et la plupart de leurs ruisseaux étaient desséchés. Aucun nuage ne venait du côté de la mer. Seulement, pendant le jour, des vapeurs rousses s'élevaient de dessus ses plaines, et paraissaient, au coucher du soleil, comme les flammes d'un incendie. La nuit même n'apportait aucun rafraîchissement à l'atmosphère embrasée. L'orbe de la lune, tout rouge, se levait dans un horizon embrumé, d'une grandeur démesurée. Les troupeaux, abattus sur les flancs des collines, le cou tendu vers le ciel, aspirant l'air, faisaient retentir les vallons de tristes mugissements : le Cafre même qui les conduisait se couchait sur la terre, pour y trouver de la fraîcheur. Par-tout le solétait brûlant, et l'air étouffant re |