rieures à 1/10° d'année, différences qu'on est en droit de négliger si l'on songe, d'une part, aux grandes différences de climats dans les diverses régions des États-Unis, et d'autre part au fait que cette moyenne de 13,5 pour l'ensemble des cas représente aussi, en général, la moyenne de l'instauration des règles dans chaque college pris isolément. Un peu plus tard, la moyenne de 13,62 fut donnée comme date de la première menstruation pour le Collège Alumnæ, en 1885, variations dues probablement à des différences légères dans les conditions générales dans les collèges des filles et des élèves il y a quinze ans environ. Je pense que le collège des jeunes filles représente, à l'heure actuelle, un degré plus élevé de culture qu'à cette époque. D'autre part, on peut encore se demander si, à culture égale, la rapidité croissante, la hâte, les raffinements de la vie moderne ne conduisent pas lentement à la formation plus précoce de la jeune fille. La puberté s'établit, à la « Normal School » des jeunes filles, à 13,8. On rencontre là des conditions d'existence plus modestes, avec un stimulus mental moindre. Le milieu domestique ne réunit pas probablement les mêmes conditions de confort et de culture que celui correspondant pour le «< collège » des jeunes filles. Le chiffre sur lequel sont basées les observations est de 1,342. Il est suffisamment élevé pour justifier des conclusions, d'autant mieux que la date de la première menstruation pour cette classe est la même pour l'Est et pour l'Ouest; qu'en outre, cette moyenne de 13,8 reste la même pour chaque école prise isolément, à deux exceptions près, l'une correspondant à une précocité, l'autre à un retard un peu plus grand, les deux fournissant, d'ailleurs, la même moyenne générale. Vient ensuite le groupe des jeunes filles qui travaillent dans. les grands magasins, soit 800, avec, comme âge des premières règles, 14 ans. A première vue, ce chiffre paraîtra indiquer un écart avec les autres observations. Mais il faut comprendre que ces données concernent des jeunes femmes employées dans des maisons d'affaires importantes, dont les employées repré sentent les sujets les meilleurs, c'est-à-dire les plus cultivées des jeunes filles qui travaillent, beaucoup ayant eu les avantages d'une éducation scolaire élevée. et toutes ayant bénéficié de la vie scolaire de 6 à 10 ans. En outre, ce sont surtout des jeunes filles élevées à la ville; aussi observe-t-on une puberté précoce. Les classes moyennes et jusqu'à un certain point la classe élevée sont représentées par la pratique privée du D' Emmet, 2,330 cas, et par la mienne. 697 cas. Les cas du D' Emmet sont ceux analysés dans son livre: Principles and Practice of Gynecology, et proviennent des classes sociales les plus heureuses, avec l'avantage de l'intelligence, en sorte que les renseignements obtenus peuvent être tenus pour valables. Mais, sous le rapport du développement moral et du degré de l'éducation, rien n'est noté. Pour ma part, d'ailleurs, je n'ai pas non plus de données statistiques à fournir sur ce point eu égard à mes propres observations, parce qu'elles datent d'une époque très antérieure à celle où je songeai à procéder à une semblable investigation. Les cas du Dr Emmet proviennent de chaque portion des États-Unis et probablement, pour une bonne part, de New-York même, et l'âge moyen de la menstruation est 14,23. Mes observations viennent de la vallée du Mississipi, particulièrement des États du Sud-Ouest, durant ma pratique à Saint-Louis, et l'instauration de la puberté doit sembler retardée, car l'âge moyen est 14,3, c'est-à-dire plus tardif que celui obtenu à mon dispensaire. Cela serait fait pour surprendre s'il n'y avait pas cette particularité que, parmi les sujets observés dans la pratique privée, un petit nombre seulement ont été élevés dans les grandes villes, que la plupart viennent de petites villes, principalement du Sud-Ouest, et spécialement de villes de la campagne renfermant un grand nombre de sujets d'hérédité germaine, chez lesquels le développement fonctionnel est toujours un peu retardé, particularité mise en évidence par les statistiques allemandes et déjà notée par les Anciens (Tacitus, De moribus Germanorum). Les résultats du D' Emmet englobent probablement, sous l'étiquette « les classes les plus fortunées» (the better ༥ classes), les classes moyenne et élevée, et comprennent 3,027 cas avec l'âge moyen de la première menstruation, 14,23. Malheureusement, il n'y a pas de données concernant l'état mental, et nous ne pouvons les comparer qu'avec les statistiques dressées pour les classes dites en Europe « moyenne et élevée ». ༥ Les cas qui viennent de mon dispensaire correspondent à ce que les observateurs étrangers dénomment « classe laborieuse », et on doit certainement la considérer comme étant de la mentalité la moins élevée. C'est la classe à propos de laquelle on a pu rassembler sur ce point spécial, à cause de la facilité fournie par les observations hospitalières et cliniques, le plus de données, et je suppose que mes observations personnelles ne doivent présenter aucune différence avec celles d'autres observateurs sous le rapport de l'éducation et de la culture intellectuelle; mais l'ouvrier américain est mieux nourri que l'ouvrier d'Europe. Toutefois, je dois ajouter que dans ce groupe rentrent un certain nombre de cas de la pratique privée du Dr Ameiss, pas assez nombreux toutefois pour modifier les résultats d'ensemble; qu'en outre, bon nombre des sujets sont de descendance germaine. Sous ce seul rapport, ces faits diffèrent de ceux qui émanent du dispensaire du Dr Chadwick, à Boston, parmi lesquels l'élément irlandais domine. Il faut bien comprendre que des deux statistiques est systématiquement exclu tout sujet né à l'étranger, et qu'en parlant de Germain et d'Irlandais je n'ai en vue que les sujets nés en Amérique, mais d'origine étrangère. Les résultats obtenus montrent combien, sous le point de vue spécial qui nous occupe, est faible l'influence des caractères de race ou d'hérédité. L'âge moyen pour l'instauration des règles au dispensaire de Boston, où parmi les sujets de descendance étrangère l'élément irlandais domine, 2,503 cas, est 14,32, chiffre si rapproché du mien, 14,23, pour la classe laborieuse à Saint-Louis, dans laquelle l'emporte l'élément germain, à peine une différence de 1 dixième d'année, que j'ai combiné les deux statistiques, 4,818 cas provenant de la classe laborieuse, avec 14,27 comme âge moyen du développement de la puberté. Considérons maintenant, brièvement, les 14,449 cas rassemblés par les observateurs européens, statistiques dans lesquelles il n'y a que des distinctions de classes, sans aucune mention de l'état mental. Pour l'Angleterre, Tilt trouve, avec 1,000 cas, 13,55 comme âge moyen de la première menstruation pour la classe élevée et 14,35 pour la classe moyenne. En fait, mêmes conditions ont été examinées par de Boismont à Paris, en 1842 (1,200 cas), par Leudet, à Rouen, en 1868 (1,176 cas). De Boismont donne 13,6 comme âge moyen du développement de la puberté dans la classe élevée ; 14,5 dans la classe moyenne et 14,84 dans les classes laborieuses et pauvres des villes; pour le paysan, 14,8. Krieger, à Berlin, donne une proportion très rapprochée (550 cas): 14,1 dans la classe élevée, 15,5 dans l'inférieure, et 16,8 dans les classes laborieuses. Mayer (425 cas) obtient des résultats très rapprochés, de même Ravn, en Danemark, et Weber, à Saint-Pétersbourg, comme il ressort du tableau ci-joint. Je noterai seulement que dans toutes les statistiques le développement de la puberté est d'un peu, de très peu, plus précoce chez la paysanne que chez la femme des villes qui travaille, sans doute en raison de la nourriture insuffisante et de l'âpreté, de la dureté de la lutte pour l'existence qui fatigue et surmène les classes laborieuses des grandes villes. La distinction dans ce pays est faite non d'après la classe ou la fortune, mais d'après l'éducation, le développement de la vie fonctionnelle apparaissant le plus tôt dans les collèges et les écoles normales, et le plus tard dans la pratique privée comme dans la clientèle des dispensaires, c'est-à-dire aussi tard dans la classe moyenne que dans la classe laborieuse. L'écart le plus grand entre les extrêmes, c'est-à-dire entre l'apparition la plus précoce et la plus tardive des premières règles, dans les 12,000 cas recueillis ici, dans les États-Unis, est inférieur à un an, c'est l'écart de 13,5 à 14,32, particularité qui établit nettement la conformation plus homogène de notre population, et qui tient peut-être à ce que l'ouvrier américain est mieux nourri, tandis qu'aux grandes classifications établies en Europe correspondent des écarts beaucoup plus grands, au delà de deux ans, pour la date du développement fonctionnel dans le vieux monde. Dans l'hémisphère oriental, on constate une différence frappante dans la date de la première menstruation dans la classe. élevée et dans les classes inférieures. Abstraction faite de la race, du climat, de la nationalité, la même relation, le même rapport, eu égard à la date de la puberté, se retrouvent toujours si l'on compare les différentes classes de la société aux classes élevées, noble et riche, correspond la menstruation la plus précoce; viennent ensuite, par ordre, la classe moyenne, la classe laborieuse et pauvre des villes, la menstruation se montrant même un peu plus tôt chez la paysanne que chez l'ouvrière des grandes villes, l'action stimulante de ce dernier milieu étant contre-balancée et déprimée par l'influence de la vie dure, pénible, et par l'âpreté de la lutte pour l'existence. Plus accentuées sont les distinctions sociales et plus grandes sont les variations dans la date des premières règles. Dans notre pays, l'éducation et les habitudes de vie, le milieu social constituent les causes déterminantes climat, latitude, altitude, santé générale, taille, constitution, hérédité, conditions sexuelles, milieu domestique et social, toutes ces conditions possèdent leur part d'influence, toutes interviennent dans le développement fonctionnel; mais aucune d'elles n'est capitale, prépondérante; l'action de chacune est graduée par des conditions concomitantes. La race est un facteur important dans la détermination de la première menstruation, mais seulement parce que ce facteur est en connexion avec les coutumes et le mode de vie, avec l'état mental et nerveux. Aux États-Unis, nous voyons combien vite s'affaiblit cette influence de race et combien vite elle cède à l'influence puissante du stimulus nerveux et mental, lequel prédomine et réduit à un rôle très secondaire toutes les autres conditions. C'est là un fait qui peut être nettement |