La chronique médicale: revue de médecine scientifique, littéraire et anécdotique, Volume 26

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Rédaction & administration., 1919 - Literature and medicine
 

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Popular passages

Page 202 - Gustave Courbet ? Sous quelle cloche, à l'aide de quel fumier, par suite de quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d'œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique incarnation du Moi imbécile et impuissant...
Page 87 - C'était le seul anneau de ma chaîne brisée, Le seul coin pur et bleu dans tout mon horizon ; Pour que son nom sonnât plus doux dans la maison, D'un nom mélodieux nous l'avions baptisée. C'était mon univers, mon mouvement, mon bruit, La voix qui m'enchantait dans toutes mes demeures, Le charme ou le souci de mes yeux, de mes heures. Mon matin, mon soir et ma nuit...
Page 133 - ... de leur mouvement toujours lent et toujours le même, de cette paix durable, de ces sons isolés dans le long silence. La nature me sembla trop belle ; et les eaux, et la terre , et la nuit trop faciles, trop heureuses : la paisible harmonie des choses fut sévère à mon cœur agité. Je songeai au printemps du monde périssable et au printemps de ma vie. Je vis ces années qui passent, tristes et stériles, de l'éternité future dans l'éternité perdue.
Page 201 - On la lui accorde. Tout à coup il détache les boucles de ses escarpins, ses jarretières, son col, ôte sa perruque, l'accroche à une girandole, tire de sa poche un petit bonnet de taffetas et le met sur sa tête. Dans ce déshabillé pittoresque, notre génie, ou, si OD l'aime mieux, notre original, commença le portrait.
Page 100 - ... et d'entrée familière dans toutes les demeures des habitants du pays avaient fait pour nous une véritable famille de tout ce peuple des champs. Depuis les vieillards jusqu'aux petits enfants, nous connaissions tout ce petit monde par son nom. Le matin, les marches de pierre de la porte d'entrée de Milly et le corridor étaient toujours assiégés de malades ou de parents des malades qui venaient chercher des consultations auprès de notre mère. Après nous, c'était à cela qu'elle consacrait...
Page 133 - Quel que soit le charme des émotions, je ne sais pas s'il égale la suavité de ces heures de muet recueillement, où l'on entrevoit les douceurs contemplatives du paradis. Le désir et la crainte, la tristesse et le souci n'existent plus. On se sent exister sous une forme pure, dans le mode le plus éthéré de l'être, savoir la conscience de soi. On se sent d'accord, sans agitation, sans tension quelconque. C'est l'état dominical, peut-être l'état d'outre-tombe de l'âme. C'est le bonheur,...
Page 202 - Courbet est pourtant une nature tiède, incrédule, à l'abri des folies morales et des grands chocs de l'imagination. Il n'a de violent que l'amour-propre : l'âme de Narcisse s'est arrêtée en lui dans sa dernière migration à travers les âges; mais bien qu'il se soit toujours peint dans ses tableaux avec volupté , il ne se pâme réellement que devant son talent. Personne n'est capable...
Page 220 - ... fondé. Il avait pour le bain une véritable passion qu'il prenait pour un besoin. Je l'ai vu y rester habituellement deux heures. Pendant ce temps je lui lisais les extraits des journaux ou quelques pamphlets nouveaux , car il aurait voulu tout entendre , tout connaître , tout voir par luimême. Tant qu'il était dans le bain , il lâchait continuellement le robinet d'eau chaude , et élevait la température de son bain à un tel point que je me trouvais dans une atmosphère de vapeur assez...
Page 136 - ... dans l'espace impalpable et muet. Nature impénétrable! ta splendeur m'accable, et tes bienfaits me consument. Que sont pour moi ces longs jours? Leur lumière commence trop tôt; leur brûlant midi m'épuise et la navrante harmonie de leurs soirées célestes fatigue les cendres de mon cœur : le génie qui s'endormait sous ses ruines, a frémi du mouvement de la vie. Les neiges fondent sur les sommets; les nuées orageuses roulent dans la vallée : malheureux que je suis ! les cieux s'embrasent,...
Page 102 - ... enseveli sous ses longs cheveux en désordre. Au bruit de nos pas, il relève un peu le front et nous jette de côté un regard farouche ; mais à peine at-il reconnu mon compagnon, que la stupéfaction, la joie, l'orgueil, l'attendrissement éclatent sur sa figure. Tout tremblant, il se lève, vient à nous et n'a que la force de prendre la main que lui tendait le grand poète, et de la baiser. La conversation fut de la part de Lamartine un mélange charmant de bonté de père et de bonté de...

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