Le volume des urines diminue lentement à partir de la cinquième à quatrième période avant l'accouchement ou avant la menstruation. La période parturiante accuse donc comme la menstruation une diminution de tous les éléments de l'urine. La menstruation et l'accouchement marquent donc la même époque dans le mouvement de la nutrition : l'une et l'autre se produisent au moment précis où la nutrition est arrivée au summum de son intensité. C'est vers ce moment que se concentrent les forces vitales de la femme. Comme nous avons pu le constater dans notre travail sur la menstruation, la nutrition de la femme non enceinte se développe d'une manière périodique et rhytmique : nous pouvons prouver aujourd'hui que cette périodicité et ce rythme dans le processus vital se retrouvent aussi pendant la grossesse. La loi de cette onde, découverte par Godmann et appuyée par les travaux de Rabuteau, Stephenson, Putnam Jacobi, Reinl et H. Keller pour l'état de vacuité, est maintenant aussi prouvée pour l'état puerpéral. Elle régit probablement toute la vie de la femme. Si nous comparons le taux des différents éléments de l'urine que nous avons constaté dans notre travail sur la menstruation avec celui que nous avons trouvé dans le travail présent et que d'autres expérimentateurs ont donné pour la femme normale, nous constatons que le volume des urines, l'azote total, l'urée et le rapport azoturique sont nettement diminués. Cette observation est moins importante pour le volume des urines, pour la quantité absolue de l'azote total et de l'urée excrétée, qui dépendent surtout de l'alimentation, que pour le rapport azoturique qui est en relation intime avec les phénomènes de désassimilation, et qui donne la proportion de l'azote transformé en urée. M. le Dr Moreigne, dont nous avons adopté le mode de doser l'urée et l'azote total, trouve chez l'homme normal en moyenne un rapport azoturique de 91 p. 100 pour l'urine déféquée. Mes recherches sur l'homme normal donnent des chiffres variant de 86-91 p. 100 et la moyenne de 185 jours observés chez la femme non enceinte, chloro-anémique est de 86 p. 100. Or, nous trouvons en moyenne chez 12 femmes enceintes observées pendant 402 jours, un rapport azoturique de 84,7 p. 100, chiffre notablement inférieur à celui trouvé chez l'homme normal et même inférieur à celui trouvé chez la femme non enceinte chloro-anémique. Nous nous trouvons en présence d'un ralentissement de la nutrition dans l'état puerpéral. Mais il nous est bien permis de comparer les chiffres absolus du volume des urines, de l'azote total et de l'urée que nous avons trouvés dans l'état puerpéral avec les chiffres trouvés dans l'état de vacuité puisque l'alimentation était dans les deux expériences à peu près la même. Nous constatons dans l'état de puerpéralité une diminution absolue et notable du volume des urines de l'azote total, de l'urée et du rapport azoturique. Cette diminution est surtout grande avant le dernier mois de la grossesse. C'est seulement à partir de ce temps le 32-28° jour avant l'accouchement que commence à se relever le taux de toutes les valeurs, l'alimentation restant naturellement toujours la 1° L'état puerpéral est caractérisé par un ralentissement de la nutrition. 2o Le mouvement périodique et rhytmique, qui domine la vie de la femme et auquel est aussi subordonnée sa nutrition dans l'état de vacuité, persiste pendant la grossesse. 3o La période de l'accouchement (le jour de la délivrance et les quatre jours précédents) correspond, dans l'état de vacuité, à la menstruation. Cette période est caractérisée par le maximum du coefficient d'oxydation ou rapport azoturique, et par une diminution très grande du volume des urines, de l'azote total et de l'urée. Le jour de l'accouchement même marque partout les chiffres les plus extrêmes : maximum du rapport azoturique, minimum des autres valeurs. L'azote total et l'urée atteignent leur maximum dans la période précédente: la période préparturiante correspond à la période prémenstruelle. L'accouchement, comme la menstruation, indique le commencement du mouvement descendant si on se figure le mouvement périodique de la nutrition sous forme d'une onde ou courbe. 4o Le ralentissement de la nutrition et l'amoindrissement de l'énergie comburante, qui caractérisent l'état puerpéral, montrent que cet état intéresse et incommode surtout le foie. Son fonctionnement devient facilement insuffisant. 5o Le ralentissement de la nutrition est plus marqué chez les multipares que chez les primipares. 6' L'insuffisance hépatique et le ralentissement de la nutrition n'amènent pas seulement l'obésité si fréquente pendant et après la grossesse, et d'autres troubles; mais ils rendent la femme enceinte moins résistante contre des influences morbides. Une fois l'insuffisance hépatique établie, d'autres organes commencent à souffrir le rein fléchit à son tour. Il en résulte de simples troubles fonctionnels, ou même des altérations histologiques des organes. (Voyez le cas n° I: insuffisance hépatique, refroidissement, insuffisance rénale, septicémie, issue mortelle.) 7° Il faut donc, au moyen d'analyses des urines (dosages très exacts de l'urée et de l'azote total et d'autres corps, et fixation du rapport azoturique), surveiller le foie et en assurer le fonctionnement normal. 8° Le repos, le régime lacté, la boisson d'eaux ou de tisanes facilitent l'élimination des matières toxiques et diminuent leur formation. 9o Les résultats de ce travail, et les conclusions qui en résultent, apportent une nouvelle preuve en faveur de la théorie de l'hépatotoxémie gravidique de M. Pinard. |