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nos annales, seront toujours les titres les plus précieux de la monarchie, et les modèles illustres que chaque siècle proposera à leurs suc

cesseurs.

C'est sur la vie, Sire, de ces pieux princes vos ancêtres qu'on a déja fixé vos premiers regards on vous anime tous les jours à la vertu par ces grands exemples. Souvenez-vous des Charlemagne et des saint Louis, qui ajoutèrent à l'éclat de la couronne que vous portez, l'éclat immortel de la justice et de la piété ; c'est ce que répètent tous les jours à votre Majesté de sages instructions. Ne remontez pas même si haut vous touchez à des exemples d'autant plus intéressants qu'ils doivent vous être plus chers; et la piété coule de plus près dans vos veines avec le sang d'un père pieux et d'un auguste bisaïeul.

Vous êtes, Sire, le seul héritier de leur trône, puissiez-vous l'être de leurs vertus ! Puissent ces grands modèles revivre en vous par l'imitation plus encore que par le nom! Puissiezvous devenir vous-même le modèle des rois, vos successeurs!

Déja, si notre tendresse ne nous séduit pas; si une enfance cultivée par tant de soins et par des mains si habiles, et où l'excellence de la nature semble prévenir tous les jours celle de

l'éducation, ne nous fait pas de nos desirs de vaines prédictions; déja s'ouvrent à nous de si douces espérances; déja nous voyons briller de loin les premières lueurs de notre prospérité future; déja la majesté de vos ancêtres, peinte sur votre front, nous annonce vos grandes destinées. Puissiez-vous donc, Sire, et ce souhait les renferme tous, puissiez-vous être un jour aussi grand que vous nous êtes cher!

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Grand Dieu! si ce n'étoient là que mes vœux et mes prières, les dernières sans doute que mon ministère, attaché désormais par les jugements secrets de votre providence au soin d'une de vos Eglises, me permettra de vous offrir dans ce lieu auguste; si ce n'étoient là que mes vœux et mes prières; eh! qui suis-je, pour espérer qu'elles pussent monter jusqu'à votre trône? mais ce sont les voeux de tant de saints rois qui ont gouverné la monarchie, et qui, mettant leurs couronnes devant l'autel éternel aux pieds de l'agneau, vous demandent pour cet enfant auguste la couronne de justice qu'ils ont eux-mêmes méritée.

Ce sont les vœux du prince pieux surtout qui lui donna la naissance, et qui, prosterné dans le ciel, comme nous l'espérons, devant la face de votre gloire, ne cesse de vous demander que cet unique héritier de sa couronne le

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devienne aussi des graces et des miséricordes dont vous l'aviez prévenu lui-même.

Ce sont les vœux de tous ceux qui m'écou̟tent, et qui, ou chargés du soin de son enfance, ou attachés de plus près à sa personne sacrée, répandent ici leur cœur en votre présence, afin que cet enfant précieux, qui est comme l'enfant de nos soupirs et de nos larmes, nonseulement ne périsse pas, mais devienne luimême le salut de son peuple.

Que dirai-je encore? ce sont, ô mon Dieu, les vœux que toute la nation vous offre aujourd'hui par ma bouche; cette nation que vous avez protégée dès le commencement, et qui, malgré ses crimes, est encore la portion la plus florissante de votre Eglise.

Pourrez-vous, grand Dieu, fermer à tant de vœux les entrailles de votre miséricorde? Dieu des vertus, tournez-vous donc vers nous : Deus virtutum, convertere '. Regardez du haut du ciel, et voyez, non les dissolutions publiques et secrètes, mais les malheurs de ce premierroyaume chrétien, de cette vigne si chérie que votre main elle-même a plantée, et qui a été arrosée du sang de tant de martyrs! Respice de cœlo, et vide, et visita vineam istam quam plantavit dextera tua. Jetez sur elle vos anciens regards

Ps. 79. 15, 16.

de miséricorde; et si nos crimes vous forcent encore de détourner de nous votre face, que l'innocence du moins de cet auguste enfant que vous avez établi sur nous, vous rappelle et vous rende à votre peuple: Et super filium hominis, quem confirmasti tibi.

Vous nous avez assez affligés, grand Dieu! essuyez enfin les larmes que tant de fléaux que vous avez versés sur nous dans votre colère, nous font répandre : faites succéder des jours de joie et de miséricorde à ces jours de deuil, de courroux et de vengeance: que vos faveurs abondent où vos châtiments avoient abondé, et que cet enfant si cher soit pour nous un don qui répare toutes nos pertes.

Faites-en, grand Dieu, un roi selon votre cœur, c'est-à-dire, le père de son peuple, le protecteur de votre Eglise, le modèle des mœurs publiques, le pacificateur plutôt que le vainqueur des nations, l'arbitre plus que la terreur de ses voisins; et que l'Europe entière envie plus notre bonheur, et soit plus touchée de ses vertus, qu'elle ne soit jalouse de ses victoires et de ses conquêtes.

Exaucez des vœux si tendres et si justes, ô mon Dieu! et que ces faveurs temporelles soient pour nous un gage de celles que vous nous préparez dans l'éternité. Ainsi soit-il.

FIN DU PETIT CARÊME.

SUR

LES VICES ET LES VERTUS

DES GRANDS.

Ostendit ei omnia regna mundi, et gloriam eorum; et dixit ei: Hæc omnia tibi dabo, si cadens adoraveris me.

Le démon montra à Jésus-Christ tous les royaumes du monde, et toute la pompe et la gloire qui les environnent; et il lui dit: Je vous donnerai toutes ces choses, si en vous prosternant devant moi vous m'adorez. Matth. 4. 8, 9.,

SIRE,

Les prospérités humaines ont toujours été

un des piéges les plus dangereux dont le démon s'est servi pour perdre les hommes: il sait que l'amour de la gloire et de l'élévation nous est si naturel, que rien ne nous coûte pour y parvenir; et que l'usage en est si séduisant, que rien n'est plus rare que la piété environnée de grandeur et de puissance.

Cependant, mes Frères, c'est Dieu seul qui élève les grands et les puissants; qui vous place au-dessus des autres, afin que vous soyez les

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