DU CHRISTIANISME, ου BEAUTÉS DE LA RELIGION CHRÉTIENNE; PAR F. A. DE CHATEAUBRIAND. SIXIÈME ÉDITION. Chose admirable ! la religion chrétienne, qui ne MONTESQUIEU, Esp. des Lois, l. xxxiv, ch. 3. TOME TROISIÈME. PARIS. LE NORMANT, IMPRIMEUR-LIBRAIRE. FRERES de la poésie, les beaux-arts vont charmes terrestres, elle leur donna sa divinité; la musique nota ses chants, la peinture la représenta dans ses douloureux triomphes, la sculpture se plut à rêver avec elle sur les tombeaux, et l'architecture lui bâtit des temples sublimes et mystérieux comme sa pensée. Platon a merveilleusement défini la nature de la musique : « On ne doit pas, dit-il, juger de la musique par le plaisir, ni rechercher celle qui n'auroit d'autre objet que le plaisir; mais celle qui contient en soi la ressemblance du beau. » En effet, la musique, considérée comme art, est une imitation de la nature; sa perfection est donc de représenter la plus belle nature possible. Or le plaisir est une chose d'opinion, qui varie selon les temps, les mœurs et les peuples, et qui ne peut être le beau, puisque le beau est un, et existe absolument. De là toute institution qui sert à purifier l'âme, à en écarter le trouble et les dissonances, à y faire naître la vertu, est, par cette qualité même, pro-pice à la plus belle musique, ou à l'imitation la plus parfaite du beau. Mais si cette institution est en outre de nature religieuse, |