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LA MARTE'.

LA marte, originaire du Nord, est naturelle à ce climat, et s'y trouve en si grand nombre, qu'on est étonné de la quantité de fourrures de cette espèce qu'on y consomme et qu'on en tire : elle est, au contraire, en petit nombre dans les climats tempérés, et ne se trouve point dans les pays chauds. Nous en avons quelquesunes dans nos bois de Bourgogne ; il s'en trouve aussi dans la forêt de Fontainebleau: mais, en général, elles sont aussi rares en France que la fouine y est commune. Il n'y en a point du tout en Angleterre, parce qu'il n'y a pas de bois. Elle fuit également les pays habités et les lieux découverts; elle demeure au fond des forêts, ne se cache point dans les rochers, mais parcourt les bois et grimpe au-dessus des arbres. Elle vit de chasse, et détruit une quantité prodigieuse d'oiseaux, dont elle cherche les nids pour en sucer les oeufs; elle prend les écureuils, les mulots, les lérots, etc.; elle mange aussi du miel comme la fouine et le putois. On ne la trouve pas en pleine campagne, dans les prairies, dans les champs, dans les vignes; elle ne s'approche jamais des habitations, et elle diffère encore de la fouine par la manière dont elle se fait chasser. Dès que la fouine se sent poursuivie par un chien, elle se soustrait en gagnant promptement son grenier ou son trou : la marte, au contraire, se fait suivre assez long-temps par les chiens, avant de grimper sur un arbre; elle ne se donne pas la peine de monter jusqu'audessus des branches; elle se tient sur la tige, et de là les regarde passer. La trace que la marte laisse sur la neige paroît être celle d'une grande bête, parce qu'elle ne va qu'en sautant, et qu'elle marque toujours des deux pieds à la fois. Elle est un peu plus grosse que la fouine, et cependant elle a la tête plus courte; elle a les jambes plus longues, et court par conséquent plus aisément : elle a la gorge jaune, au lieu que la fouine l'a blanche; son poil est aussi bien plus fin, bien plus fourni, et moins sujet à tomber. Elle ne prépare pas, comme la fouine, un lit à ses petits; nėanmoins elle les loge encore plus commodément. Les écureuils font,

En latin, martes, marta, marterus; en italien, marta, matura, martaro martorello, martire; en espagnol, marta; en allemand, feld-marder, wildmarder; en anglais, martin, martlet.

Buffon. 6.

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comme l'on sait, des nids au-dessus des arbres, avec autant d'art que les oiseaux. Lorsque la marte est prête à mettre bas, elle grimpe au nid de l'écureuil, l'en chasse, en élargit l'ouverture, s'en empare et y fait ses petits : elle se sert aussi des anciens nids de ducs et de buses, et des troncs des vieux arbres, dont elle déniche les pics-de-bois et les autres oiseaux. Elle met bas au printemps; la portée n'est que de deux ou trois : les petits naissent les yeux fermés, et cependant grandissent en peu de temps; elle leur apporte bientôt des oiseaux, des oeufs, et les mène ensuite à la chasse avec elle. Les oiseaux connoissent si bien leurs ennemis, qu'ils font pour la marte, comme pour le renard, le même petit cri d'avertissement; et une preuve que c'est la haine qui les anime plutôt encore que la crainte, c'est qu'ils les suivent assez loin, et qu'ils font ce cri contre tous les animaux voraces et carnassiers, tels que le loup, le renard, la marte, le chat sauvage, la belette, et jamais contre le cerf, le chevreuil, le lièvre, etc.

Les martes sont aussi communes dans le nord de l'Amérique que dans le nord de l'Europe et de l'Asie; on en apporte beaucoup du Canada; il y en a dans toute l'étendue des terres septentrionales de l'Amérique jusqu'à la baie d'Hudson, et en Asie jusqu'au nord du royaume de Tunquin et de l'empire de la Chine. Il ne faut pas la confondre avec la marte zibeline, qui est un autre animal dont la fourrure est bien plus précieuse. La zibeline est noire; la marte n'est que brune et jaune. La partie de la peau qui est la plus estimée dans la marte, est celle qui est la plus brune, et qui s'étend tout le long du dos jusqu'au bout de la queue.

DE LA GRANDE MARTE DE LA GUIANE.

Cet animal, qui nous a été envoyé de Cayenne, et dont nous donnons ici la figure (planche 13), est plus grand que notre marte de France ( planche 12 ); il a deux pieds de longueur depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue. Son poil est noir, à l'exception de celui de la tête et du cou jusqu'aux épaules, qui est grisâtre; le bout du nez et les naseaux sont noirs; le tour des yeux et des mâchoires, ainsi que le dessus du nez, sont d'un brun roussâtre. Il y a douze dents incisives, six en haut et six en bas; ces dernières sont les plus petites, les canines sont trèsfortes, et nous n'avons pu compter les machelières. Il y a, comme dans la fouine et la marte de France, de longs poils en forme de moustaches de chaque côté du museau; les oreilles sont larges et

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le cou

presque rondes comme celles de nos fouines, et l'on voit sur une grande tache d'un blanc jaune qui descend en s'élargissant sur la poitrine. Tous les pieds ont cinq doigts, avec des ongles blanchâtres courbés en gouttière; les ongles des pieds de devant ont six lignes de longueur, et ceux de derrière cinq seulement.

La queue, qui a dix-huit pouces de long, et dont l'extrémité finit en pointe, est couverte de poils noirs comme celui du corps, mais longs de deux ou trois pouces. Cette queue est plus longue à proportion que celle de notre marte; car elle est des trois quarts de la longueur du corps, tandis que, dans cette dernière, elle n'est que de la moitié.

LE PUTOIS'.

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Le putois ressemble beaucoup à la fouine par le tempérament, par le naturel, par les habitudes ou les mœurs, et aussi par la forme du corps. Comme elle, il s'approche des habitations, monte sur les toits, s'établit dans les greniers à foin, dans les granges et dans les lieux peu fréquentés, d'où il ne sort que la nuit pour chercher sa proie. Il se glisse dans les basses-cours, monte aux volières, aux colombiers, où, sans faire autant de bruit que la fouine, il fait plus de dégât; il coupe ou écrase la tête à toutes les volailles, et ensuite il les transporte une à une, et en fait magasin: si, comme il arrive souvent, il ne peut les emporter entières, parce que le trou par où il est entré se trouve trop étroit, il leur mange la cervelle et emporte les têtes. Il est aussi fort avide de miel; il attaque les ruches en hiver, et force les abeilles à les abandonner. Il ne s'éloigne guère des lieux habités; il entre en amour au printemps: les males se battent sur les toits et se disputent la femelle; ensuite ils l'abandonnent et vont passer l'été à la campagne ou dans les bois : la femelle, au contraire, reste dans son grenier jusqu'à ce qu'elle ait mis bas, et n'emmène ses petits que vers le milieu ou la fin de l'été; elle en fait trois ou quatre, et quelquefois cinq, ne les allaite pas long-temps, et les accoutume de bonne heure à sucer du sang et des œufs.

En latin, putorius; en italien, foetta, puzolo; en allemand, iltis, ulk, buntsing; en anglais, polecat, fitchet.

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