Nos secrets à tes yeux ne sont jamais cachés : Seigneur! remplis nos yeux de ta vive lumiere, STANCES. Je sais bien qu'un grand roi peut avoir la puissance De s'en faire servir, de lui donner la loi; Il faut, pour se changer en ce qu'elle desire, JEAN BERTAUT. JEAN BERTAUT, né à Caen en 1552, se livra de bonne heure à l'étude de la poésie françoise. Ses premiers essais lui méritèrent le suffrage de Ronsard. Il vint à la cour, où il fut très bien accueilli, et obtint, en 1577, la charge de secrétaire du cabinet du roi, qu'il conserva jusqu'à la mort de Henri III, en 1589. Témoin oculaire de l'assassinat de ce prince, Bertaut composa une très longue pièce de vers sur cet événement. Il fut peu de temps après premier aumônier de Marie de Médicis; et Henri iv, à la conversion duquel il avoit contribué, lui donna, en 1594, l'abbaye d'Aulnay au diocèse de Bayeux, et, en 1606, l'évêché de Séez en Normandie. Jean Bertaut mourut dans son évêché, le 6 ou le 8 juin 1611, âgé de cinquante-neuf ans. Le premier recueil des OEuvres de Jean Bertaut fut publié en 1602 (Paris, in-8°), par Pierre Bertaut, son frère. Ce recueil se compose d'un assez grand nombre de stances, de deux complaintes, de quelques chansons, élégies, sonnets, mascarades, etc. Toutes ces pièces ont l'amour pour objet. Il n'étoit pas rare, à cette époque, de voir des ecclésiastiques s'exercer sur un sujet si opposé à leur profession; mais peu d'entre eux l'ont fait avec autant de retenue et de décence que Jean Bertaut. Aussi mademoiselle de Scudéry disoit-elle que ce poète donnoit « une grande et belle « idée des dames qu'il avoit aimées. Les autres OEuvres poétiques de Bertaut parurent en 1605, en 1620 et 1623. L'édition de 1605 contient une traduction en vers héroïques du second Livre de l'Enéide de Virgile, quelques cantiques, dont un sur la Conversion de Henri IV, la paraphrase de plusieurs pseaumes, etc., une Invitation à Henri IV de venir à Paris, diverses pièces relatives aux événements de cette époque, un long poëme consacré à l'éloge historique de Saint-Louis, etc., un discours funèbre sur la mort de Ronsard, des épitaphes, des sonnets, etc. Dans les éditions de 1620 et 1623, on a ajouté un Recueil de quelques vers amoureux, un Discours funèbre sur la mort de Lysis, et un poëme intitulé Panarette, ou bien Fantasie sur les événemens du Baptesme de M. le Dauphin, depuis Louis XIII. Jean Bertaut fut célébré par la plupart des poètes de son temps des poésies grecques et latines furent composées en son honneur. Voici le jugement qu'en portoit mademoiselle de Scudéry: « Desportes a une douceur charmante, Duper<< ron une élévation plus naturelle, et Bertaut a tout <«< ce que les autres peuvent avoir d'excellent; mais il <«<l'a avec plus d'esprit, plus de force et plus de har<< diesse sans comparaison.... Il s'est fait un chemin particulier entre Ronsard et Desportes. Il a plus de « clarté que le premier, plus de force que le second, « et plus d'esprit et de politesse que les deux autres « ensemble, etc. >> " STANCES. Sr faut-il rompre enfin ce cordage amoureux, C'est la plus douce erreur des vanités du monde. |