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les sciences profanes sont appelées au secours de la science sacrée. Généralement fidèles à l'exemple de Newton, les physiciens anglais ne se lassent jamais d'en revenir là; mais la plupart vont plus loin, et pénètrent jusque dans le domaine de la théologie révélée. Il y a même des institutions publiques destinées à encourager ce double genre de recherches. Robert Boyle, que son siècle mettait comme physicien peu audessous de Newton, avait maintes fois soutenu dans ses écrits l'harmonie des conclusions de la philosophie naturelle avec les dogmes de la religion. C'est l'objet de l'ouvrage auquel il a donné ce titre singulier: The Christian virtuoso. Et, non content d'avoir plaidé la cause par ses propres écrits, il a institué, sous la surveillance de l'évêque de Londres, des lectures ou sermons publics pour la défense de la religion naturelle et révélée. On a recueilli une partie de ces discours; l'ouvrage de Clarke avait même commencé par en être un. A la seule inspection des titres, on ne voit pas que l'argument des causes finales dans la nature ait été proscrit de la chaire: il tient une grande place dans le pre

mier discours, la Folie de l'athéisme, par le docteur Bentley, et c'est le sujet du seizième, ou De la démonstration de l'existence et des attributs de Dieu d'après les œuvres de la création, par Derham.

Le révérend Francis-Henri Egerton, comte de Bridgewater, qui a résidé longtemps à Paris et qui y est mort en 1829 sans y laisser, que je sache, la réputation d'un apôtre, avait composé et imprimé sans le publier un ouvrage pour la défense du christianisme. Par son testament, il a mis une somme de 8000 livres sterling à la disposition du président de la Société royale de Londres pour défrayer la publication d'un ou plusieurs ouvrages sur la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu manifestées dans la création. Chaque ouvrage devait être imprimé à mille exemplaires, et tous les profits de la vente appartenir aux auteurs. Il est résulté de cette fondation huit ouvrages dont les auteurs ne sont pas inconnus au delà du détroit, Thomas Chalmers, Kidd, Whewell, sir Charles Bell, Buckland, Kirby, Prout, Roget. Ces huit ouvrages composent la collection des Bridgewater Trea

tises, auxquels on en adjoint ordinairement un neuvième, un fragment de Charles Babbage publié en 1837. Cette collection est terminée, et le vœu du testateur est accompli.

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Enfin en 1774 un négociant d'Aberdeen, nommé Burnett, a en mourant légué une somme de 1600 livres sterling pour être distribuée tous les quarante ans en deux parts, l'une des trois quarts, l'autre du quart, aux auteurs des deux meilleurs écrits sur l'existence de Dieu et l'excellence de la religion, prouvées d'abord par des raisons indépendantes de la révélation, puis par des raisons prises dans la doctrine chrétienne. Les trois juges du concours doivent être élus par les ministres de l'Église et les professeurs des colléges de la ville d'Aberdeen, et à la première échéance, qui a eu lieu en 1814, le grand prix a été décerné au docteur Brown, principal du collége du Maréchal, et le second à l'archevêque actuel de Cantorbéry, le révérend John Bird Sumner. En 1854, les juges du concours, parmi lesquels figurait M. Henri Rogers, ne reçurent pas moins de deux cent huit ouvrages. Ils en distinguèrent douze, dont trois

furent mis hors ligne; le premier prix fut obtenu par M. Thompson, et le second par le révérend John Tulloch, principal du collége de SaintAndrews. L'ouvrage de M. Thompson, Théisme chrétien, a paru la même année que la Foi en Dieu et l'athéisme moderne comparés, par M. Buchanan. Nous signalerons ces deux ouvrages remarquables dans la multitude de ceux qui paraissent sur le même sujet.

En Angleterre, la théologie naturelle, quoique distinguée de la théologie révélée, en est, comme nous l'avons dit, rarement séparée, et presque jamais la séparation n'arrive jusqu'au divorce. C'est donc les yeux fixés sur le christianisme, l'esprit rempli des enseignements de l'Écriture, que M. James Buchanan, alors professeur de théologie apologétique à Édimbourg et maintenant successeur de Chalmers dans la chaire de théologie systématique, a mis en contraste la foi en Dieu avec l'athéisme. Son ouvrage n'en est pas moins tout éclairé des lumières de la science humaine, et il se recommande aux philosophes comme aux simples fidèles. Il dénote une connaissance et une intelli

gence des problèmes et des systèmes dans leur dernier état qu'on voudrait trouver dans les écrits de tous nos professeurs de théologie.

En admettant avec un écrivain français, M. Bouchitté, que le choix des preuves de l'existence de Dieu a été dans un certain rapport avec les progrès de l'esprit humain, M. Buchanan pense qu'aucune sorte de preuve n'a été inconnue à aucune époque, et que toutes les preuves ontologiques ou physico-théologiques, a priori et a posteriori, doivent être concurremment employées, quoique rangées avec ordre, et composer ce qu'il appelle la preuve de Dieu. Chacun des arguments particuliers n'est en quelque sorte qu'une des parties, une des considérations graduées dont l'ensemble établit dans l'esprit la conviction religieuse. Ainsi de ce fait d'évidence naturelle que quelque chose existe, il résulte indubitablement qu'il existe quelque chose par soi-même et de toute éternité. Les athées ne le nieraient pas, et c'est déjà la preuve que le passager peut croire à l'éternel, et le fini à l'infini. Puis l'existence de l'esprit, c'est-à-dire d'un être qui

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