Au début de la vie aussi bien qu'à son déclin, l'organisme oppose à l'infection des moyens de défense insuffisants. L'infection joue dans la pathologie du nouveau-né un rôle capital et l'ombilic se constitue certainement une porte d'entrée importante et fréquente. C'est ce que j'ai voulu démontrer. CLINIQUE OBSTÉTRICALE DE M. LE PROFESSEUR QUEIREL DU CEPHALÉMATOME Les hasards de la clinique nous offrent aujourd'hui l'occasion d'étudier une très intéressante affection du nouveau-né et je ne veux pas la laisser passer sans attirer votre attention sur les deux cas que je vous ai montrés ces jours-ci. Il s'agit d'une tumeur, appelée céphalématome, qu'on observe chez le nouveau-né, à la suite non pas d'accouchements laborieux, ayant nécessité des manœuvres offensives pour le foetus, mais d'accouchements spontanés ou de simples applications de forceps. Ce n'est pas que dans les accouchements laborieux artificiels on ne puisse rencontrer le céphalématome; mais alors il a un siège quelconque sur la tête, au lieu que son siège d'élection est toujours sur le pariétal droit, généralement au niveau de l'angle supérieur et postérieur. C'est en effet là que vous trouverez cette tumeur unique, mais qui exceptionnellement peut être double et siéger sur les deux pariétaux, en deux points symétriques. Plus rarement encore, le céphalématome peut être triple. Lefour et Oui en ont observé et publié un cas à Bordeaux. Déjà le céphalématome n'est pas une tumeur commune et il est difficile de donner une proportion précise, d'après les statistiques, variables du reste. On trouve les chiffres de 1 sur 350, 1 sur 400 et même 1 sur 500. Des accoucheurs des plus répandus comptent les cas qu'ils ont observés dans leur pratique. Notre maître le professeur Seux, à la tête d'un service d'enfants assistés, en cite 13 cas sur 5,674 enfants qui lui ont passé entre les mains. Cette intéressante affection, connue depuis longtemps, n'a vu son histoire s'éclairer que depuis quelques années. On en trouve en effet des descriptions vagues dans A. Paré, Mauri Céphalématomes observés à la Clinique et à la Maternité de Marseille, en 1899. ceau, Ledran, Levret, Osiander, Siebolt, etc. Néanmoins, on a longtemps confondu la tumeur avec un grand nombre de maladies siégeant à la tête et on la désignait sous le nom de bosses sanguines, d'abcès sanguins des nouveau-nés. Gooch, en 1795, en Angleterre, en a donné une bonne description, mais c'est Nægelé, d'Heidelberg, qui lui a imposé le nom de céphalématome. Zeller, Burchard, en Allemagne; Michaelis, en Italie; Drepp, en Russie, et, en France, Valleix, puis Seux, de Marseille, Dubois, Nélaton, ont attaché leurs noms à la maladie dont nous nous occupons. Nous définirons donc, avec eux et après eux, le céphalématome un épanchement de sang, entre le périoste et l'os, épanchement de sang collecté et formant saillie au-dessus. des bosses pariétales ou plus souvent d'une seule, pour les raisons que je vais vous dire. Si vous étudiez, couche par couche, la région de la voûte du crâne, vous trouvez : 1o le cuir chevelu et au-dessous de lui du tissu cellulaire plus ou moins serré; 2° l'aponévrose épicrânienne qui unit les muscles superficiels, frontal et occipital; 3° au-dessous le péricrâne ou périoste appliqué directement sur l'os; 4° l'os luimême; 5o la dure-mère considérée comme un périoste profond et enfin, 6o les centres nerveux encéphaliques. Eh bien! c'est entre le périoste et la face convexe de l'os que l'on trouve toujours dans les autopsies le petit épanchement sanguin dont la quantité varie de 4 à 40 grammes ou même beaucoup plus, 60, 100 et 200 grammes. Cet épanchement sanguin qui a décollé le périoste est toujours limité à cause de la constitution anatomique de la région. Si vous cherchez à dénuder l'os, en détachant le périoste, vous trouverez la chose facile sur presque toute sa surface, à cause d'une laxité particulière, notée par tous auteurs; maís au niveau des bords de cet os, au niveau des sutures, vous trouverez le périoste adhérent intimement aux portions sousjacentes et c'est là ce qui expliquera la limite du décollement. De plus, les vaisseaux sanguins présentent au niveau des bosses crâniennes une friabilité plus grande et se laissent facilement déchirer par le frottement. D'où épanchement sanguin liquide au début et subissant, là, tous les phénomènes consécutifs à tous les épanchements, depuis la coagulation jusqu'à la résorption. Quant à l'état dans lequel on trouve la surface de l'os, les auteurs varient dans leurs appréciations. Tandis que Nægelé, Zeller, Ilære, l'on trouvée toujours lisse et polie, Valleix prétend l'avoir toujours vue avec son aspect fibreux et rayonné. Il y a noté un petit pointillé rouge, dû aux petites ouvertures qui donnent passage aux vaisseaux. Il y a signalé, çà et là, des rugosités, de petites productions osseuses, saillantes, irrégulières et adhérant fortement à l'os; mais il n'y a trouvé aucune altération de la nature de celles qu'ont décrites Michalis et Paletta (carie, nécrose). Ces derniers ont aussi parlé de l'érosion de la table externe ; or, Nélaton a fort bien fait remarquer qu'à cet âge la table externe n'existait pas. Baron a trouvé une fois une fissure de l'os faisant communiquer le céphalématome avec une collection sanguine siégeant sur la dure-mère, d'où le nom que vous trouverez quelquefois dans les auteurs: céphalématome sus-méningien ou céphalématome interne. C'est là une complication rare, d'un diagnostic incertain, et que les phénomènes généraux seuls pourraient nous faire soupçonner. Outre la raison anatomique que nous venons de signaler,qui est la même pour tous les foetus, on peut se demander quelle est la cause de cette affection? : Feré, en 1878, proposa de ne considérer le traumatisme que comme une cause secondaire, déterminante, n'aboutissant à la production du céphalématome que lorsqu'il existe des fissures. crâniennes aussi bien celles signalées par Gerdy que celles indiquées par Broca, ou même d'autres fissures constituées par un arrêt de développement, ou un défaut d'accolement des fibrilles osseuses qui les limitent. Que sous l'influence d'un traumatisme il se produise un écartement de la fente, ou une fracture qui allonge la fissure préexistante, le sang s'épanche entre la surface de l'os et le péricrâne, le céphalématome est constitué. A l'instigation et sous la direction de M. Pinard, Hamon fit en 1887, pour sa thèse, des expériences qui lui permirent de vérifier que, conformément à la théorie de Feré, le traumatisme seul ne suflit pas à entraîner la production du céphalématome; qu'il faut encore que le sujet y soit prédisposé par des fissures crâniennes plus ou moins accentuées. Ces conditions remplies, le trauma |