Il est encore très perfectible, mais tel qu'il est il possède plusieurs avantages précieux. Le médecin n'a pas besoin d'aide et peut, après la petite opération, s'occuper exclusivement de l'accouchement ; la parturiente conserve la conscience parfaite; l'anesthésie est immédiate, plus rapide même que dans les cas de chirurgie générale; les contractions utérines sont meilleures, la rétraction avant et après la délivrance très bonne, d'où moindres pertes de sang, ce que le chloroforme est bien loin de donner; enfin et surtout la femme ne sent rien. Concédons que la durée n'est pas longue, c'est notre seul regret ; mais voici un point de vue bien autrement important. Seul, sans perdre de temps à chercher un confrère, ce qui aurait lieu pour le chloroforme à dose chirurgicale, le médecin peut faire d'urgence les opérations obstétricales les plus douloureuses. Il y aura lieu de réserver au chloroforme les cas où l'on veut délibérément abolir la contraction utérine. Mais les autres, les plus fréquents, où cette contraction est utile à conserver, seront, j'en ai la conviction, le triomphe de la nouvelle méthode. LES INFECTIONS SANGUINES CHEZ LES NOURRISSONS Par Marcel Delestre, Durant mon année d'internat dans le service du professeur Hutinel à l'hospice des Enfants-Assistés, j'ai recherché la fréquence des infections sanguines chez les enfants en général, chez les nourrissons en particulier, et principalement chez les enfants nés avant terme, sujets dont je m'occupais plus spécialement. Ce sont les résultats de ces recherches que j'apporte à la Société. Voici dans quelles conditions elles ont été faites: Lorsqu'un enfant me paraissait suffisamment malade pour penser que sa mort pût survenir dans un délai de quelques jours ou de quelques heures, je prélevais chez lui 2 centim. cubes de sang environ de la façon suivante : Procédant absolument comme s'il s'agissait d'une intervention chirurgicale, je commençais par une désinfection scrupuleuse de mes mains. Je savonnais et brossais ensuite énergiquement la pulpe du gros orteil de l'enfant; puis, savonnage à l'alcool et à l'éther, et petite incision avec un bistouri aseptique. J'aspirais au moyen de pipettes stérilisées le sang sortant de la petite plaie, jusqu'à ce que j'en eusse retiré 2 centim. cubes environ. Je répartissais ensuite ce sang dans quatre tubes, deux de gélose nutritive et deux de bouillon, et je mettais à l'étuve à 37°. Je répétais cette petite opération sur le même enfant les jours. suivants, lorsque cela m'était possible. Enfin, lorsque l'enfant mourait, je prélevais dans le cœur une certaine quantité de sang que j'ensemençais également sur gélose et en bouillon. Dans un certain nombre de cas, où je n'avais pas pu prendre de sang durant la vie, je me suis contenté de cette prise de sang dans le cœur aussitôt après la mort. Peut-être me reprochera-t-on dans mes expériences la prise du sang au gros orteil; je tiens à répondre d'avance à cette objection qui a d'ailleurs été faite à d'autres qu'à moi ayant usé du même procédé : Il est impossible, a-t-on dit, de désinfecter complètement la peau, et il reste toujours dans l'épaisseur du derme quelques germes qui seront recueillis au passage par le sang. A quoi je répondrai: 1o Que je ne crois pas qu'il soit impossible de désinfecter absolument la peau, surtout celle des enfants; 2o Que, pour faire ces prises de sang, le seul autre moyen serait de puiser directement dans une veine. Ce moyen, fort difficile chez les enfants étant donné le calibre des vaisseaux, a cependant été employé quelquefois dans le service du professeur Hutinel, en ponctionnant à l'aide d'une seringue de Pravaz le sinus longitudinal dans les heures précédant la mort. Mais, pour y parvenir, il est encore nécessaire de traverser le derme dont on a précisément suspecté l'asepticité. Ce procédé n'aurait donc pas d'avantage sur le premier. Quant à celui qui consiste à faire une pointe de feu sur la peau au point que l'on a l'intention de ponctionner, il ne me paraît pas donner plus de garanties, à moins de traverser toute l'épaisseur du derme, ce qui serait un traumatisme inutile et cruel. Je pense que le procédé que j'ai employé soit le seul praticable. Pour lui donner, d'ailleurs, toute sa valeur, voici les garanties dont je me suis entouré : J'ai tout d'abord, avant d'entreprendre ces expériences, essayé avec 5 enfants absolument sains. Aucun des tubes ensemencés avec leur sang n'a poussé. En second lieu, au cours de mes expériences, chaque fois que mes tubes de sang pris pendant la vie ont cultivé, je n'ai jamais classé un résultat unique comme suffisant et définitif, et j'ai toujours repris du sang au même enfant dans les jours suivants. S'il m'est arrivé, une ou deux fois, de ne pas pouvoir reprendre de sang, ou de ne pas retrouver le germe qui avait poussé au premier ensemencement, j'ai considéré mon expérience comme nulle, et je ne l'ai pas classée. D'ailleurs j'ai comme critérium que, chaque fois qu'il m'a été donné de pouvoir faire l'autopsie d'un enfant dont le sang avait cultivé dans les jours précédents, j'ai toujours obtenu la même culture avec le sang puisé directement dans le cœur peu après la mort. Je crois, par conséquent, m'être entouré de garanties suffisantes pour que mes expériences résistent aux objections. En voici les résultats : Sur 40 enfants de quelques jours à 4 ans supposés infectés, et pour lesquels j'ai fait l'examen bactériologique du sang, 32 sont morts et 8 ont vécu. Sur les 8 qui ont vécu 7 m'ont donné des résultats négatifs; un seul m'a donné à 3 ensemencements successifs le bacille de Pfeiffer. Sur les 32 enfants qui sont morts j'ai eu 10 résultats négatifs, 22 résultats positifs. Les 22 résultats positifs peuvent être classés de la façon. suivante : 1o 5 enfants dont le sang a été ensemencé seulement pendant la vie, à plusieurs reprises, mais dont l'autopsie n'a pu être pratiquée; 2o 9 enfants, dont le sang a été ensemencé pendant la vie et après la mort; 3o 8 dont le sang a été ensemencé seulement immédiatement après la mort. Les microorganismes rencontrés sont, par ordre de fréquence: Streptocoque... 8 fois En considérant maintenant l'âge de ces enfants, j'ai remarqué la grande fréquence des infections sanguines chez les prématurés, et je considère comme tel tout enfant pesant moins de 2,000 grammes. J'ai ensemencé le sang de 21 prématurés paraissant infectés : 2 ont vécu ; 19 sont morts. Les deux qui ont vécu et dont l'ensemencement a été négatif peuvent être éliminés comme n'étant certainement pas infectés. Restent donc les 19 morts. Sur ces 19 prématurés morts : 15 avaient des microbes dans le sang; 4 n'en avaient pas. Ce qui donne un pourcentage de 73,5 p. 100. On peut ranger ces résultats, comme précédemment, en 3 catégories: 1o 3 enfants dont le sang a été ensemencé seulement pendant la vie; 2o 6 enfants dont le sang a été ensemencé pendant la vie et à la mort; 3o 6 dont le sang a été ensemencé seulement après la mort. Sur ces 15 infections sanguines, j'ai observé: |